1940-2021 (174) - 1999... SUD-éducation, café des enfants.

Outre plusieurs aller et retour à Marseille, ce « procès » m’aura beaucoup appris au contact d’un Jean-François et d’un Claude Didier. Si SUD-éducation avait existé lorsqu’en 68 j’avais décidé de ne plus faire partie d’un syndicat ne défendant que ce qui était conforme, peut-être aurais-je fait un autre choix.

Par la suite, SUD-éducation m’invita à deux reprises dans leurs stages syndicaux. Tous les syndiqués ont le droit de participer chaque année à un stage de formation syndicale d’une semaine organisé par le syndicat auquel ils adhèrent (l’administration doit les autoriser à s’absenter et doit les remplacer). SUD-éducation utilisait ce droit pour organiser des stages pour aborder d’autres façons plus subversives de faire l’école, ce qui ne risquait pas d’avoir lieu dans l’EN.

Ces stages étaient organisés dans le château de Ligoure, près de Limoges. La bâtisse était immense et il ne fallait pas oublier d’avoir une lampe de poche sinon la nuit vous ne retrouviez plus les interrupteurs dans les couloirs pour retrouver les wc. Pendant une semaine c’étaient les stagiaires qui autogéraient eux-mêmes la vie matérielle. À la première invitation, je devais animer un atelier sur l’école du 3^ème type. J’avoue ne pas y avoir fait grand chose : beaucoup des amis des crepsc étaient adhérents à SUD et quelques-uns se retrouvaient à Ligoure, ils étaient absolument capables d’autogérer eux-mêmes leur atelier.

L’année suivante le stage s’intitulait carrément : stage du 3^ème type ! Rien de prévu, les stagiaires devaient eux-mêmes élaborer sur place le programme et le contenu de leurs ateliers. Le grand principe pour moi de l’autoformation et de la coformation : tu vis toi-même ce que tu penses que les enfants devraient vivre et sont capables de vivre. J’étais en pays de connaissance, pratiquement en touriste ! Je n’avais qu’à être le regard extérieur qui peut à son retour redonner l’image de ce à quoi il avait pu assister. Je crois que j’aurais fait un bon journaliste pédagogique. Si je rajoute que le Limousin en automne est magnifique, ces invitations étaient pour moi de vraies vacances.

Escale au café des enfants

Chaque fois que j’étais invité quelque part, j’essayais de « rentabiliser » le déplacement en en profitant pour répondre à d’autres invitations d’associations moins argentées pour me rembourser mes frais de déplacement. La première fois je m’étais ainsi arrêté au retour de Ligoure à Eymoutiers où le « café des enfants » m’avait demandé d’animer une soirée.

L’association « La courte échelle » avait créé le premier café des enfants rural. La fédération des cafés des enfants était née en 2 000 dans quelques villes. L’idée était d’offrir aux enfants et leurs familles des lieux conviviaux où se retrouver, faire une pause, discuter, passer un moment devant un jus de fruits, rencontrer… comme ce qu’offrent aux adultes bistrots et terrasses. Ces cafés devaient aussi contribuer à faire connaître et appliquer la déclaration universelle du droit des enfants.

Un vrai café, avec sa petite terrasse, plusieurs petites salles avec tables, jeux, bricolages, livres aussi bien pour les enfants que pour les parents, des bénévoles servant et/ou animant. La soirée fut sympa, il y avait même la télé du plateau de Millevaches.

Je me demandais pourquoi il n’y avait pas partout des cafés des enfants. C’est vrai que dans nos villages même les bistrots disparaissaient.

Prochain épisode : chez les "terroristes" de Tarnac - épisodes précédents