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Le blog de Bernard Collot
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1 février 2013

Formation des enseignants : un bocal !

Je viens de parcourir le résumé des interventions au colloque inaugural de la chaire UNESCO piloté par Luc RIA avec pour objet : « Former les enseignants au XXI° siècle ».

Certes, il y a pas mal de choses intéressantes dans ces interventions, d’autres beaucoup moins.

Mais qui se penche… sur nous (vous maintenant), petits enseignants ? De doctes universitaires, pour la plupart très brillants j’en conviens.

Etrange et désagréable impression d’être dans un bocal observé au microscope et avec des pincettes par des professeurs nimbus(1). Nous nous trouvons tous à nous agiter dans des bocaux sous le regard de « savants » qui se gardent bien de casser le verre. Le bocal des parents d’élèves, le bocal des parents qui n’est pas le même, le bocal des élèves qui ne sont plus des enfants, le bocal des enseignants, le bocal des salariés, le bocal des chômeurs, le bocal des vieux, le bocal des consommateurs, le bocal des fonctionnaires, etc., etc. Bien sûr, les seuls qui ne sont pas dans un de ces bocaux sont ceux qui regardent les bocaux… rémunérés par ceux des bocaux !

Remarquons que nos sympathiques professeurs nimbus s’intéressent surtout au contenu des bocaux, pas aux bocaux eux-mêmes.

Et nous continuons à nous agiter vainement dans nos bocaux, années après années, siècles après siècles !

Conclusion : sortons de nos bocaux ! Brisons les bocaux !

Ah ! Mais !

Mais si nous avons le droit de nous indigner (il faut bien une soupape sur les couvercles des bocaux), entre nous nous n’écoutons toujours que les « estampillés », n’attendons de salut que des « bardés de titres», bref nous buvons les paroles de ceux qui n’ont jamais été dans nos bocaux et qui s’en sont bien gardé. J’ai toujours été amusé (et passablement énervé) par tous ces docteurs qui nous disent « Je sais de quoi je parle, j’ai été instituteur ! ». Parfois c’est vrai… un an ou deux avant de vite en sortir !

Il faudra bien oser commencer à penser entre nous et à nous écouter sans avoir besoin des spécialistes de la pensée. A nous émanciper.

Allez ! Tant pis, j’appelle au secours... un spécialiste de la pensée (un grand !) : « (…) penserions-nous beaucoup et penserions-nous bien si nous ne pensions pour ainsi dire pas en commun avec d’autres auxquels nous communiquons nos pensées, et qui nous font part des leurs ? On peut donc bien dire que cette puissance extérieure, qui enlève aux hommes la liberté de communiquer publiquement leurs pensées, leur ôte aussi la liberté de penser. » Emmanuel KANT "Qu'est-ce que s'orienter dans la pensée" (1786).

Pour finir, je reviens à ce qui a provoqué ce billet d’humeur (la formation des enseignants) et en profite pour faire de l’autopromotion gratuite à un ex petit instituteur du bocal : la formation des enseignants dans le tome 2 des chroniques d’une école du 3ème type, « Ecole et société » !

 (1) Petit personnage dessiné avec un cheveu en point d’interrogation sur son crâne chauve et des lunettes rondes qui m’amusait beaucoup parce que facile à dessiner quand j’étais gamin.

Commentaires
A
Oui, sortir des bocaux, casser les bocaux, ouvrir des vannes, des soupapes pour respirer... Pour mieux appréhender le monde, en faisant du lien au lieu de tout saucissonner... Mais que c'est difficile de diffuser des idées, de briser des chaînes..<br /> <br /> Instit, quelque peu blanchi sous le harnois (expression de Michel Barrios dans une de ses chroniques), j'ai demandé la possibilité d'avoir une classe de cycle. Pour avoir la possibilité de travailler en continuité avec les enfants.Cette demande a été rejetée en vertu du principe suivant en vigueur dans l'école en question: "Tout enfant ayant été une année dans une classe à cours multiple sera obligatoirement affecté l'année suivante dans une classe à un seul niveau". Ca ne s'invente pas! J'ai tout de même obtenu un double niveau avec l'assurance de garder les enfants deux ans (sauf éventuelle incompatibilité d'humeur); je vais relancer cette année l'dée d'une classe de cycle car je ne ne conçois pas de faire la classe à des enfants un an à un niveau; "je n'ai jamais pu" alors ce n'est pas maintenant. Alors si vous avez des arguments qu'il faudrait que je présente en conseil des maîtres, en conseil d'école... <br /> <br /> je serais intéressé.<br /> <br /> Et Bernard continue d'agiter le bocal et de l'ouvrir au vent de la vie, et que ceux qui l'observent feraient bien d'y entrer pour "sentir" la sève monter dans l'arbre.
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E
Bah! les bocaux ont du bon Bernard...ceux des correspondants, remplis de confiture de mûres, par eux mijotée, nous ont semblé bien sympathiques pour tartiner le pain fait en classe hier et, en te lisant, je me dis (pour me consoler?...non, même pas!) que ceux qui nous regardent et pensent influer sur nos vies échappent à ce qui les rend parfois difficiles mais aussi à un certain nombre de joies modestes ou grandes que leurs carrières d'observateurs ne pourront peut-être pas leur offrir...Carpe Diem!
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I
J'ai la même impression qui me gêne quand j'entends un Frackowiack devenu révolutionnaire : qu'est-ce qu'il faisait quand il était inspecteur ? On devient révolutionnaire quand on a bien profité de la tartine et de son beurre et qu'on peut continuer à s'en repaitre tranquillement !
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