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Le blog de Bernard Collot
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14 septembre 2022

1940-2021 (141) – 1996 à 1998 Les classes uniques et les crèches parentales vont s’afficher dans un carnaval à la brésilienne !

Et encore le Portugal

 

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Je suis ensuite retourné plusieurs fois à Setubal retrouver Rui et Luis dans les locaux d’ICE discuter de ce que nous pourrions faire avec ADELE, ce qui m’a été bien plus facile les deux premières années de ma retraite. Mais finalement ADELE n’a pas pu faire grand-chose. D’une part il n’y avait pratiquement que nous trois avec Françoise Giret et Yves Jean à nous y retrouver, impossible pour les amis des CREPSC mobilisés par leurs classes de vraiment y participer. D’autre part et surtout le manque absolu de moyens pour organiser de grandes rencontres ou des événements, tous nos déplacements et hébergements étaient à la charge d’ICE qui n’en pouvait plus. L’internationalisme, c’est bien beau, mais cela demande des sous à trouver quelque part !

J’avoue que, très égoïstement, ces voyages ont surtout profité à moi ! Après l’avion, le train de nuit, ce fut en voiture. Le premier voiturage fut avec Yves Jean et sa voiture. Avant, nous avions récupéré le Belge Gilbert Cellier et ramassé Luis à Huescas. Yves avait une belle voiture neuve. Il ne supportait pas qu’une autre vitre que la sienne soit ouverte. Le voyage en pleine chaleur espagnole fut assez pénible. De retour dans le Poitou, je lui demandai à quoi pouvaient bien servir tous les boutons du tableau de bord de sa voiture moderne. En les essayant tous, il s’aperçut qu’il y avait… la climatisation ! C’est aussi au cours d’un arrêt dans un routier espagnol qu’il m’apprit à manger des spaghettis… avec une cuillère et une fourchette ! J’étais vraiment un plouc !

Et puis j’eus l’audace d’y aller avec ma propre voiture, une vieille skoda, en prenant encore au passage à Huescas Luis qui était devenu comme Rui un véritable ami. Finalement les routes et autoroutes gratuites espagnoles étaient très faciles, surtout quand tu avais un Espagnol à tes côtés. Même pour contourner Madrid il suffisait de savoir le numéro de la route que tu devais retrouver, tout était indiqué intelligemment à l’avance pour que tu aies tout le temps de changer de file. Et puis la vitesse étant limitée à 120 km/h faisait qu’à 110 tu étais très tranquille et tu n’avais même pas de camions à doubler puisqu’ils roulaient tous à peu près à cette vitesse. Les nids de poule de la chaussée n’étaient alors pas trop embarrassants.  Par contre, dès que tu avais franchi la frontière portugaise, tout changeait parce que les chauffeurs portugais roulaient à l’instinct sans trop se préoccuper des panneaux ou des priorités. Il fallait le savoir.

La fois suivante ce fut avec ma nouvelle compagne et cette fois avec Luis nous chargeâmes deux de ses collègues plus que volubiles. Ce ne fut pas triste ! Cela fut la seule fois où nous allâmes un après-midi visiter Lisbonne avec elles et lui après avoir pris le bateau pour traverser le Tage. Nous n’étions vraiment pas dans la même culture qu’eux : nous nous étions installés sur une terrasse pour manger. Les Espagnols et les Portugais arrivaient à se comprendre, chacun dans sa propre langue. Les Espagnoles voulaient de la charcuterie, mais elles n’arrêtaient pas de questionner le garçon de café sur ce que c’était, à quoi cela ressemblait, comment c’était cuisiné… sans sembler le moins du monde l’importuner. Et il revint avec tout un plateau de la charcuterie disponible et leur demanda de choisir. Et tout semblait normal, habituel. Absolument impensable en France !

 Un carnaval surréaliste

 Et puis il y eut le dernier voyage complètement incongru. Rui D’Espiney retournait souvent dans le bourg à la pointe sud du Portugal où il avait été instituteur et était très connu. N’étant pas directement au bord de la mer, ce gros bourg n’était pas très touristique. Pour le dynamiser, Rui avait eu l’idée d’y réinstaurer un carnaval à la brésilienne. Pour lui donner un peu d’intérêt auprès de la population, il avait choisi le thème de l’Europe. Pour ce faire il avait proposé à diverses associations européennes avec qui il travaillait, dont les CREPSC et l’ACEPP, de venir y participer et d’en profiter pour faire connaître leurs actions. Toujours le même problème : en février, tous les amis des CREPSC ne pouvaient s’absenter pendant les jours de classe, en dehors de moi, toujours grâce à la demi-décharge que m’avait fait obtenir Christian Drevet. Évidemment, je n’avais ni les moyens ni l’audace de faire un pareil déplacement. Mais les femmes de l’ACEPP de la Vienne l’avaient, elles, cette audace et n’avaient pas froid aux yeux !

Et nous partîmes un matin très tôt, quatre femmes dont ma compagne Nathalie, et deux hommes dans le J7 de l’une d’entre elles chargé d’immenses panneaux expliquant ce qu’étaient nos classes uniques et les crèches parentales. Puisque nous devions représenter la France dans un carnaval, les femmes avaient loué des costumes folkloriques du Poitou avec leurs sabots, nous les hommes nous étions contentés d’une cape de berger, sans les sabots !

Nous avions rendez-vous à minuit dans un café, quartier général du carnaval. Après 15 heures de voyages sans un arrêt, les deux pilotes féminins nous ont débarqués à minuit pile devant le café au fin fond du Portugal ! Et on dit que les femmes ne seraient pas les égales des hommes !

Surprise : nous étions la seule association à avoir répondu à l’appel ! Si bien que dans tous les hébergements prévus chez les habitants, nous avons été chacun logés dans les plus superbes. Pour ma part et Nathalie, c’était une hacienda du XIXème siècle, magnifiquement meublée, avec tous les matins dans notre chambre un plateau d’oranges fraichement ramassées. On pourrait aller au Portugal rien que pour manger des oranges !

 

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Le premier matin nous avions donc enfilé nos costumes et nous sommes rendus sur la place, point de départ du carnaval. Tous nos panneaux s’étalaient sur une façade ! Mais nous n’avions pas compris que c’était un carnaval… à la brésilienne. Un char avait été décoré pour chaque nation, sur le nôtre c’était une Tour Effel bleu blanc rouge. Derrière chaque char, il y avait les danseuses en paillettes et plumes colorées aux couleurs des pays, des danseurs avec bicornes et costumes tricolores pour nous. La France pour les Portugais c’était encore la Révolution, malheureusement la leur plus récente que la nôtre n’a pas duré beaucoup plus longtemps. Je ne vous dis pas l’effet que nous avons fait avec nos lourds costumes de bergers et bergères poitevines en sabot pour défiler pendant tout un après-midi sur des airs de samba ! Nous avons été les vedettes de ces deux jours de défilés répétés dans des rues noires de monde.

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Pris par l’ambiance, nous étions arrivés à chaque arrêt à faire chanter et danser « la carmagnole », un peu bricolée en samba, puisque nous étions censés représenter la France.

Midi et soir, nous occupions la table centrale du café-restaurant, quartier général du carnaval et étions l’objet de l’étonnante gentillesse portugaise.

Pour les CREPSC ces trois jours mémorables comme l’essai d’ADELE n’eurent plus aucune suite. Par contre l’ACEPP y a noué beaucoup de relations et a par la suite beaucoup œuvré avec le Portugal pour l’enfance et le développement local et durable.

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