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Le blog de Bernard Collot
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11 décembre 2010

Rythmes scolaires, encore !

Et allez, les serpents de mer ont la vie dure, revoilà la semaine de 4 jours, comme par hasard dans la foulée de PISA ! J’ai l’impression de radoter sur ce blog ! C’est plus intéressant d’aller discuter au bistrot du coin que d’écouter les sempiternels experts des médias.

Ah ! Braves gens, les journées des enfants sont chargées. À moins d’être borné, on a tous compris, on est tous d’accord. Alors, qu’est-ce qu’on propose ? On ne change rien à leur longueur, à ce qui s’y passe, à ce qu’on y fait et surtout à ce qu’on ne peut pas y faire… et on en rajoute une couche, une demi-journée de plus… pour faire la même chose ! Les enfants sont en difficulté dans la longueur de cette journée et de par ce qu’on leur y fait faire ? Et allez ! On leur rajoute une couche de soutien scolaire ! Ils n’en font pas encore assez pendant ces journées ? Et allez ! On leur rajoute une heure ou deux de devoirs à faire à la maison en plus ! Mais on s’égosille : les enfants sont fatigués ! Il ne vient même pas à l’idée qu’en plus, ils en ont marre de ce qu’ils font comme des robots ! Cela, c'est ce qui fatigue n'importe qui, surtout quand c'est à dose continue pendant une quinzaine d'années. L'ennui.

La journée scolaire est trop longue. Tout le monde ou presque est aussi d’accord mais il faut bien caser le programme, le fameux programme, quelque part ! Si on raccourcit la journée, il faut donc en augmenter la densité ! Ou augmenter le nombre de journées, diminuer les vacances ! CQFD ! Dans les faits, tout le monde a pu constater que cela ne modifiait pas grand-chose dans la densité des journées et dans ce que l’on y faisait faire. On augmente simplement encore le temps scolaire que par ailleurs on voudrait diminuer ! Le problème est traité de la même façon que dans l’industrie lorsqu’une machine n’arrive plus à produire une quantité d’objets commandés. La fait-on tourner jour et nuit, mais elle risque de trop chauffer. Diminue-t-on ce qu’on lui demande de produire (des programmes !) mais on craint alors que les objets ne soient pas vendables. La laisse-t-on se reposer de temps en temps mais alors on perd le temps où il faut qu’elle se chauffe à nouveau (ce qui a été dit à propos des coupures du mercredi, du WE et des vacances !).

Et puis, si on raccourcit la journée d’école, qu’est-ce qu’on fait alors des mômes ? Nous sommes dans une société qui ne fonctionne que pour alimenter une autre machine appelée économie et son PIB. Parce que le problème soulevé par le rythme des enfants c’est aussi celui d’une grande majorité de la population condamnée à travailler plus pour gagner moins… ou condamnée à chercher du travail pour gagner un minimum. Le temps des enfants ne peut même plus s’insérer dans le temps des parents… qui n’en ont plus. La fatigue des uns se rajoute à la fatigue des autres. Il n’y a plus de rythme pour personne.

En supprimant les « 35 heures » qui ont parait-il mis à bas l’économie on a, parait-il aussi, sauvé ladite économie et amélioré le pouvoir d’achat comme chacun a pu le constater. Ces « 35 heures » n’étaient certes faites que pour un pays de fainéants (il se disait la même chose lors de la réduction de la journée à 8 heures, lors de l’instauration des congés payés…). Il n’empêche que bon nombre de ces fainéants pouvaient consacrer un peu de temps à s’occuper de ses enfants, et même d’en profiter.

L’accueil périscolaire, cela coûte ! Et puis quand cet accueil est fait dans les mêmes locaux scolaires, souvent pour y prolonger encore l’école dans des « aides aux devoirs », dans les mêmes relations, on peut dire que ce n’est que du temps scolaire dissimulé. Ce n’est pas ce que j’appelle du temps d’enfant, c’est encore du temps d’élève. Il est symptomatique que lorsque des associations comme Intermèdes de Longjumeau que j’ai souvent citée, conçoivent autrement le temps et l’espace mis à disposition des enfants (et des adultes) pour une autre façon de vivre, elles ne soient pas aidées, voire étranglées par ceux-là mêmes qui prétendent résoudre les problèmes résultant de l’organisation sociale (encore l’exemple de Longjumeau).

J’ai interloqué il y a quelques années un journaliste qui voulait me faire dire des choses intelligentes à propos de la même question récurrente, en lui disant que dans la conception du système éducatif tel qu’il est, moins il y a d’écoles, mieux cela vaut pour les enfants ! Il a pris cela pour de la provocation, cela n’en était pas tout à fait. Ce d’autant que par ailleurs je préconisais l’école permanente !

