Lettre ouverte à France insoumise à propos de l'école
Je n’ai pas encore vu les propositions de France insoumise sur l’école, mais le peu que j’ai entendu de JLM me laisse perplexe (en particulier sur son éloge… du bac !).
Vous avez dû remarquer que lorsqu’il s’agit de l’école, même les communistes de l’URSS ont conservé strictement la même école d’État que les capitalistes ! La même chaîne industrielle tayloriste scolaire !
- Le premier point qui me semble fondamental c’est d’en définir une seule finalité. Sans ce premier point, tout le reste ne peut qu’être ambigu. Vous savez comme moi les finalités qui lui sont attribuées par les États successifs, depuis la création d’une école publique. Si vous ne sortez pas des finalités plus ou moins idéologiques, vous ne ferez jamais changer l’école et n’arriverez jamais à obtenir un consensus. Nous ne sommes qu’une espèce animale parmi les autres, or dans toutes les espèces animales, la seule finalité de l’éducation est de rendre les petits autonomes, autonomes dans des interdépendances pour les espèces sociales (mais nous n’en sommes encore qu’au stade grégaire !). J’insiste depuis des années sur le problème de la finalité dans mes ouvrages ou dans mon blog (finalités), en pure perte.
- Le second point serait de vous pencher enfin sur, non pas « comment les enfants apprennent ?» ou « comment apprendre aux enfants ? » ou « Que doit-on apprendre aux enfants ? », mais sur « quelles sont les conditions pour que tous les enfants se construisent en adultes autonomes disposant des outils de l’autonomie ». Ces conditions balaient toute la conception actuelle de l’école. On les connaît ces conditions, la voie a été ouverte depuis plus d’un siècle par de nombreux pionniers. Je m’y suis consacré dans 40 années de pratiques en classe multi-âge (que j’ai appelée « école du 3ème type) et dans mes ouvrages et dans mon blog. La cause des causes n’est pas idéologique.
- Mais en se penchant sur les conditions et en les permettant on arrive alors à une école réellement révolutionnaire ! (l’école du 3ème type est-elle révolutionnaire ?) Peut-être est-ce d’ailleurs pour cela qu’on ne veut surtout rien changer. Exemple : alors que les classes uniques ont démontré, selon les travaux du ministère lui-même, qu’elles étaient plus efficientes quant à leurs résultats supérieurs à la moyenne nationale, imperturbablement tous les gouvernements s’acharnent à les éradiquer dans l’indifférence absolue, y compris des partis dits de gauche ou dits révolutionnaires. Vous devriez également vous pencher sur les principes qui guident la plupart des écoles alternatives laïques qui se créent aujourd’hui et auxquelles un nombre croissant de parents et d’enseignants aspirent (voir cet appel qui sans publicité et sans appui a déjà obtenu plus de 22 000 signatures).
- Autrefois j’avais posé ces questions aux candidats. Peut-être devriez-vous vous y pencher.
- Il n’empêche qu’après avoir enfin une perspective à atteindre, il vous faudra bien élaborer et proposer une transition. Mais il ne faut pas confondre le but à atteindre et ce qui permet de l’atteindre… quand on connaît et annonce le but. Dans l’exemple finlandais, on ergote sans cesse sur « oui, mais la Finlande ce n’est pas la France ! » D’abord cela voudrait dire que les petits Finlandais ne sont pas de même nature que les petits Français ! Ensuite et surtout, on ne veut pas voir le processus intelligent et qui a duré plusieurs dizaines d’années qui a conduit la Finlande à un système éducatif non seulement efficient, mais enfin humaniste. Mais les Finlandais savaient ce qu’ils devaient faire de l’école et pourquoi.
- Mais peut-être vais-je découvrir en lisant vos propositions que vous saviez tout cela ! La France insoumise ne peut pas soumettre ses enfants à l’absurdité, ne serait-ce que parce qu’elle-même y a été soumise et formatée.