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Le blog de Bernard Collot
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10 décembre 2021

1940-2021 (33) 1957-1958 Le bac !

Les années d’École normale Juin 1957et 1958

Le bac

bac3 La montagne

Le bac c’était en deux parties, la première en 2ème année, la seconde en 3ème année avec à peu près les mêmes matières sauf qu’il avait fallu se farcir une année de plus de programmes.

Lorsqu’on a été un bon élève les rituelles semaines de révisions sont importantes pour être parfait sur les quelques points plus incertains. Mais lorsqu’on a été un très mauvais élève la tâche est insurmontable ! Le paresseux que j’étais avait rationnellement jugé que puisqu’elle était insurmontable, il fallait laisser les autres s’échiner et prendre la vie du bon côté et… inch'Allah.

Mais cela confère un avantage ignoré de tous les conseillers qui ne manquent pas de pulluler à cette occasion : il est normal que les bons élèves soient stressés, ils risquent de tomber justement sur ce qu’ils n’avaient pas suffisamment révisé et ont la peur d’avoir un trou de mémoire ; et puis ils arrivent le jour J complètement lessivés. Les mauvais élèves n’ont absolument pas ce stress puisque eux, de toute façon, n’ont aucune chance de tomber sur quelque chose qu’ils auraient vraiment bien appris. On sait aujourd’hui à quel point le stress peut faire échouer les meilleurs. Les mauvais élèves arrivent donc à l’épreuve décontractés avec finalement toutes leurs facultés… qu’ils ignoraient peut-être avoir1. Cela a été mon cas, d’autant plus qu’à quelques-uns nous avions chaque fois fait la fête la veille en pensant que nous risquions fort de n'avoir rien à fêter après. 

bac4 BFM

Et j’ai réussi ces deux parties au grand dam du seul échoué de la promo, écœuré, qui avait travaillé comme un malade. Je ne sais pas trop pourquoi je les ai réussies. La première partie probablement pour le commentaire de texte qui ne demandait pas trop de restituer des cours et j’avais dû tomber sur un correcteur qui ne s’offusquait pas du tout des fautes d’orthographe ou qui avait reniflé le loustic qui avait peut-être égayé ses nuits de corrections fastidieuses ou qui avait été lui-même un mauvais élève. En somme il avait été solidaire !

Quant à la seconde partie c’est à coup sûr grâce à l’italien et un énorme coup de chance : j’étais moyen pour l’exercice du thème (traduire du français à l’italien) mais j’aimais bien la version (de l’italien au français). Plus tard j’ai compris pourquoi : si on lit un texte linéairement et syllabiquement le moindre mot inconnu fait perdre le sens, par contre si les yeux parcours la phrase on trouve le sens global et le sens du mot inconnu. Dans ma traduction à un moment je me suis interrompu en disant que j’hésitais entre « fondue » et « ramequin ».

oral France bleu

Ça alors ! Comment pouvez-vous connaître ces deux mots ? » s’exclama le correcteur !

Il était du Bugey et moi c’était un souvenir d’enfance qui remontait de la même région. Et nous nous sommes mis à parler du bon vieux temps sans qu’il se soucie du candidat suivant qui attendait.

- Les autres épreuves se sont bien passées ?

- Pas vraiment !

- Allez, je vous mets un 19 à chaque exercice, ça arrangera peut-être vos affaires. Bonne chance et vive le Bugey ! »

Et voilà, cela a bien arrangé mes affaires et j’ai eu mon bac grâce au ramequin du Bugey qui n’est pas tout à fait pareil que la fondue savoyarde même si les moustaches des pépés en conservaient les traces collantes !

Comme quoi la « valeur » du bac qu’il soit d’autrefois ou d’aujourd’hui est très relative quoiqu’en disent les nostalgiques et il est bien connu qu’une fois l’épreuve passée la majorité oublie tout ce qu’elle a dû ingurgiter pour l’obtenir. C’est vrai que je n’avais pas eu grand-chose à oublier.

 Je me demande toujours comment il se fait que l’on se cramponne encore à ce papier à obtenir, jusqu’à le préparer et empoisonner des cohortes d’enfants et d’ados dès la maternelle.

Bien entendu je me garderai bien de donner ces conseils et de raconter comment je l’ai passé aux candidats bacheliers d’aujourd’hui !

monôme

Dès la dernière épreuve passée et surtout pas après la proclamation des résultats, nous envahissions avec tous les lycéens la rue de la Ré et formions le « monôme du bac », chantant, hurlant, dansant sous le regard débonnaire des agents de police qui avaient bloqué la circulation. C’était un peu comme les écoliers chantant lors de la sortie des écoles le jour des vacances : « Vive les vacances, à bas les pénitences, les cahiers au feu, les maîtres au milieu »… en un peu plus bruyant et en chants moins édulcorés ! Une manif qui n’avait pas besoin d’être déclarée à la préfecture par qui que ce soit. Cela finissait tard, en remplissant les terrasses des bistrots ! C’est au monôme du bac que j’ai eu ma première amourette un peu sérieuse. Ce doit être pour cela que je me souviens si bien du bac !

1 Assez récemment mon fils, également mauvais élève, a vérifié cette théorie et a réussi le bac avec mention !

À suivre : Les années d’ École normale - Les à cotés

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