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Le blog de Bernard Collot
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24 janvier 2014

Une proposition de loi renforçant l'emprise de l'école de l'Etat

 

suivez-mon-doigt

Je ne prône pas la déscolarisation (l'IEF, l"instruction en famille) et bien sûr que je défends l'école publique, une autre école publique. Mais je conçois que dans les situations où des parents estiment qu'il y a nécessité d'assistance à personne en danger, quand ils estiment que les conditions dans lesquelles vivent leurs enfants à l'école  sont contraires à l'éthique ou à la philosophie qu'ils ont de l'éducation, devant aussi leur impuissance de parents face à l'école, ils puissent prendre la décision de l'IEF. Je me donne moi-même la possibilité de pouvoir le faire le cas échéant. J'admets aussi que c'est une décision courageuse et pas facile. Je m'en suis expliqué à plusieurs reprises, notamment dans "Ecole et société" dont vous trouverez des extraits ici.

Jusqu'à aujourd'hui, ce droit est inscrit dans le code de l'éducation ainsi que dans la convention internationale du droit des enfants.  Or une proposition de loi portée par quelques sénateurs envisage de le limiter aux seuls cas d'enfants handicapés, ce qui, au passage, est une solution pour en débarrasser l'école qui ne sait pas quoi en faire. Bien sûr dans l'exposé des motifs il y a l'objectif d'empêcher que l'IEF soit " destinée à soumettre l'enfant, particulièrement vulnérable, à un conditionnement psychique, idéologique ou religieux.". Ce serait honorable si l'IEF n'était pas déjà soumise au contrôle régulier et pointlleux de l'Etat, que d'ailleurs les familles la pratiquant voudraient  trouver un peu plus souple et tolérant. A noter que l'Etat est beaucoup moins pointillé quand il s'agit de surveiller "le conditionnement psychique, idéologique ou religieux" de certaines écoles privées confessionnelles.

Ce qui est étonnant, c'est que les auteurs de cette proposition de loi appartiennent à l'UMP : moins d'Etat quand il s'agit de l'économie de marché, de la finance, plus d'Etat quand il s'agit des enfants. Je ne sais pas si Laurence Rossignol, sénatrice PS, a réellement déclaré le 5 avril 2013, sur le plateau de l’émission « Ce soir ou jamais » « Les enfants n’appartiennent pas aux parents » auquel a été rajouté sur certains sites "ils appartiennent à l'Etat". Je n'ai pu le vérifier, l'émission n'étant plus en ligne (*). Mais, depuis Guizot en passant par Jules Ferry ou Päul Bert, les finalités de l'école ont toujours été ambigües.

A côté des déclarations affichées d'élévation, voire d'émancipation de la population, l'Etat a toujours plus ou moins assigné à l'école le rôle de formater les citoyens dont la société qu'il soutient a besoin : "L'instruction primaire universelle est désormais en effet une des garanties de l'ordre et de la stabilité sociale (...) quand le gouvernement a pris soin de propager, à la faveur de l’Éducation nationale, sous les rapports de la religion, de la morale, de la politique, les doctrines qui conviennent à sa nature et à sa direction, ces doctrines acquièrent bientôt une puissance contre laquelle viennent échouer les écarts de la liberté d’esprit et toutes les tentatives séditieuses ». Guizot. « Nous attribuons à l'Etat le seul rôle qu'il puisse avoir en matière d'enseignement et d'éducation – seul l'Etat a le droit d'éduquer" Jules Ferry. "Il faut une pensée unique, une foi commune pour un peuple". Paul Bert... L'école d'après 1870, des deux côtés du Rhin, préparait bien les enfants à la boucherie qu'ils allaient subir en 1914. Dans toutes les réformes successives des dernières années, il y a eu sous-jacentes ou ouvertement exprimées des finalités qui ne relevaient pas des apprentissages. Lorsque le dernier ministre proclame "qu'il faut qu'aucun enfant sorte du système éducatif sans qualification" , même si on ne peut pas dire que c'est de l'odre d'une morale républicaine, est-ce le rôle de l'école de faire en quelque sorte de la formation professionnelle ? Ce d'autant que l'on sait qu'à la sortie cela n'assure en rien d'un travail. D'ailleurs les instances européennes n'en font pas mystère quand il est dit qu'il faut maintenant que l'école apprenne à apprendre puisque la "flexibilité du travail" va... l'exiger.

