Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog de Bernard Collot
Le blog de Bernard Collot
Derniers commentaires
22 décembre 2018

Société et école (1)

gilets-jaunes

J’ai entrepris une série d’essais de mise en parallèle de l’école et de la société avec en ligne de mire ce qui conduit à l’effondrement.

J’extrais ce qui avait émergé de toutes mes réflexions à propos de l’école et de l’école du 3ème type pour essayer d’en faire un condensé. J’ai choisi de procéder par plages introduites par un des mots ou expressions clefs qui ont traversé tous mes écrits. Sous chaque plage j’indique les liens vers quelques-uns de mes écrits ou des extraits d’ouvrages où les thèmes sont abordés.

Vous trouverez certainement ces plages sommaires ou sans nuances, voire caricaturales, en particulier en ce qui concerne l’école. Mais pour développer le parallèle, j’ai choisi l’école très traditionnelle, telle elle a été conçue, celle dans laquelle nous avons été pour la plupart « élevés ». Il est évident que lorsque des pédagogies actives et coopératives commencent à y être pratiquées ou dans les écoles alternatives, l’école ne joue plus alors le même rôle.

Il s’agit en quelque sorte d’épures qui pourront évoluer.

Je n’ai pas ordonné les thèmes évoqués. Je commence par vous livrer ces deux premiers parce qu’ils me semblent… d’actualité !

 

Société

 

École, Éducation

Valeur du travail

..

Valeur de l’activité

   Dans toutes les espèces sociales la survie des groupes et de leurs membres est assurée par les tâches réparties entre tous les membres. Il n’y a pas de dominants, toutes les tâches assurées étant considérées comme ayant la même valeur, ne différencient pas ceux qui les assument, n’accordent pas des privilèges aux uns ou aux autres.

Dans les espèces grégaires la survie est assurée par les dominants mâles ou femelles (conduite du troupeau, surveillance, protection…) si bien que la fonction de chef y est finalement la moins drôle !

  La survie des sociétés humaines et de ses membres dépend elle aussi des tâches assurées par chacun, chaque tâche ayant son utilité pour l’ensemble. C’est ce qui est dénommé « travail ». Mais nos sociétés civilisées ont attribué des valeurs différentes aux tâches effectuées (salaires). Ces valeurs (monnaies) sont sensées permettre à chacun de puiser le nécessaire à sa survie et à sa vie dans la production commune.

  Mais les valeurs moindres sont attribuées aux tâches les plus ingrates, les moins motivantes et les plus usantes.

  Plus la valeur attribuée est importante, plus ceux qui en bénéficient possèdent un surplus, une accumulation appelée profits qui leur permet de puiser outre-mesure dans la production commune en en privant les autres, de se dispenser d’assumer une tâche utile (rentiers, actionnaires) ou de créer des tâches inutiles auxquelles est attribuée une valeur encore plus grande, d’orienter la production commune vers ce qui n’est pas vital pour produire et se servir du profit…

  Une majorité grandissante devient ainsi non pas au service de la communauté mais à celui d’une minorité qui accapare les ressources communes pour autre chose (profits) que la survie générale et les épuisent.

  La finalité originelle du travail a disparu.

 

  L’effondrement ne pourra être évité tant qu’existeront les écarts de valeurs (salaires) dans la répartition et le partage des tâches (travail) nécessaires à des communautés.

 

  L’école réduit l’activité de tous les enfants qu’elle capture à celle de « travail ». Tu rentres à l’école, maintenant c’est sérieux, tu vas travailler pour apprendre. Il faudra que tu fasses des efforts !

  Le travail est ce qui est imposé, demande efforts, contraintes, voire souffrances. La finalité de ce qui est demandé d’exécuter n’a pas de sens en ce qui concerne la communauté d’enfants, peu de sens en ce qui concerne chaque exécutant en dehors qu’il faut qu’il apprenne ce qui a été décidé qu’il apprenne sans qu’il ne saisisse vraiment pourquoi et pour quand.

  Toute activité qui résulterait de l’initiative de chacun est proscrite. On lui donne un court temps quand elle est qualifiée de jeu dont l’utilité n’est que de rendre plus disponible pour le travail (même fonction que les loisirs ou vacances dans la société). Le jeu n’a une certaine valeur que lorsqu’il est élaboré et conduit pour aboutir à ce qui aidera le travail d’apprendre.

  Donc n’a de valeur que l’activité imposée et contrôlée.

  Mais la valeur de chacune de ces activités imposées n’est pas la même. La réussite dans un cours de musique ou d’art n’a pas la même valeur que celle dans un cours de mathématique ou des exercices d’orthographe.

  C’est ensuite par les résultats obtenus dans chacune des activités imposées que différentes valeurs seront attribuées soi disant aux efforts fournis ainsi qu’à ceux qui les auront fournis sans autre but que le chiffre de résultats (chiffres des notes équivalant aux chiffres des salaires).

  Ce sont ces valeurs chiffrées (notes et classements) ou labellisées (diplômes) qui trieront ensuite ceux voués aux tâches ingrates à faible valeur (SMIC) et ceux accédant aux tâches plus intéressantes et à la plus grande valeur (hauts salaires).

  Ce faisant les capacités innées, cognitives et sociales de chaque enfant ne peuvent se développer hors du cadre et du travail imposé par l’école qui produit ainsi un formatage conforme à ce qu’adultes ils devront accepter ensuite.

  Il n’y aura pas d’enfants devenus adultes qui pourront éviter l’effondrement tant que l’école continuera à faire penser à chacun qu’il a une valeur et un mérite supérieurs ou inférieurs aux autres, que l’activité rétribuée qu’il effectue vaut plus ou vaut moins que celles des autres.   

 Quelques textes sur ce thème :  Travail - Bien sûr qu'il faut des notes... dans l'enseignement traditionnel. Pédagogies différentes, contraintes, autorité, laxisme, efforts - Jeu sérieux, travail

suite : (2)La domination institutionnelle (espèces sociales ou grégaires) - Le formatage à la soumission - (3)La taille des structures - (4)Les espaces vitaux - (5)Le temps découpé (6) évaluation, contrôles)  

Commentaires