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Le blog de Bernard Collot
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7 décembre 2022

1940-2021 (161) - 2 002, Nouveau changement de décor

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2002. En raison de la cessation des subventions publiques, l’association que dirigeait Nathalie à Nevers ferma ses portes. Nathalie trouva rapidement du travail comme coordinatrice de la fédération des crèches parentales du Cher, l’ARPE en Berry. Elle avait débuté avec l’ACEPP, elle revenait dans son giron. Le siège était dans un village en pleine campagne, Jars, mais cette fois il y avait une heure de trajet en voiture pour s’y rendre. Nous avons donc cherché une location dans ce département de l’autre côté de la Loire. Mais voilà, d’une part il y avait mon exigence de pouvoir vivre dans une maison avec de l’espace autour, d’autre part l’autoroute A77 venait d’être terminée ce qui mettait le Cher à deux heures de Paris, d’où la flambée des prix des locations. Les locations de maison dans la région de Jars étaient devenues rares et les loyers n’avaient plus rien à voir avec ce que nous payions à Tronsanges. J’étais encore dans la limite d’âge pour que nous fassions un emprunt et nous avons alors calculé que le remboursement de l’emprunt maximum que nous pouvions faire n’était pas plus élevé qu’une location que nous ne trouvions pas.

Nouvelle recherche. Pas facile quand les moyens sont limités. Finalement l’oiseau rare fut découvert à Bué, village vigneron du Sancerrois, à 20 minutes de Jars, à 5 minutes de Sancerre..

 

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Une vieille maison avec possibilité d’un jardin, mais encore inhabitable, de ce fait pas très chère. Dans nos calculs il fallut intégrer le coût des travaux indispensables à faire dans un délai court de trois mois puisqu’il ne nous était pas possible d’avoir à payer à la fois le loyer de Tronsanges et le remboursement du prêt. D’une part je ne suis pas un fan des travaux du bâtiment même si précédemment je m’étais débrouillé dans la maison de la Vienne. D’autre part lorsqu’on a goûté à la facilité et à un certain confort on a peu envie de revivre des mois dans les gravas. Nous avons donc confié la rénovation minimum a une entreprise. Nous sommes dans un monde où il ne faut pas être innocent, contrôler, surveiller…s’y connaître. Faire confiance est devenu un défaut. Moi j’étais encore comme avec les maquignons d’autrefois : on discute, on se met d’accord et « top là », il n’y a plus de tromperie possible. Innocent que j’étais ! Si nous étions aux anges lorsque nous nous y sommes installés, un nombre incroyable de malfaçons, ou de travaux non faits mais facturés nous ont par la suite et jusqu’à aujourd’hui empoisonné la vie… et le portemonnaie ! La propriété m’avait toujours rebuté, m’avait semblé une source infinie de tracas, comme si on devenait esclave de ce que l’on possède, que c’était elle qui nous condamnait à ne vivre que pour elle, qui nous immobilisait définitivement[1]. Nous étions devenus par la force des choses propriétaires, il a fallu faire avec. Ceci dit, la maison est charmante même si elle n’est pas celle à laquelle vous font aspirer les photos des magazines spécialisés dans la rénovation tout confort. Nous y avons bien vécus et continuons.

Pendant les trois mois d’attente, je faisais régulièrement le trajet Tronsanges-Bué, la voiture chargée de tout ce qui n’était pas volumineux pour n’avoir qu’à transporter les quelques meubles dans un J7 le jour J de l’installation. Et puis quand même, j’y ai bien fait quelques travaux : toutes les peintures, l’aménagement de la cuisine, des étagères et quelques bricoles. Aujourd’hui je m’étonne encore d’avoir réussi à faire par exemple un plan de travail carrelé qui n’a toujours pas bougé d’un poil ! Comme quoi même les inaptes ou peu doués peuvent en prenant leur temps faire ce dont ils se pensent incapables quand la nécessité les y obligent. Le paresseux que je suis a toujours besoin de la nécessité pour qu’il se coltine aux difficultés et aux problèmes.

Prendre le temps et tâtonner. Ça je sais faire. Il a ainsi fallu que je transforme par la suite le terrain en pente sur lequel une maison avait été détruite et dont un bulldozer avait tellement brassé la terre que c’était toute l’argile du sous-sol qui se retrouvait à la surface. Ceci avec ma pelle et ma pioche, sans même pouvoir y faire entrer des remorques de fumier. Il m’a fallu des années jusqu’à aujourd’hui où il commence à ressembler à un jardin et la terre à être vivante. Mais il me faut continuer à tâtonner. Il est vrai que, par nécessité, je m’étais déjà coltiné aux potagers et puis je préfère avoir affaire au vivant plutôt qu’aux objets et matériaux. 

Voilà pour le décor qui n’a pas changé en dehors de son habillage de verdure et d’arbres.     

 Prochain épisode : à nouveau parent d'élève !  épisodes précédents

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[1] Nous avions bien acheté la vieille maison d’Adriers, mais nous l’avions fait sous le nom de mon ex-compagne. C’était elle la propriétaire ! Notre séparation avait été ainsi très simple.

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