Suivant la classe sociale et politique au pouvoir,  l'école est bien un moyen de garantir l'ordre social et moral dont elle a besoin.

Ce ne sont pas les enseignants (tout au moins pas tous) qui se font les vecteurs de cette finalité, mais le système éducatif lui-même dans son organisation, ses lois.

Si l'on veut que l'école devienne le lieu incontestable que tous les parents pourront accepter et soutenir, où tous les enfants aimeront aller, il va falloir enfin qu'une finalité unique et humaniste soit définie par la Nation. Alors on pourra envisager une autre école. 

(*) Un lecteur vient de me signaler la vidéo de l'émission en question : La sénatrice n'a effectivement jamais dit que les enfants appartenaient à l'Etat.

Commentaires
Y
Oui, la propagande d'extrême droite a extrapolé sur ce propos, contenant implicitement l'idée que "les enfants n'appartenant donc pas aux parents", l'état pourrait bien décider pour eux, au nom d'un principe (non clairement établit, mais de plus en plus explicite) de "supériorité de l'autorité étatique (élitiste) sur la responsabilité parentale". Tous les prétexte étant donc bon pour établir ce principe "laïque"... <br /> <br /> <br /> <br /> Il y a un glissement autoritaire consistant donc à dénier aux parents la possibilité de revendiquer la responsabilité de l'éducation de leur enfants..<br /> <br /> Ce qui donne la nausée, c'est le sentiment de dépossession, non pas "des enfants" (qui ne nous appartiennent donc pas) mais de notre rôle de parents et même de l'amour de nos enfants (puisque l'état "les aime mieux et plus que nous" ! (ce qui devient aberrant et même absurde).<br /> <br /> <br /> <br /> En tant que parent (mais aussi citoyen), on peut légitimement ressentir un dégoût, lorsque l'on sait à quel point la volonté oligarchique consiste à infantiliser le citoyen ordinaire, qui a de moins en moins de souveraineté, en tant que quantité négligeable et méprisable, au sein de la masse manipulée...<br /> <br /> <br /> <br /> Ils courent au désastre électoral, avec ça, parce que ça ne va pas faire gagner une confiance, dans un contexte ou l'extrême droite ne fait finalement que s'engouffrer dans les failles évidentes... L'heure est donc grave.
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S
Voici la vidéo<br /> <br /> http://www.dailymotion.com/video/x1alwzb_les-enfants-appartiennent-a-l-etat-la-fausse-citation-de-la-senatrice-laurence-rossignol_news
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P
Si on met ça en parallèle avec le fait qu'on rogne sur les relais d'ass-Mat, que les nounous sont vouées à la disparition et qu'on recommande la mise en crèche dès trois mois<br /> <br /> que Madame le sinistre veut pénaliser les mères au foyer, <br /> <br /> que l'autre sinistre sort que "les familles sont toxiques" pour les enfants<br /> <br /> que la nouvelle loi sur l'avortement qui doit sortir .. ne laissera plus le choix au parents de garder ou non un enfant en état de handicap avéré<br /> <br /> qu'il y a un projet de légifération sur l’euthanasie dans les tiroirs <br /> <br /> ....<br /> <br /> y en a un qui est en train de se tailler un 4ème empire sur le modèle du 3ème si honni<br /> <br /> à moins que deux plus deux ne donnent plus quatre, qu'on nous en préserve
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Y
Oui, il est important de dialoguer, y compris autour des désaccords éventuels, ce qui ne fait pas des protagonistes du dialogue des ennemis. ;-)<br /> <br /> <br /> <br /> C'est de recul dont nous avons donc toujours besoin, pour mieux appréhender la dynamique du changement en cours, afin de l'accompagner positivement.<br /> <br /> <br /> <br /> Nous pouvons analyser une manifestation de la résistance face au changement, dans cette proposition de loi. Elle est anxiogène, en ce qu'elle renvoie au fond chacun à ses propres résistances, face au changement, en soi. La peur qu'elle engendre dans les familles IEF est légitime, en ce que cette proposition ne prend pas en compte la valeur de l'existant, mais au contraire, la nie. C'est un coup de massue, la réaction est donc forte.