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Le blog de Bernard Collot
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18 avril 2025

La mainmise de l'État sur tous les enfants

« Dès la maternelle les enfants doivent penser à leur avenir professionnel » En dehors de son absurdité, cette phrase prononcée par Elisabeth Borne, ministre de l’éducation, révèle ce qu’a toujours été pour l’État l‘éducation nationale : la mainmise de l’État et de ses dirigeants sur les enfants et ce qu’ils doivent devenir.

Je l’ai maintes et maintes fois dit, dès son origine l’école publique n’a été que cela. Faire de bons sujets de sa majesté et de bons catholiques sous Guizot, de bons républicains sous J. Ferry, de bons ouvriers obéissants sachant lire un mode d’emploi sous la 3ème république, de bons futurs poilus avant 1914, de bons travailleurs s’adaptant à la mobilité et aux délocalisations et des obéissants absolus (Attal et Cie).

Au début l’emprise ne débutait qu’à 6 ans pour s’interrompre à 14 ans. En milieu rural il était même admis l’absence pendant certains travaux agricoles. D’ailleurs c’était l’instruction qui était officiellement obligatoire. Aujourd’hui, c’est dès 3ans et ce jusqu’à 16 ans, et même de facto jusqu’à 18 ans, c’est-à-dire à l’âge adulte, que la scolarité est devenue obligatoire.

Il faut bien comprendre ce qu’est en fait la scolarité obligatoire : l’arrachement quotidien de l’enfant à sa famille et à son environnement pour le « parquer » dans ce qui s’apparente à des stabulations où il est censé « apprendre » ce qu’un humain doit savoir pour vivre dans la société telle elle est devenue.

Bien avant Yvan Illich (pour une société sans école) nombreux ont été les grands penseurs pour dénoncer ce qu’étaient en fait ces usines à enfants, sans que cela soit entendu. On peut admettre que dans la société telle elle est devenue où les deux parents sont, pour la plupart, obligés de s’employer hors de leurs domiciles pour faire vivre leurs familles, il soit nécessaire d’offrir des lieux où leurs enfants puissent aller pendant leur absence. Mais ces lieux pourraient être tout autre. Depuis plus d’un siècle les pédagogies actives, Freinet, Montessori, appelées encore pédagogies nouvelles ( !), aujourd’hui les écoles alternatives, ont montré que non seulement cela était possible, mais aussi qu’on y apprenait beaucoup mieux et en s’épanouissant que dans l’école traditionnelle, ce qui est officiellement le rôle de l’école. Logiquement elles auraient dû être généralisées, à l’inverse elles n’ont cessé d’être contrecarrées par l’Éducation nationale, ses instructions et son administration. Il n’y a pas d’autres raisons, intellectuellement compréhensibles, qu’alors l’école deviendrait un peu trop… émancipatrice.

Dans de nombreux textes et podcasts comme celui dont je vous mets le lien en commentaire (Le système éducatif, outil de conditionnement) j’ai expliqué comment, sans que la plupart des enseignants y soient pour quelque chose, l’école conditionnait les enfants à devenir les adultes tels que la société et ses dirigeants voulaient qu’ils deviennent.

Dans sa déclaration, la ministre Elisabeth Borne n’a fait qu’avouer ce qu’était en réalité la fonction de l’école. Cela a fait un peu réagir. Même les plus stupides se rendent bien compte de l’imbécilité de penser qu’un enfant de 3 ans puisse se préoccuper de ce qu’il deviendra plus tard. Malheureusement on s’est contenté de ne voir que l’incompétence d’une ministre sans se rendre compte que l’école est bien faite, dans toute sa conception et son organisation, pour alimenter par la suite la main d’œuvre, voire la chair à canons, dont cette société capitaliste, mondialisée et dite libérale a besoin. Pour cela, l’école fonctionne très bien.

Je sais bien, qu’après beaucoup d’autres et avec d’autres je crie dans le vide ! C’est vrai que s’accumulent les préoccupations plus urgentes, que grandissent les dangers de la folie des dites grandes puissances, que s’amplifie le sentiment d’impuissance. Pourtant, si l’on veut que nos sociétés humaines cessent de s’autodétruire, il faudra bien se pencher sur les causes des causes. L’école en est une.

Dans le podcast de ce texte (ci-dessous), j'ai ajouté l'enregistrement de l'interview d'Albert Dupontel sur une chaine publique.

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