Première partie : pendant l'occupation, petit village du Bugey.

Il est probable que sans la guerre et l’occupation mon père serait resté à Lyon et j’aurais été un enfant urbain. Je suis bien né à Lyon dans l’hôpital de l’Hôtel-Dieu mais ma mère ne m’en a raconté qu’une chose : elle était très en colère parce que le jour de ma naissance un 25 décembre 1940 mon père ne lui avait même pas gardé un morceau de la dinde que ma grand-mère avait occis à cette occasion. Ma sœur est née elle à la maison lorsque nous sommes arrivés à Virignin.
Le monde rural dans lequel les circonstances m’ont placé...
[Lire la suite]
1940-1950
L'osier, les bohémiens
Les paniers, corbeilles et autres étaient les contenants indispensables dans les fermes et maisons à la campagne. Dans chaque bout de vignes, dans les haies, il y avait des osiers, variété de saules taillés en têtards. Pendant l’hiver les rameaux de l’année d’un magnifique jaune doré étaient coupés, mis en botte à tremper dans un bassin pour qu’ils conservent leur souplesse. Ils servaient de liens pour attacher les sarments de vigne, ligoter des fagots et surtout à tresser les paniers les jours de...
[Lire la suite]
1940-1950
La nuit
Une des caractéristiques de ces années 40 était le noir de la nuit ! Dans la plupart des villages il n’y avait pas d’éclairage public. Dès que l’on sortait des maisons, c’était le noir. Exactement comme le narre Jules Renard dans « Poil de carotte » je ne traînais pas quand mon père m’envoyait par nuit noire chercher quelque chose dans la grange ! Il arrivait que nous étions invités les soirs d’hiver à une veillée ou à taper une belote dans des maisons un peu éloignées, sur le chemin les...
[Lire la suite]
1940-1950
Le labour
J’aimais accompagner mon grand-père lorsqu’il partait labourer.
Tout commençait par la pose du joug sur la tête des deux vaches qui étaient mises à contribution chaque fois qu’il y avait besoin d’elles pour tirer tombereau, char, charrue, faucheuse,… Dans toutes les petites fermes on utilisait une paire de vaches pour la traction plutôt que des bœufs ou un cheval ; ces deux vaches lorsqu’elles ne travaillaient pas continuaient à produire du lait, un veau, c’était plus économique que d’entretenir et de...
[Lire la suite]
1940-1959
Le dépillement du maïs
Le maïs poussait assez bien dans la terre argileuse de Bresse, dans toutes les fermes il y en avait des champs. Mais ce n’était pas pour faire de l’ensilage. L’ensilage est apparu beaucoup plus tard en même temps que l’élevage en batterie. À la ferme des grands-parents les 5 ou 6 vaches mangeaient l’herbe des prés et l’hiver le foin ou des betteraves hachées. Mon grand-père n’aurait jamais eu l’idée de les alimenter avec l’espèce de mélasse conservée dans des silos ! Le maïs c’était...
[Lire la suite]
1940-1960
Les vendanges
Que ce soit à Virignin dans le Bugey ou chez mes grands-parents en Bresse, il y avait dans toutes les campagnes où cela était possible des bouts de vignes. C’était pour la consommation familiale et bien souvent c’était de la « piquette » ! En Bresse il y avait encore quelques rangs de Noah, un cépage hybride de raisins blancs qui avait été essayé après le phylloxéra mais qui par la suite a été interdit ayant la réputation de produire un vin « qui rend fou ». En fait ses grains...
[Lire la suite]
1940-1956
Les vacances à la ferme, les moissons, la batteuse
Tous ceux qui avaient des grands-parents paysans étaient les privilégiés qui pouvaient partir en vacances. Après la guerre les colonies de vacances commençaient à se développer, mais elles concernaient plutôt les enfants des villes(1). Jusqu'à une douzaine d'années chaque année j'étais deux mois petit paysan.
Les parents de ma mère étaient des paysans bressans. À partir de Virignin puis de Chavanoz c’était l’été, parfois pendant les vacances d’hiver, le branle-bas...
[Lire la suite]
1940-1948
Bien longtemps avant le smartphone
La photo (1)
Mon père, qui jusqu’à la guerre avait été un urbain lyonnais, était mordu de photo comme de tout ce qui s’apparentait à la technologie. Jeune il s’était fabriqué un poste à galène où il fallait tâtonner avec deux aiguilles sur une pomme de terre coupée en deux pour tenter de saisir une onde et d’entendre quelque chose dans un écouteur. À l’armée il avait été radio au sol dans l’aviation où il fallait transcrire et envoyer des messages en morse, ce qui lui avait...
[Lire la suite]
1940-1952
Le cathé, l’éducation
NB - Il ne m’est pas possible de faire une généralisation à toute une époque de ce que j’ai pu vivre à ce propos. Tout pouvait être différent suivant les lieux, les familles, les situations sociales, les prêtres...
À Virignin, tout le monde allait au cathé sauf ma copine la petite juive dont je vous ai déjà parlé ce qui avait dû contribuer à leur isolement le temps où avec sa mère elles s’étaient réfugiées dans le village. Il fallait aller au cathé comme il fallait aller à l'école ou...
[Lire la suite]
1940-1948
La coupe du bois
Dans le premier épisode je vous avais dit que pendant l'Occupation et jusque vers 1950 dans la commune de Virignin il y avait des lots attribués sur la pente de la montagne pour le bois de chauffage des habitants qui le demandaient.
C’étaient des bandes d’une dizaine de mètres chacune partant du chemin longeant le pied de la pente et grimpant jusqu’aux premiers rochers. La pente était raide, la végétation pas très luxuriante, de la broussaille et des arbres plutôt maigrelets, charmille, petits chênes...
[Lire la suite]