Dans la conception actuelle de l’école, il n’y a pas de solution aux problèmes des rythmes scolaires, de l’évaluation, des notes, du redoublement, des enfants dits en difficulté, de l’échec scolaire (échec de l’école !), du collège unique…

Tant que l’on ne se sera pas posé cette question de la conception de l’école comme de ses finalités, de la conception de la construction des apprentissages que j’appelle construction des langages, pendant des décennies comme dans les décennies précédentes, chaque année les mêmes débats reviendront sur le tapis… sans solution.

Commentaires
B
Il faut que je réduise les chroniques à 7 minutes !<br /> Dans le mouvement freinet il y a bien deux tendances de pratiques qui se sont développées dans les trois ou quatre dernières décennies :<br /> La "recherche mathématique" qui engage les enfants à tâtonner dans la langue mathématique pour en découvrir reconstruire les éléments, les logiques, les notions. C'est la plus ancienne qui a l'instigation de Bernard MONTHUBERT entre autres a produit de très nombreux outils.<br /> L'autre, un peu plus récente,sous l'impulsion de Paul LE BOHEC (décédé il y a deux ans)s'intitule "création athématique". La différence c'est qu'au départ les enfants sont incités à s'amuser avec les objets mathématiques, voire à en inventer (par exemple inventer des systèmes de numération),et c'est à partir de leurs inventions (textes libres mathématiques)qu'ils ajustent leurs constructions mathématiques, également dans un tâtonnement expérimental. <br /> Mais dans la pratique la différenciation entre les deux est assez floue. Le chantier mathématique de l'ICEM animé par Monique QUERTIER, Rémi BRAULT, Rémi JACQUET et quelques autres est à visiter sur le site de l'ICEM-pédagogie freinet : http://www.freinet.org/icem/math/
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S
Puisque la conversation a dévié sur les maths et les chroniques audio, je me demande pourquoi dans ta dernière chronique tu as cité le calcul vivant et les recherches mathématiques dans le mouvement freinet, mais tu as omis chez eux la création mathématique, la méthode naturelle ?
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B
Pour Balag :<br /> J'ai abordé le problème du langage mathématique dans "une école du 3ème type ou la pédagogie de la mouche". Je l'ai repris et développé dans un bouquin actuellement chez les éditeurs, "l'école de la simplexité". Je ne sais pas encore quand il paraîtra.<br /> Pour être au courant des nouvelles chroniques, on peut s'inscrire dans la liste de diffusion (bandeau de gauche sur le site. Mon site est un vieux site, fait à l'ancienne, et je ne sais pas comment y mettre un flux !!)<br /> <br /> Pour Claude,<br /> c'est aussi sur le site et dans les bouquins pré-cités que j'explicite une autre conception de l'école qui n'est d'ailleurs que dans le prolongement des pédagogies freinet, actives... en poussant la logique à son terme. Il ne s'agit pas d'une théorie a priori, mais plutôt a posteriori d'un long cheminement en classe multi-âge qui a conduit à une école sans leçons, sans cahiers, sans évaluations, sans programmes... d'où les enfants sortaient tout en suivant normalement au collège. <br /> <br /> Pour dubitateur<br /> Pour arriver au même résultat (qui n'est que purement quantitatif et n'indique en rien les capacités créatrices,exploratrices,inventives, citoyennes... développées ou inhibées), il y a bien deux voies. Donc 2 choix.Mais PISA n'indique pas les conséquences collatérales ! A noter que PISA arbitre une compétition entre Etats. Il s'agit de conquérir des marchés !<br /> Si la course effrénées des coréens (semblable d'ailleurs du sud ou du nord)est dans la logique tayloriste de la transmission industrielle des connaissances,le fait que les petits finlandais aboutissent à des "résultats" équivalents trouble nécessairement. Les choix des systèmes éducatifs sont bien aussi liés à ce que l'on veut "produire" pour les uns, favoriser et aider pour les autres. Ils sont bien politiques, ce que personne n'ose dire.
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B
Mon commentaire n'est probablement pas situé au bon endroit puisqu'il concerne les chroniques audio.<br /> j'ai trouvé très intéressantes les chroniques audio sur lesquelles je suis tombé par hasard. Le mathématicien que je suis (pas prof de math mais "mathématicien professionnel" !) a été interpellé par les quelques chroniques concernant les maths, en particulier la dernière (émission 15). J'avoue que je ne m'étais jamais trop posé la question des maths dans l'école. Elles prennent un nouvel aspect dans la vision que vous en donnez et les exemples qui étayent vos propos sont très parlant pour un mathématicien.<br /> Avez-vous produit des écrits concernant les maths, j'aimerais bien les connaître. <br /> Coment peut-on également être informé de la publication de nouvelles chroniques ?<br /> merci.<br /> <br /> PS : la qualité son des chroniques n'est pas terrible. Il serait intéressant qu'elles soient reprises par une radio quelconque et rendues plus propres par des techniciens, elles le méritent.
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D
mais les coréens, eux, ont bien poussé au contraire au maximum ! les mômes travaillent même la nuit ! et ils sont les plus forts !
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