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Le blog de Bernard Collot
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2 février 2023

1940-2021 (191) - 2017 - Luxembourg, un colloque international !

 

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Je ne pouvais imaginer que l’école du 3ème type et d’avoir une éditrice allait un jour me conduire dans un colloque international ! C’était à Luxembourg, on y parlait entre autres le français, cela m’avait rassuré.

Ce colloque avait lieu sur trois jours et s’intitulait « Libre de s’instruire ? ». Il était organisé par « l’Association luxembourgeoise pour la liberté d’instruction ». Je m’étais déjà retrouvé à deux ou trois reprises à être sur la scène d’une vraie salle de conférence, mais là c’était international : tout au fond il y avait les cabines des traducteurs et le public avait des casques sur les oreilles ! Les interventions étaient traduites simultanément en français, en anglais et en allemand. Pour faciliter leur travail, Katy l’organisatrice nous avait demandé de lui envoyer les grandes lignes de nos interventions, cela m’avait bien arrangé parce que j’avais envoyé carrément le texte complet, je n’avais eu ensuite plus qu’à le suivre ce qui limitait les hésitations et les disgressions du conférencier que je n’étais pas. Toutes les interventions avaient fait ensuite l’objet d’une vidéo sous-titrée dans les trois langues et je pouvais m’imaginer que j’étais devenu important !

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 Parmi les neuf intervenants français, anglais, allemands et hollandais, j’étais bien le seul à n’être qu’instituteur. Il y avait bien le hollandais Peter Hartkamp qui avait fondé trois écoles démocratiques en Hollande qui pouvait aussi parler de la liberté d’apprendre dans l’école, mais les propos des autres intervenants, tous bardés de diplômes et auteurs connus, se situaient hors de toute école, ce qui était logique vu l’objet de l’association organisatrice et l’intitulé du colloque. Comme quoi ce que nous faisions à l’école pouvait apporter à celles et ceux qui ne voulaient pas d’école !

Parmi les intervenants et les discussions que j’ai pu avoir avec eux, j’en citerais trois :

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Bertrand Stern. C’est le grand frère d’Arno Stern. Je suis toujours curieux de ce qui a conduit telle ou telle personne à ce qu’elle est et à ce qu’elle défend. Si Bertrand s’est voué à la critique de la civilisation, de l'éducation et de l'école, c’est probablement pour avoir vécu l’inverse de son frère. André défend le unschooling parce que cela a été le choix de son père, Arno Stern, de le lui faire vivre. Or le même père a fait vivre tout le contraire à l’aîné. Éducation rigoureuse, pression pour « travailler » à l’école, pour poursuivre ses études, ce que Bertrand avait très mal vécu.

 

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Alan Thomas et Harriett Pattison. C’était le couple de sociologues, épistémologues anglais qui avait écrit « L’école de la vie, c’est apprendre avec les autres », une très longue enquête dans plusieurs pays réalisée auprès de familles ayant déscolarisé leurs enfants et les processus qui les avaient amenés peu à peu au unschooling. C’était un couple charmant, malheureusement ne parlant pas le français et moi pas l’anglais !

 

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Mélissa Plavis. Docteur en anthropologie, la passionaria du unschooling ! Elle le défend partout et très brillamment dans ses conférences et ses livres. Elle m’avait d’ailleurs demandé d’écrire la postface d’un de ses livres « Apprendre par soi-même, avec les autres, dans le monde ». Nous nous sommes retrouvés quelques mois plus tard au Forum des apprentissages libres et autonomes à Strasbourg.

L’intervention du représentant du ministère de l’Éducation avait été très intéressante. Si le ministère était prêt à discuter d’une transformation de l’école, par contre il n’était pas prêt à supprimer l’obligation scolaire pour une raison bien simple : que les petits Luxembourgeois apprennent… le luxembourgeois ! Depuis que le Luxembourg était devenu européen, que 60% de sa population était constituée non pas par des émigrés mais par des étrangers de passage (plus ou moins long), dans la vie courante les Luxembourgeois parlent couramment beaucoup de langues, sauf le luxembourgeois ! Or toute communauté avec ceux qui y vivent en permanence a besoin de s’identifier, d’avoir le sentiment d’appartenance pour la faire vivre, le Luxembourg, un des centres de la mondialisation, commençait à s'en rendre compte.

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Un regret : je n’ai pratiquement pas vu Luxembourg ! Et un détail : apparemment plus personne ne fume au Luxembourg ! Lorsque j’allais fumer ma clope, prétexte pour prendre l’air, j’étais désespérément seul. Sauf le dernier soir, il y a eu un autre fumeur. Aussi surpris l’un que l’autre, la discussion fut facilement entamée. C’était un des traducteurs simultanés du colloque et j’ai enfin pu apprendre comment ils pouvaient réaliser l’extraordinaire performance de traduire instantanément une pensée exprimée dans une autre langue. Le rôle social de la cigarette ! Rassurez-vous, je ne milite pas pour la liberté de la cigarette partout !

Prochain épisode : Strasbourg, forum des apprentissages libres et autonomes - épisodes précédents - L'alternative

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