Petites écoles : l’idéologie concentrationnaire, de droite ou de gauche, sévit de plus en plus fort.
Cette fois, c’est tout le département du Lot qui est visé.
L’Education nationale est de moins en moins éducative, de moins en moins démocratique.
L’indignation individuelle ne suffit plus, rejoignez celles et ceux qui s’élèvent contre l’absurdité aveugle le 15 novembre à 11h, place Gambetta à Cahors (BC)
d'autres billets rappelant une très longue lutte
Billet invité : Jean Pauly[1] (sous le billet l’historique communiqué par le collectif)
L’école rurale a des promesses qu’elle doit pouvoir continuer à faire fructifier. Ce serait un immense gâchis que de s’en priver. Malheureusement, les logiques de gestion et l’aveuglement des décideurs - ils ne savent pas voir - et l’autoritarisme – ils ne savent pas écouter – nous y mènent tout droit.
Il y a un slogan que j’aime bien : « l’école rurale, une école à échelle enfant ». Mais aussi à « échelle parents » ou à « échelle citoyen » parce que propice à réunir tout le monde (et aussi les élus) pour une même cause. Ce n’est pas dans un Bloc Scolaire de deux cents élèves – ni dans une ferme à mille vaches – qu’on y arrivera.
La situation est gravissime. Elle nous renvoie 20 ans en arrière (à l'époque du rapport Mauger *) comme si toutes ces années de colloques, d'argumentations, d'études et de pratiques alternatives n'avaient servi de rien.
Vous avez lu dans l'historique ci-dessous qu'il est question (en tout cas on y réfléchit) de supprimer les écoles à une, deux, trois classes du département parce que ce n'est pas « l'école de demain » - je reprends l'expression.
La ministre le dit clairement dans une réponse qu'elle lit à l'Assemblée nationale la semaine dernière. Il ne s'agit donc pas d'une affaire seulement locale.
Beaucoup d'entre nous penseront que tout ça est perdu d'avance.
Un des animateurs du collectif (artisan photographe à Puy L'évêque) parle dans ces interventions du BONHEUR. Non qu'il croit à la victoire immédiate, ni à l'avènement d'une société idéale. Mais parce qu'on ne peut être heureux sans espérer...
Honnêtement, je suis assez pessimiste - la situation générale, on le sait, est catastrophique - mais ça ne m'empêche d'avoir été "heureux" l'autre soir. Cent personnes à Montfaucon représentant quasiment tous les cantons du département. Beaucoup d'élus et de parents; très peu d'enseignants. Beaucoup de jeunes parents beaux et belles.
42 communes du département ont voté une motion de refus. 2600 personnes ont signé une pétition papier.
Le collectif est organisé de façon "citoyenne" (pas de banderoles syndicales ni politiques à la manifestation).
Les gens sont très divers : néos et archéos; jeunes et vieux... et de tous les milieux.
Seuls syndicats enseignants associés : la fsu et la cgt - sgen et unsa sont pour "l'école de demain" !.
Je soulève plusieurs lièvres :
* Ce qui nous vient est l'effet direct des politiques économiques centrales (dictées par Bruxelles).
*le modèle historique de l'école en France (exceptionnel en Europe) - une école par commune - déjà moribond est en voie d'extinction complète.
*l'idéologie de la modernisation par concentration - les grosses communautés de communes, les métropoles, les super-régions, les fermes aux mille vaches - bat son plein.
*cette affaire est d'abord une question de vie sur le territoire; la plupart des écoles menacées sont en RPI... doit-on pour autant laisser tomber au nom des méfaits pédagogiques de ces RPI ?
*cette affaire est bien sûr une question d'orientation politique : quel développement? quelle croissance ? comment ? où ? pourquoi? et dieu dans tout ça ?!
Jean Pauly
Historique du mouvement :
Le 18 juillet 2014, les maires lotois des communes possédant des écoles reçoivent un courrier du DASEN, leur stipulant la nécessité de réorganiser la totalité des RPI du département. en privilégiant le regroupement.
