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Le blog de Bernard Collot
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10 avril 2019

Ecole et société, postface

gilets-jaunes

« Entreprise de démolition sans nuance de l’école publique », c’est le sentiment qu’ont eu beaucoup à la lecture de la série « école et société », en particulier des enseignants. Ce qui est curieux c’est que l’analyse de l’économie de marché ou l’économie libérale et sa liaison avec le capitalisme et la fausse démocratie soient acceptées pour la construction d’alternatives, alors que toute analyse du système éducatif avec la même liaison provoque son refus, souvent l’offuscation, au mieux l’indifférence.

Certes mes analyses sont sommaires, d’autres en ont fait de beaucoup plus sophistiquées et fouillées (sans plus de succès). Cependant si elles sont moins intellectuelles elles s’appuient sur un long vécu dans le système où nous avons été plusieurs à montrer autrefois, sur le terrain, que l’alternative, c'est-à-dire une autre école publique, était possible, proposable, mais avec des conséquences profondes immédiates et à terme sur toute la conception du système éducatif et parallèlement sur la société. Il faut bien savoir abruptement pourquoi un système est néfaste dans son essence et dans ses conséquences pour s’orienter vers un autre système, les exemples ayant existé indiquant des pistes, ce qui était mon cas. 

On ne peut pas détruire du jour au lendemain un système devenu tentaculaire, il en est du système éducatif comme du système économique et politique. Il y a donc un immédiat dans lequel des mesures peuvent être prises tout de suite permettant le temps de la transformation radicale. Par exemple dans l’immédiat l’augmentation très significative du SMIC, des minimas sociaux, la réduction des écarts de salaires, etc., ne changeraient pas le système et ses maux mais permettraient une transition moins brutale, à condition que ce qui ne sont que des revendications ne soit qu’un stade provisoire et que le mouvement ne s’arrête pas à cela : l’histoire nous a appris que les systèmes en place les réduisent toujours et rapidement à néant pour pouvoir perdurer. Aucun système ne s'autodétruit volontairement même s'il s'effondre. Mais il faut le temps pour que ceux directement concernés en reconstruisent eux-mêmes un autre (ce qui peut se faire et s'expérimenter parallèlement et se fait déjà dans ce qu'on appelle le local et tous les interstices possibles).

C’est le problème qu’ont eu toutes les révolutions avec celui de l’adhésion de la majorité de la population (le nombre face au système). Elles s’enclenchent quand cette majorité souffre de la même façon et n’a donc plus rien à perdre, même pas la vie. Ce n’est pas le cas chez nous, cependant tous les indicateurs prédisent un effondrement à plus ou moins long terme, changement climatique ou non. De même qu’un nombre de plus en plus grand de moins défavorisés ou d’un peu plus nantis aspire aussi à vivre autrement. C’est peut-être la convergence la plus intéressante à réaliser quand les intérêts des uns et des autres deviennent semblables : vivre ensemble autrement. Comment engager un processus qui ne mette pas immédiatement face au vide, qui ne soit pas une nouvelle lutte de pouvoirs des uns contre les autres, qui ne fasse pas peur tout en s’opposant au système ? Intuitivement le mouvement des Gilets jaunes s’est peu à peu orienté dans ce sens (voir l’assemblée des assemblées).

En ce qui concerne le système éducatif, au moment de l’élection présidentielle j’avais envoyé une série de documents aux partis des candidats disant vouloir changer le système, résumant une partie de la problématique vue par quelqu’un ayant vécu dans l’Éducation nationale, avec des propositions pouvant être discutées, modifiées, défendues et mises en œuvre dans l’immédiat en cas de victoire. Évidemment sans aucun retour ! Ce qui donne, s’il le fallait, raison aux Gilets jaunes : pas de connivence possible avec les partis politiques ou tout ce qu’on appelle les corps intermédiaires.

Il faudra bien que l’école finisse par faire partie des réflexions engagées hors des institutions dans le mouvement enclenché par les Gilets jaunes. Entre autres, les documents ci-dessous que j’avais envoyés inutilement à des politiques, bien que non actualisés, pourraient faire partie de ce qui devra bien alimenter les réflexions vers un futur immédiat. 

Les propositions que j'avais faites :

introduction - à partir des petites écoles  - les oppositions pédagogiques et la carte scolaire programmes  - Les rythmes  - L’évaluation -  Supprimer le bac - Les parents - L'égalité des chances – sur quoi s’appuyer

 

Commentaires
C
L'habitude crée l'indifférence, mais aussi un sentiment vague et imprécis de mal être. Les systèmes éducatifs sous leur forme scolaire enclenchent ce type de mécanisme. Il est urgent de procéder à une analyse de l'institution scolaire face à la globalisation, face au marché de la formation, face à l'individualisme triomphant, face aux intérêts particuliers, etc. C'est difficile et complexe. Pour ma part, je te suis reconnaissant de l'avoir amorcé dans tes textes qui ouvrent des débats de fond. La première étape me semble qu'il faille revenir au local et analyser les phénomènes à ce niveau. Le niveau de l'Etat est trop abstraitl; il lui est facile d'imposer sa doxa sans réaction de quiconque. L'école est au service de personnes réelles dans un espace dans lequel elles vivent. C'est ceci qu'il faut se réapproprier et témoigner, témoigner jusqu'à ce que tous ensembles une parole se construise. Toutes les occasions doivent être utilisées et pourquoi pas les "Gilets jaunes" pour autant qu'ils ne s'enferment pas dans des certitudes et dans des dogmes. C'est cela qui est difficile. Merci pour cette amorce de débat qui j'espère est loin d'être clos.
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