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Le blog de Bernard Collot
Le blog de Bernard Collot
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6 octobre 2013

La communication, l'école... à partir d'une olive !

La théorie, c’est barbant ? Alors Florian, dans la foulée(cela se passait dans la semaine), l’illustre magnifiquement. (les soulignements dans le texte sont de moi) Vous pourrez, au choix, penser à programmes, emploi du temps, rythmes scolaires, apprendre, parents… BC

 Les olives sont prêtes, que fait-on ?

olivesL'an passé, nous avons ramassé et préparé des olives selon une recette très simple : remplir un bocal d'olives ; ajouter du sel et de l'eau selon un savant mélange et attendre un an. Pas de rinçage, pas de piquage, rien d'autre que l'attente.

Aujourd'hui, cela fait un an que nos bocaux sont dans notre placard. Je glisse un papillon dans la boite des mots du conseil sur lequel j'ai écrit :

« Nos olives sont prêtes. Que fait-on ? »

Qu'est-ce que je n’'ai pas dit ! Une bombe ou plutôt une mouche, une information qui fait sont effet. Elle va passer par tous les ateliers permanents de la classe, je dis bien tous. Cette information va même faire naître de nouveaux ateliers … temporaires.

Je m'attendais à un « Ben… on les mange à la récré. » Comme quoi, il faut vraiment s'attendre à rien ou à tout.

Voici les péripéties de mon information « olives ».

Premières réactions, lors du conseil :

 - on invite les parents.

- Quand ? (en bleu, c'est moi qui parle)

- Un soir, pour l'apéro.

- Comment on leur dit qu'ils sont invités ?

- On n’a qu'à faire des cartes d'invitation.

- Non des affiches !

- Pourquoi pas les deux ?

- Je m'en occupe.

- On pourrait faire un gâteau avec le nouveau four.

- Non, ça ne va pas avec les olives. Il faut faire du pain.

- Et une salade de tomates avec celles qui sont dans notre jardin.

- Moi j'aimerais bien faire des dessins pour décorer la salle. Des dessins d'oliviers.

-… 

Et c'est parti … Chaque idée recueille quelques adeptes.

Pour ma part, dans l'obligation de permettre cette effervescence, je fais sauter tous les créneaux horaires et libère le reste de la journée.

C'est le conseil. Nous sommes vendredi après-midi, je ne voudrais pas que toute cette motivation retombe pendant le week-end.

Les uns partent sur internet chercher des cartes d'invitation, mais n'en trouve aucune adaptée à la situation. Je leur propose de la confectionner eux-mêmes. Ce qu'ils font facilement avec une photo piochée dans google image.

D'autres sortent peintures, planches (pour la peinture sur bois), colle. Pour d'autres se sont des feutres ou crayons et feuilles blanches.

D'autres encore se lancent dans la recherche de la recette de la pâte à sel, pâte à pain et listent les ingrédients et ustensiles nécessaires.

L'après-midi s'est déroulé dans la plus belle agitation. J'étais débordé. Mais quel plaisir de voir la ruche bourdonner !

Seul un enfant, qui s'en fiche des olives, a poursuivi la rédaction d'un mini livre sur les dinosaures, pas du tout incommodé par l'agitation ambiante.

Lundi, réunion de lancement.

Le projet de classe « dégustation de nos olives » a pris le dessus sur tous les autres projets qui restent en attente. On a repris notre emploi du temps mais toute la plage horaire « temps perso » est consacré au projet.

Les productions s'accumulent, la recette est trouvée, les cartons d'invitation prêt à être imprimés.

Mardi, nouvelle réunion de lancement.

Les enfants qui s'occupent des cartes d'invitation ont fait plusieurs maquettes : sur papier blanc ou vert. Bord droit ou dentelé. On décide un format. Les cartes seront imprimées en blanc sur du 160g/m2 avec des bords dentelés.

Je trouve qu'on a trop de production. J'ai eu l'idée de faire une boutique. La dégustation serait gratuite mais on fait payer les dessins.

- Ah ouaihh !! On aura plein de sous. On pourra s'acheter des trucs.

- Combien pour un dessin ?

- Au moins 2 €.

- Tu rigoles ! T'as vu mon tableau sur bois. Il en vaut au moins 10 !

- Et si on ne mettait pas de prix. On met une caisse et les adultes donneront ce qu'ils veulent.

- D'accord. Je m'occupe de la caisse.

- Je crois qu'il y en a une dans un tiroir. Il faut que je retrouve la clef.

- On fera un stand boutique.

- Mais où ?

- Ch'ai pas, dans le couloir.

