Nous les vieux et corona !
C’est nous les vieux qu’on meurt le plus à cause du corona. C’est drôle parce que sans le corona c’était nous les vieux qu’on mourait aussi le plus ! Ben oui, quand on arrive au bout, il y a toujours quelque chose qui fait rendre l’âme aux vieilles machines que nous sommes : l’hiver, une grippe, une canicule, une indigestion, un truc qui lâche … un virus ! Dans tous les cas ce sera « un arrêt cardiaque ». Si tu y échappes un coup, ce sera le coup suivant, ou un autre, mais ça se rapprochera toujours, c’est normal et nous ne sommes pas débiles, nous le savons. Ce sera avec un virus ou à coup sûr avec autre chose que nous vous tirerons notre révérence. Mais vous êtes gentils de vous préoccuper ainsi de nous et nous apprécions. Dans des temps lointains, on ne nous mettait pas dans des EPAD, mais sous les arbres à palabres !
On veut même faire croire que c’est pour nous protéger, nous les « à risque », si les écoles ferment (heureusement qu’à l’autre bout des âges les mômes intelligents sont contents d’être, un temps, libérés !), si les matches de foot ne vont plus faire brailler les foules, s’il n’y a plus moyen d’aller boire une bière au bistrot…
Alors pourquoi cette panique orchestrée ? C’est vrai que le corona ne cible pas que les vieux, que les pauvres, mais tout aussi bien les riches, les dirigeants. On peut comprendre l’affolement de ces derniers ! Ce n’est pas comme la faim, la malbouffe, le chômage, le manque de logements ou leur insalubrité… qui tuent quotidiennement et à coup sûr bien plus de monde, mais qui ne les concerne pas.
« Donnez-leur un quignon de pain (Jules César aurait dit, lui, « du pain » !), des jeux et fabriquez-leur un ennemi, et vous en ferez ce que vous voudrez ». Les émigrés commençaient à devenir moins opérants comme ennemis, même pour arrêter les gilets jaunes ça n’avait pas marché. Le virus est bien tombé, voilà un ennemi qui a déjà permis à un président en perdition d’apparaître comme un général en chef qui allait sauver ses troupes et le peuple par ses décisions héroïques (pensez-donc, oser fermer les écoles et les bistrots !) et ses déclarations enflammées. Les guerres, donc aussi la guerre au virus, font par magie sortir des milliards qui n’existaient parait-il pas pour améliorer notre sort. Dans notre cas, ce n’est pas pour le bizness des armes, c’est pour sauver le CAC 40, les marchés financiers !
Donc notre virus, danger réel ou danger supposé, déclaré ennemi public n°1, a redonné tout le pouvoir aux États mondialisés. Nous (et pas que les vieux !) n’aurions plus à les emmerder avec des revendications débiles puisqu’ils s’occupent si bien de nous.
Oui, mais ! Voilà-t’y pas qu’à moins d’être aveugle on voit tous que c’est de cette mondialisation dont cette bestiole se régale !
Voilà-t’y pas que privatisations, délocalisations, destructions des services publics ou délabrement de leurs moyens, au nom d’un libéralisme et d’un capitalisme sans lequel nous ne pourrions soi-disant survivre, tout ça fait que collectivement nous n’avons plus les moyens de nous défendre contre un microbe qui n’est même pas aussi costaud et dévastateur que celui de la peste. Sympa ce microbe, il a dû se dire « il va falloir qu’ils comprennent ! »
Alors nos gouvernants ne peuvent rien faire d’autre que décréter le confinement… et démerdez-vous ! Ce sont eux qui viennent de décréter la grève générale illimitée que nous avons été incapables de croire possible.
Un vrai cadeau. Nous allons tous pouvoir respirer (bon, d’accord, quelques-uns d’entre nous risquent de s’arrêter de respirer, mais c’est la vie, virus ou pas virus). S’occuper et même découvrir nos mômes. Découvrir l’entraide, le système D. Découvrir tout ce qu’on peut faire quand enfin on peut rester chez soi. Découvrir le temps enfin redonné… Peut-être le virus va-t-il nous redonner la santé !!!
Et puis le temps de s’informer, d’échanger (les réseaux sociaux ne sont plus infâmes !) de réfléchir, de conscientiser… nous réapproprier. Ce n’est plus du temps de loisir, c’est du temps de vie. Ce temps dont on nous privait, et pour cause : c’est lui qui est dangereux pour tous les systèmes et pouvoirs en place.
Cette grève virale qui tombe du ciel microbien fait déjà trembler les systèmes que nous avions été impuissants à déstabiliser. Elle est encore plus puissante que les pires catastrophes, les manifs les plus massives.
Alors peut-on imaginer que lorsque le corona (ou la psychose corona) se sera barré nous retournions comme des moutons dans les systèmes qui l’ont provoqué et qu’il nous a flanqués à la figure ? Si oui, ni corona ni personne d’autre ne pourra plus rien pour vous
Bordel de Dieu (depuis qu’on l’a inventé çui-là, c’est sûr qu’il a foutu un sacré bordel !) vive la vie ! J’vais m’enfiler un petit rosé pas dégueu, écouter les derniers poèmes de mon fiston en fumant une clope (si ça se trouve le p’tit corona il n’aime pas la nicotine !)... et pt’être à demain… si corona le veut bien !