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Le blog de Bernard Collot
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10 avril 2022

1940-2021 (78) – 1975 à 1995 – Confolens et son festival

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À une demi-heure de l’Isle-jourdain en suivant la Vienne il y avait Confolens. Nous étions alors déjà dans le département de la Charente. J’aimais beaucoup cette bourgade pittoresque mais c’était surtout son annuel festival folklorique international que j’essayais de ne pas manquer.

 

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C’était un retraité breton installé à Confolens qui avait d’abord eu l’idée d’y instaurer une fête folklorique inspiré du vieux festival des « filets bleus » de Concarneau. Mais cela a été un pharmacien, Henri Coursaget, passionné de folklore, qui en avait fait un immense festival en créant une association internationale liant les festivals de folklore du monde pour encourager les échanges culturels entre pays et promouvoir la paix mondiale. Un peu comme les jeux olympiques de Coubertin mais ayant moins mal tourné que ces derniers devenus plutôt la gloire des nations comptabilisant leurs médailles et l’outil de propagande de leurs dirigeants politiques.  Comme pour Marcillac avec le jazz, il est étonnant comment de simples habitants de petites bourgades, passionnés par quelque chose, ont su faire prendre corps à une idée, convaincre les autres habitants et faire de leurs villages des pôles culturels renommés. Je préfère de loin leurs événements à ceux instigués par le bizness, le profit et le nationalisme.        

Pendant une semaine c’était donc grandiose. Il n’y avait pas besoin de payer une place dans le grand spectacle de l’après-midi. Il suffisait de se balader dans les rues pour faire un voyage dans le monde et surtout ne pas manquer, tous les débuts d’après-midi, l’interminable défilé de toutes les troupes dans la rue, dansant, s’arrêtant... Les costumes, colorés, magnifiques ne représentaient pas forcément le niveau de vie du pays d’où chacun venait. Mais si on regardait comment ils étaient chaussés, alors on en avait une petite idée : tous les pays de l’est ou du monde occidental avaient les chaussures correspondant au costume, on se doutait bien que ce n’étaient pas celles de leur vie courante et que ces troupes avaient les moyens des États qui les subventionnaient. Mais pour certains pays d’Amérique latine ou d’Afrique le costume n’allait pas jusqu’aux pieds, ceux-ci étaient logés dans les propres chaussures de leurs danseurs et les godasses dépareillées, les savates percées, les tongs, voire celles fabriquées avec des morceaux de pneus ou les pieds nus donnaient tout leur sens au dicton « On peut dire beaucoup de chose des gens en regardant leurs chaussures »

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J’ai assisté une fois au grand spectacle. C’était lorsque les organisateurs du festival avaient réussi à faire venir des Pygmées, extirpés de leur forêt par la Centrafrique probablement avec de bonnes intentions pour qu’ils la représentent. J’étais très intrigué mais j’avoue avoir été très mal à l’aise en allant voir comme tout le monde ceux qui étaient en quelque sorte exhibés comme des bêtes de foire. Ils semblaient bien être aussi mal à l’aise sur la scène devant un immense parterre. Mais j’avais aussi trouvé émouvant comment alors ils s’étaient resserrés dès que leurs instruments se sont mis à jouer et qu’ils ont commencé à danser : manifestement ils oubliaient ceux qui les regardaient, se retrouvaient chez eux dans leur forêt. J’avais aussi été très surpris par le rythme sur lequel ils évoluaient. Qu’ils soient binaires, tertiaires ou autres nos propres rythmes sont définissables, peuvent se répéter. Impossible de le définir pour eux et pourtant manifestement un rythme les faisait évoluer ensemble. C’était un peu comme le chant des cigales que j’ai écouté des heures sans pouvoir définir le rythme qui semblait guider leur ensemble. Comme quoi nos rythmes musicaux mathématiques comme nos montres et calendriers n’ont rien de naturel et ne sont que des produits culturels.

 

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Quoiqu’il en soit, si vous en avez l’occasion allez voir ce festival unique.

Comme j’écris ces lignes pendant l’actualité nauséabonde de la guerre d’Ukraine, je vous raconte une autre anecdote liée au festival.

À l’école nous avions des correspondants d’un peu partout. En 1987, je ne sais plus comment nous avions eu des contacts avec des enfants d’une école ukrainienne dont certains n’habitaient pas très loin de Tchernobyl. Seule leur prof parlait français et ces enfants nous avaient simplement expliqué par des dessins ce qu’avait été et ce qu’était devenu Tchernobyl, ce qui avait marqué tout le monde bien plus que tout ce qu’on pouvait entendre.

Une élève qui écrivait un peu le français avec l’aide de sa professeure échangea une ou deux lettres avec Mathieu un des enfants de l’école. Elle lui avait expliqué qu’elle faisait partie d’un groupe de danse folklorique de Kiev et que ce groupe aurait bien aimé venir danser en France. Mathieu connaissait bien le festival où il allait avec ses parents. Il écrivit donc à Henri Coursaget lui expliquant à sa façon que vraiment il fallait que le festival les invite. Nous n’avions pas eu de réponse et l’avions oublié, les échanges avec l’Ukraine ayant cessé devant la difficulté des langues, lorsque deux ans plus tard j’ai su qu’effectivement cette enfant était bien venue avec son groupe à Confolens. Ce n’était probablement pas grâce à la lettre de Mathieu, mais nous nous sommes plu à le croire.

 Les dessins que nous avaient envoyés les petits ukrainiens

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Composition9      Composition10 

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