… 

S'en suit une discussion sur le lieu de la boutique.

L'école possède un compte OCCE. Au début,c'est moi qui le gère. Depuis longtemps, j'avais envie de donner une partie de l'argent aux enfants. Ainsi, ils pourraient apprendre à le gérer et se faire leur propre commande pour s'acheter du matos de bricolage, des bouquins ou du matériel de sport, d'art plastique... Je ne l'avais jamais fait. Cette situation, pour le coup me permet d'être le témoin de la naissance d'une vraie coopérative de classe. L'idée vient des enfants. La gestion également. Il faudra sans doute tenir les comptes. Le rôle d'un trésorier risque de se faire sentir rapidement. Quant aux futurs achats … Je leur ai proposé de ramener un catalogue de Cultura et de faire leur commande. J'irai faire leurs courses.

Vendredi, réunion de présentation.

Un groupe d'enfants nous présentent une chorégraphie. Applaudissements !

-M’sieur, on pourrait présenter cette danse aux parents vendredi prochain ?

- Bien sûr, ça ferait comme un petit spectacle.

- Nous on peut faire une chanson, alors ?

Et c'est parti sur l'organisation du spectacle...

La dite dégustation a lieu dans une semaine. Que vont-ils me trouver d'ici là ?

Et après ? (article, pagette, carte de remerciements, …).

Pour la fabrication du pain, j'ai demandé à quelques parents de venir m'aider, vendredi matin.

La situation que je viens de vivre est la première du genre. Tout en la vivant, je repensais à la mouche de Bernard ou au canard de Charlotte. Une information, si on permet qu'elle entre dans la classe, peut donner lieu, sans qu'on s'y attende, à un ras de marée d'activités. Pour ne pas polluer l'imagination des enfants, je me suis tout le temps tenu en retrait, le plus possible. Ce projet est vraiment le leur.

« … pour que l'enfant devienne de plus en plus indépendant du professeur. »

C'est vraiment magique à vivre.

A aucun moment je n'ai pensé aux apprentissages, aux langages. En avais-je besoin ? Mais juste en regardant la mindmap (1)qui synthétise ce que je viens de raconter, je me rends compte de la richesse de la situation. Sans parler de tout ce qui ne se trouve pas dans les programmes... et qui, à mon avis, est essentiel.

(1) C'est l'image en haut du texte, pour qu'elle soit plus lisible, je l'ai jointe en fichier ici : olives - NDLR)

 Florian

Je précise que ce texte est extrait des nombreux échanges de la liste de diffusion "pratiques" BC

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Commentaires
M
C'est très vivant et sympa ! :-) On dirait des enfants en non-sco , ou des vieilles classes freinet , etc...! :-) <br /> <br /> <br /> <br /> Lâcher prise et permettre curiosité et prises d'initiatives , tout de suite c'est beau et vivant ....C'est pas nouveau . :-) <br /> <br /> <br /> <br /> Mais n'est -ce pas difficile quand on est isolé seul(e) dans une école ? (Si je trouve ) C'est sympa et ça fonctionne bien quand c'est toute une équipe . Surtout pour une bonne cohérence dans la vie des enfants .
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F
C'est une très belle leçon que vous donnez là. Leçon au sens de Socrate !<br /> <br /> Si tous les enseignants, tous les éducateurs, tous les parents, tout le monde pouvait l'entendre, peut-être que...<br /> <br /> Je vous remrcie vivement.
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F
J'adore ce blog qui nous promène de la théorie au concret, des coups de gueule à la réflexion et sui lie le tout.<br /> <br /> Je pose aussi une question à Florian. à lire ce morceau de vie, on a l'impression que vous êtes déjà dans l'école de la mouche et des ollives, bref plus tellement dans l'école. Est-ce que tout provient des mouches et des olives ?
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C
Merci "curieuse" !<br /> <br /> Une chose m'a frappé dans ce que raconte Florian : "Un an après..." et un événement resurgit, certes habilement ressorti par Florian. Cette imprévisibilité dont parle beaucoup Bernard Collot est impressionnante. N'est-ce pas ce qui fait peur ?
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C
Ce morceau de vie illustre vraiment la théorie. J'ai beaucoup aussi aimé votre cheminement Florian (par exemple à propos de la coopérative). J'ai beaucoup aimé aussi le recul que vous avez quand vous analysez ce qui s'est passé avec votre mindmap. Vous êtes aussi un théoricien !<br /> <br /> signé : Curieuse (il n'y a pas que les hommes, n'est-ce pas cher "curieux" dont j'apprécie les commentaires et les questions !)
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