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Le blog de Bernard Collot
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12 mars 2025

Le mal-être dans l'école comme dans la société

Lorsque les médias d’information mainstream ont terminé de déverser ce qui est devenu le politiquement correct, c’est alors le déferlement des émissions sur retrouver l’épanouissement au travail, le développement personnel, le bien-être ici ou là, etc. Sans compter toutes les émissions sur la santé, guérir ceci ou cela, prévenir ceci ou cela, etc. Et rajoutons : comment bien élever son enfant, comment bien manger, comment bien dormir, etc. etc. Sans compter le fleurissement de coach en tout genre. Plus une société riche est malade, et plus vont s’accroitre les dépenses dans les systèmes de santé et paradoxalement plus les profits du privé vont s’accroitre et plus les fonds publics vont diminuer. Être actionnaire dans une multinationale de produits pharmaceutiques devient plus intéressant que de l’être dans une multinationale pétrolière. Le mal-être général fait augmenter le PIB ! Ce qui est sûr, c’est que notre société n’est pas près de guérir de tous ses maux.

J’en reviens à mon sujet de prédilection, les enfants et l’école.

Il est relativement récent que de plus en plus de parents se préoccupent de la façon dont leurs enfants sont traités à l’école. Le scandale Bétharram a bizarrement surpris toute une classe politique aveugle. J’en ai déjà fait un podcast. Mais pratiquement jusqu’à nos jours il était admis que les enfants devaient être plus ou moins « dressés » ou « redressés » à l’école. L’ex ministre de l’Éducation nationale Gabriel Attal l’a même réaffirmé récemment. Personne n’avait rien à dire sur les « méthodes » employées : liberté pédagogique n’a-t-on cessé de proclamer.

Aujourd’hui, fleurissent également les psys et coachs spécialisés pour les enfants traumatisés par l’école, leur redonner envie d’y aller, les aider à ne pas sombrer dans la peur du scolaire, à gérer tout ce que l’école leur demande, etc. Et l’épanouissement et le bien-être de l’enfant sont devenus la demande d’un nombre croissant de familles et un des principaux points mis en avant par les écoles alternatives laïques. C’est nouveau et réjouissant.

Pour les adultes on se préoccupe uniquement de l’épanouissement personnel et on a intérêt à être assez aisé pour se « payer » une sorte de thérapie et éventuellement changer de vie. Mais les enfants, eux, dépendent totalement du milieu où ils sont bien obligés de vivre, leur famille et l’école. Leur épanouissement personnel et leur bien-être dépendent donc totalement de l’épanouissement et du bien-être du groupe avec lequel ils vivent.

C’est cette problématique qui devrait être celle de toutes les écoles. Et c’est là que des ingrédients considérés habituellement comme secondaires deviennent essentiels : liberté, autonomie, respect des rythmes biologiques et cognitifs, coopération, absence de compétition, de concurrence et de hiérarchisation des valeurs, etc.

Dans une société sans école telle l’a décrite Yvan Illich, cela ne poserait aucun problème. Mais nous en sommes très loin. Il faut arriver à insérer, dans une société qui est celle de l’asservissement quasiment volontaire du plus grand nombre, un espace social ou une microsociété qui ne soit pas immédiatement broyée et éliminée par les institutions. C’est ce à quoi sont confrontés toutes celles et tous ceux qui essaient de pratiquer des pédagogies alternatives dans l’école publique, toutes les écoles alternatives hors contrat.

On peut dire que cela a été le fil conducteur de tous les podcasts que j’ai publiés à propos de l’école du 3ème type ainsi que de tous mes écrits. Prouver d’abord que, ce qu’on continue d’attribuer à la seule école, c’est-à-dire les apprentissages dis fondamentaux, se construisaient beaucoup mieux hors des contraintes, dans le plaisir et l’intérêt, dans l’entraide et la mutualisation, dans la connaissance et la reconnaissance des uns et des autres… ce que les Socrates, Montaigne, Rabelais, Rousseau, Freinet et bien d’autres ont dit depuis longtemps. Ensuite démontrer que c’était dans cette nécessaire auto-organisation sociale que se construisait une vraie conscience sociale qui permettait à chacun d’être et de faire parmi les autres et avec les autres.

Tout cela a été élaboré avec et de par le vécu de quelques dizaines d’autres classes uniques, de centaines d’enseignants et d’enseignantes du mouvement Freinet, pendant des dizaines d’années. Il me semble que l’on pourrait attribue une certaine valeur à… disons cette école du 3ème type !

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