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Le blog de Bernard Collot
Le blog de Bernard Collot
Derniers commentaires
18 octobre 2007

Déprime 2

En réponse au commentaire de Claire (billet précédent)

Bien que cela ne puisse te consoler en rien, de tous temps les enseignants qui tentent de considérer leur métier et l'enfant autrement se sont fait démolir par l'institution et la majorité de leurs collègues comme soupçonner par l'opinion. Si bien qu'en plus de l'investissement passionné pour un métier, il leur a fallu aussi apprendre à résister, à lutter. Dans les interventions que je fais encore, soit dans des stages, des confs ou dans le groupe de recherche auquel je participe, j'insiste toujours sur ce côté pragmatique : comment ne pas se faire démolir tout en faisant son métier pour l'enfant.
Tout ce que l'on peut appeler d'alternatif a deux gros défauts :
- On ne sait pas ou on ne consacre pas suffisamment d'énergie et d'habilité à informer d'abord sur les raisons de l'alternativité, ensuite sur quoi se fonde cette alternativité, enfin sur les réalisations qui corroborent les pistes qu'on explore. C'est ce que j'essaie de faire modestement dans ce blog. Mais il est vrai que la difficulté c'est qu'il faudrait le faire dans les logiques du système où l'on est... qui n'a aucune envie de laisser passer ce qui le met en cause ! Un Brghelli trouve facilement toutes les portes ouvertes. Pas les autres !
- Tout ce qui est alternatif a beaucoup de mal à former une entité qui puisse alors peser. J'ai été par exemple à plusieurs reprises invité par la Confédération Paysanne avec qui j'avais le point commun de défendre les petites structures, l'hétérogénéité et une éducation à qui on pourrait appliquer l'adjectif de "biologique". S'ils ont été intéressés par ce que je faisais comme moi j'étais intéressé par l'agriculture biologique et leur façon d'envisager l'agriculture, à aucun moment mouvements pédgogiques ou mouvements pour une agriculture alternative n'ont reliés leurs luttes dans une lutte commune. Les "filles" de votre forum, les enseignants comme ton mari, le petit agriculteur biologique, les petits artisans, les gèvistes d'aujourd'hui, les RMISTES, les chômeurs, les "bobos" éclairés... tous, ont les mêmes aspirations. Mais il ne les mettent jamais ensemble, ils ne se rendent pas compte qu'elles forment un tout terriblement cohérent et qui aurait alors une sacrée force.

- A notre décharge, nous avons toutes et tous le nez sur le guidon et avons à parer au plus pressé dans des conditions justement difficiles puisque ce que nous essayons de faire de vivre et de faire vivre va à l'encontre d'un cadre mortifère établi et que l'ensemble d'une société ne voit plus mais conforte.

- Comme je suis résolument optimiste, je crois que l'on est quand même en train de tisser une toile comme ces relations le montrent et que celle-ci sera, le plus rapidement possible je l'espère, suffisamment vaste et solide pour enfin provoquer des transformations qu'on est bien obligé d'appeler "révolution" même si elle n'est pas sanglante.

Commentaires
L
Ben voilà encore deux billets bien dans l'humeur de la journée pour moi :-(((... Comme Claire, j'ai un peu de mal à partager ton optimisme...<br /> <br /> A chaque porte qui s'entr'ouvre laissant filtrer du "possible", je finis presque systématiquement par me coincer les doigts dans la porte refermée brutalement...<br /> <br /> Aujourd'hui, c'est l'aménagement en place pour mon dernier fils acquis avec lenteur, paisiblement mais de façon réfléchie et décidée avec sa maîtresse de l'an dernier, la psychologue scolaire, la directrice et la maîtresse actuelle (c'est dire si j'ai docilement joué le grand jeu de la structure !!!) qui est en train de sauter sur une simple "décision du conseil des maîtres" que l'on nous assène entre deux portes à la sortie des classes :-o !!!<br /> <br /> Je me louais d'avoir réussi à leur faire mettre en oeuvre une vraie souplesse, une vraie adaptation à mon gamin : un truc ré-vo-lu-tio-nnaire ! Il est dans une classe de moyens-grands et depuis début septembre, il était avec les moyens le matin et restait avec les grands l'après-midi !!! Dangereux, n'est-ce pas ? On ne sait pas dans quelle case le ranger (ben oui, c'est un "gentil", mais un "gentil moyen" ou un "gentil grand" ???, alors à la première occasion, pchiitt, retour à la case départ.... c'est à dire au dortoir HONNI par mon fils !<br /> <br /> C'est bien simple, l'année dernière, devant les hurlements que poussait mon gosse, le temps de changer l'organisation des groupes (et sa maîtresse de l'an dernier l'avait fait, elle !!!), sa maîtresse elle-même m'avait conseillé de le garder chez moi les après-midi pour lui éviter le dortoir....<br /> <br /> Bref ! Rdv demain soir à ma demande bien-sûr (Ah bon ? Ca vous pose un problème ?) et je vais encore perdre des heures de sommeil à chercher et trouver les mots justes qui ne les braqueront pas et qui feront j'espère avancer le schmilblick.....<br /> <br /> Ces déploiements de diplomatie et de zénitude alors que je bouillonne littéralement d'énervement me demande une énergie telle que, oui, ici aussi, je me sens chaque jour plus proche de la descolarisation :-(((...... Et que, non, ce n'est pas un vrai choix...... Signe des temps, même mon conjoint a parlé ce matin de le mettre lui aussi dans le groupe scolaire privé où notre aîné a atterri en janvier dernier.......<br /> <br /> Alors, la Révolution douce, je désespère vraiment qu'elle s'ébauche concrètement avant que je ne sois grand-mère !!!<br /> <br /> Le pire dans tout cela, c'est que je suis absolument lucide sur le fait que l'histoire que je vous raconte est absolument insignifiante au regard d'autres faits bien plus alarmants... Mais je suis lucide aussi sur le fait qu'elle est le terreau de ces faits plus alarmants.....
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