<br /> <br /> <br /> <br /> Il est certainement nécessaire d'englober plus largement la problématique de l'éducation humaniste au sens large, afin d'amener un renouveau dans la société. Je crois que ce qui peut permettre de faire progresser cette vision, c'est déjà de ne pas dresser les populations, les sensibilités, les unes contre les autres. Ce que cette proposition exacerbe, ou cherche à faire. Mais elle peut éventuellement amener à faire évoluer cette problématique, si l'on s'en saisi et si l'on est déterminé à lutter contre l'ignorance, ainsi qu'à la vaincre.<br /> <br /> <br /> <br /> Prendre en compte le problème du regard des enseignants sur l'IEF, c'est aussi être en mesure de démontrer que l'ignorance de ce qu'elle est (et de ses résultats) n'est en rien une quelconque menace pour quiconque. La peur est ici très mauvaise conseillère, l'orgueil aussi, dès lors que l'on prendrait les non-professionnels de haut, ou alors à l'inverse, que l'on serait trop dévalorisant de ce qu'est l'école publique (mais comment ne pas la remettre en question, vu son état ?)...<br /> <br /> <br /> <br /> C'est bien ça aussi le formatage des enseignants (et des élites), croire que sans eux, on ne peut pas exister, encore moins évoluer, apprendre, s'épanouir. Il faut de l'humilité, face à la réalité qui démontre le contraire. <br /> <br /> <br /> <br /> Inversement, il n'y a pas non plus à s'enorgueillir de faire ce que font les enseignant, parfois mieux et bien mieux, sans eux. Mais on a aussi le droit d'en être fier, relativement à l'épanouissement de nos enfants (ce mot englobe leur bien être associé à leur résultats devant leur soif naturelle d'apprentissage). Ce n'est pas le même contexte que les bancs de l'école, voilà tout. Il faudrait aussi pouvoir en parler, pour sortir des stéréotypes et des poncifs réducteurs, de part et d'autre.<br /> <br /> <br /> <br /> Ceci ne remet donc pas en cause leur propre professionnalisme, mais certainement des visions différentes de ce qu'est l'éducation et de ce qu'est aussi un enseignement humaniste. Sans parler de la preuve par A + B qu'il est totalement inutile de bourrer les enfants de connaissances, en les enfermant des journées entières sur les bancs de classe, pour avoir de bons résultats, mais au contraire leur offrir des temps de libertés, de créativités, d'intégration et de choix de ce qui les intéressent d'étudier ou non, sans pour autant renier la valeur d'un socle commun..<br /> <br /> <br /> <br /> Et que dire du fait de les mettre en compétition les uns contre les autres, de noter leur travail à coup de stylo rouge rageur et tout cette dialectique agressive et déprimante à leur encontre..<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a aussi en France la question de la laïcité qui se voudrait, par exemple, pour Vincent Peillon "une nouvelle religion" (d'Etat et quasiment obligatoire pour tous").. (voir les vidéos édifiantes sur le net à son sujet). <br /> <br /> <br /> <br /> Ceci sème bien plus de confusion que ça ne résout de difficulté, encore moins de permettre une cohésion autour des besoins des enfants, de tous et de chacun d'eux.. Là ce sont, encore et toujours, les besoins de pouvoir qui s'expriment, l'égocentrisme politicien qui nous bouffe.. on n'en sort pas ! <br /> <br /> <br /> <br /> Vous avez raison, il faut faire honneur à ceux qui ont essuyé les plâtres sans grand soutient. Aujourd'hui la pétition contre cette loi atteint les 22 000 signataires. Les temps changent donc :-) .<br /> <br /> <br /> <br /> https://secure.avaaz.org/fr/petition/SENAT_Lannulation_de_la_proposition_de_loi_visant_a_limiter_le_droit_de_lief/?fbss
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Y
(de plus près)
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