Éloge de l’humour à l’école… et ailleurs
" Qu’est-ce que vous rigoliez dans ton école !"
C’est vrai, mais nous ne nous en rendions même pas compte, le rire et l’humour faisaient partie intégrante de la culture qui s’était forgée au fil des années.
Un exemple :
Dans notre vaste réseau d’écoles et autres, des liens plus privilégiés s’étaient établis entre une dizaine de classes uniques. Les échanges étaient plus intenses par messagerie, fax (télécopie) et par des journaux hebdomadaires. Dans ces hebdos qui reflétaient à la fois ce qui se passait dans chaque école et dans le réseau, quelques-uns avaient un petit personnage qui commentait les textes (eux très sérieux !), s’interpelait avec les personnages des autres journaux… Chez nous (La fourmilière-hebdo) c’était une fourmi, ailleurs une mouette (La Mouette bavarde), ailleurs un canard, un mini-cracra, une fleur (les lupins de l’Aubépin)…
Un jour, nous reçûmes un fax bizarre d’une école qui voulait vendre son « maître ». Rigolade, et une idée fuse : « faut faire une vente aux enchères de maîtres d’école ! ». Immédiatement, message envoyé au réseau et le début d’une truculente vente aux enchères par fax. Cela a duré une semaine ! Elle s’est terminée par ce fax : « Finalement on garde notre maître, il y a sûrement mieux, plus marrant, plus sportif, moins coléreux… mais ça coûterait trop cher, et puis on a l’habitude, et puis on l’aime assez ». Ensuite quelques hebdos ont consacré un numéro spécial pour relater aux autres la fameuse vente.
Sous le billet, un extrait d’une page de « La fourmilière-hebdo » (vous pourrez la retrouver avec d’autres sur la vente ou sur une épique course de haricots-mobiles, dans le petit recueil « Un autre journal scolaire, outil et reflet de la communication » thebookedition.com)
L’humour est bien un langage qui souvent donne une force à une idée, un message. En ce moment l’actualité produit une pléthore de créations graphiques et humoristiques étonnantes. Il y a les humoristes qui se contentent de faire rire, et ceux engagés qui s’en servent pour essayer de lutter contre les maux de notre société. Mais même les plus géniaux comme Coluche, s’ils ont bien fait rire, n’ont pas fait bouger les choses. Les messages portés ne touchent que ceux convaincus d’avance, les autres se contentent de rire, même si c’est rire jaune (encore l’actualité !!!).
Je crois que si celui qui fait rire les autres leur fait du bien, c’est aussi à lui-même qu’il fait du bien. En considérant avec humour le pire qui nous arrive, on ne change pas le pire mais on peut l’envisager plus froidement et lucidement. En somme l’humour thérapeutique.
Si les observateurs venant dans mon école étaient étonnés de la tranquillité des enfants « bien dans leur peau », en revenant sur cette période je me demande aujourd’hui si cet état de chacun ne provenait pas en partie à ce recul particulier qu’apporte l’humour et le rire quand ils deviennent sans que l’on s’en rende compte partie de la vie du groupe.
"L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive et sur ce qu'il est" Romain Gary "Promesses de l'aube".
Allez ! Laissez-vous aller à l’humour, aidez les enfants à se laisser aller à l’humour, je ne sais pas si cela s’apprend, en tout cas ça fait du bien quand on le vit avec d’autres.
Et on peut toujours le booster un peu, l’humour : marionnettes, théâtre d’impro, réalisation de BD, technique du psychodrame humoristique, jeux d’écriture comme le cadavre exquis, etc.