Pour les élus, cela annonce la fermeture à court terme d'écoles rurales au profit de centres Scolaires de grandes dimensions, ceci pour redistribuer des postes en réponse aux besoins croissants de Toulouse et du Tarn et Garonne...
En septembre 2014.
- Mi septembre, 3 réunions à Cahors, Figeac et Gourdon, lors desquelles le DASEN, Guillaume Lecuivre, rencontre les élus. Cela permet de voir que la grande majorité des élus est hostile à ce projet, de plus, des citoyens, parents d'élèves et élus se mobilisent et occupent le parvis de la mairie de Cahors avant et pendant la réunion, pour faire connaître leur opposition au projet.
- Fin Septembre, début octobre, des réunions par bassin sont organisées par les IEN (Inspecteurs de l'EducationNationale) avec les élus concernés. Contrainte par les forts besoins en postes de Toulouse et du Tarn et Garonne, I'Inspection Académique du Lot demande une restructuration en plus gros RPI, dans l'idée de pouvoir négocier avec la rectrice le maintien des postes (sans aucune assurance que ça fonctionne !). Mais cette restructuration fragilise de fait le maintien des petites écoles de village, on devine la volonté de la rectrice sur notre département : réduire le nombre d'écoles à 1 ou 2 classes dans le LOT.
Les élus sont informés qu'ils doivent d'ici le 15 novembre, se positionner, sinon ce sera la décision de l'académie qui sera appliquée avec des suppressions de postes encore plus importantes. Les élus doivent faire une lettre d'intention de rentrer dans la démarche proposée... « on nous demande de nous entretuer » s'insurge un élu à la sortie d'une de ces réunions...
- Pour la Sauvegarde des écoles de village du Lot, un appel aux élus Iotois est lancé, bientôt renforcé d'une motion à voter en conseil municipal (49 communes l'ont déjà votée), ainsi qu'une pétition qui circule également pour que chaque citoyen puisse exprimer son opposition au projet (2500 signatures recueillies au 9 nov 2014).
- Le 11 octobre, la députée Dominique Orliac questionne Ia Ministre de l'Education Nationale lors des questions au gouvernement, au sujet de la réforme en cours, et de l'avenir des écoles rurales du département du Lot.
En réponse, la Ministre veut bien garantir le maintien des postes pendant 3 ans, mais avec la contrepartie de la réduction du nombre d'écoles à 1, 2, ou 3 classes pendant ces 3 ans...
Sur les 222 écoles que comporte le LOT en 2013, ce sont plus de 179 écoles qui sont concernées par la fermeture annoncée, soit 80% des écoles du département !!! Jamais la fermeture d'autant d'écoles n'aura été ainsi envisagée !
- Le 28 novembre, la rectrice négociera avec la ministre le nombre de postes pour l'académie, et donc pour le département du LOT.
Avant cela, la députée Orliac remettra en main propre à la Ministre Vallaud Belkacem les pétitions et les motions recueillies.
Aujourd'hui, plus de 49 communes ont voté la motion, plus de 2500 citoyens ont signé la pétition.
Nous pensons qu'il est temps d'informer massivement la population du LOT lors d'une grande manifestation, prévue le 15 novembre à 11h, place Gambetta à Cahors.
Collectif Citoyen de Sauvegarde des Ecoles de Village du LOT/ ccsev.over-blog.com / ccsev46@free.fr
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[1] Jean Pauly, instituteur à la retraite, a participé à toutes les bagarres menées dans les années 90 contre l’éradication des petites écoles (nous étions quand même arrivés à obtenir un moratoire… supprimé en 1995 par Ségolène Royal). Il a été un des animateurs de la Fédération Nationale de l’Ecole Rurale, il est aussi écrivain, musicien et poète (Maurice Campagnolo, éd. Odilon)
* En 1989, sous le ministère de Jospin, un rapport de trois pages condamnait toutes les petites écoles de 1 à 3 classes et déclenchait leur éradication.