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Le blog de Bernard Collot
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15 mai 2018

Réhabiliter la lettre qu’apporte le facteur.

photo couverture-blog

Pendant une quarantaine d’années, nous avons tous les jours, les enfants et moi, attendu… le facteur. Et pratiquement tous les jours il y avait du courrier, même lorsqu’à partir de 1983 il y avait aussi les messages qui tombaient sur l’écran du minitel puis des ordinateurs.

Ah ! Ces lettres ! Individuelles ou collectives qui provoquaient de l’émotion pas seulement par leurs mots mais aussi par leurs agencements, leurs couleurs, les dessins qui faisaient bien plus que de les décorer et qui racontaient, faisaient ressentir ceux qui écrivaient. Les grandes lettres collectives, écrites sur le dos d’affiches récupérées, qui dégoulinaient d’affect coloré autant que d’informations, affichées jusqu’à couvrir les murs et qui maintenaient la présence des autres en permanence avec nous, auxquelles on se référait souvent… pour leur causer à nouveau. Il y avait aussi les lettres d’un Jean Rostand, parfaitement calligraphiées, celles d’un Albert Jacquard avec son écriture en pattes de mouche, et bien d’autres qui répondaient aux enfants et qui émouvaient d’ailleurs plus le maître que les enfants eux-mêmes.

Lorsque nous avions correspondu pendant plus d’un mois avec un marin de la Calypso du commandant Cousteau en expédition sur la barrière de corail australienne, les enfants lui envoyaient de grandes lettres collectives avec des dessins, des recommandations des petits (Fais attention aux requins ! As-tu le mal de mer ?...). Celles-ci lui arrivaient par hélicoptère sur le pont du bateau à peine quelques jours après. Il les affichait dans sa cabine ou dans le carré et toute l’expédition était intriguée par ces missives colorées. Et il répondait par de longues lettres dignes de la littérature épistolaire[1].

Oui, une lettre est porteuse d’un tas de choses que l’on ignore, que peut-être celui qui l’écrit ignore aussi. C’est bien un morceau de soi-même qui est transmis, reçu, les enfants ne s’y trompaient pas quand ils conservaient précieusement leur courrier personnel, qu’ils léchaient la réponse avec différents feutres de couleur, en y collant images ou photos, parfois en y joignant un petit bout de quelque chose dont eux seuls savaient pourquoi c’était important. La musique de la lettre. Et on n'écrit pas pour faire de l'orthographe !

Ne vous privez pas de l’attente du facteur qui aurait autre chose à vous apporter que des factures ! 


[1] J’ai raconté cette aventure dans « la fabuleuse aventure de la communication » thebookedition.com

Commentaires
V
Je suis enseignante en CP depuis plus de 20 ans. Ce texte me touche beaucoup car il réveille également des souvenirs d'élève en moi. J'ai inséré l'ordinateur dans ma vie de classe mais nous continuons à écrire de jolies lettres et à en recevoir. Pas toujours dans des moments joyeux mais aussi pour partager notre quotidien (Nous avons perdu l'année dernière un chauffeur de bus et nous avons écrit à sa femme qui a été beaucoup touchée). La lettre a un pouvoir que le mail n'a pas. J'aime encore guetter le facteur chaque midi et quelle joie de recevoir du courrier!
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F
Bonjour!<br /> <br /> Je vais essayer de partager un petit bout d'expérience alternative à Perignac dans le sud Charente!<br /> <br /> Je pense qu'il faut commencer petit, faire des propositions, des invitations, et puis laisser les enfants s'emparer rapidement de ces canaux d'expression et d'échanges, finalement si naturels, puis les accompagner au début dans les moyens de mise en œuvre (ici ils répondent au téléphone, vont chercher le courrier, ont accès à internet, déjeunent parfois avec les gens du village...). Ainsi les enfants ont échangé récemment des conversations téléphoniques avec un parent d'élève en pleine traversée de l'Atlantique à la godille, puis des courriers à son arrivée ! Une belle aventure! Et puis l'assistante en service civique de l'an dernier est partie fille au pair aux États Unis, naturellement une correspondance est née avec les enfants qu'elle accompagne ... Il y a toujours de quoi faire autour de nous, très près, avec qui nous sommes! Nous avons aussi la chance d'être dans un petit village, et commençons après 2 ans d'ouverture de l'école à installer des échanges avec les anciens du village sous différentes formes...<br /> <br /> Cette année les parents ont été à l'initiative de "courriers mystères" pour les educs et les enfants en envoyant à tout de rôle chaque jour en décembre une carte personnalisée avec une pensée, un poème, un dessin, une recette etc. comme "calendrier de l'avent"... Bien sûr la joie est encore plus grande quand on laisse l'accès à la boite aux lettres aux enfants!<br /> <br /> Les enfants ont commencé à poster leurs textes et expériences sur leur journal (un petit espace pour le moment sur le site de l'asso..)<br /> <br /> Et il ne s'agit finalement que d'accueillir la vie dans l'école, s'intéresser aux enfants, à ce qu'ils vivent, leur permettre des espaces temps pour raconter leurs expériences de vie et alors là on découvre une source formidable!<br /> <br /> <br /> <br /> (Bernard, y aurait il sur le blog, tes partages autour des espaces? Les langages et leurs mises en place? Comment démarrer une rentrée du 3ème type?... ;-) )<br /> <br /> <br /> <br /> MERCI!!
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P
Comment faisiez-vous pour avoir des correspondants ?
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P
J'ai lu le document que vous avez publié aussi sur thebookedition (un autre journal scolaire, outil et reflet de la communication). Je comprends pourquoi vous dites que vous ne vous préoccupiez plus des apprentissages, même dans une école publique. Comme Gilbert je suis vraiment impressionné. Comment arriver à cette ambiance aussi riche que décontractée dans l'école publique aujourd'hui ? Peut-être dans les écoles alternatives ? S'il y en a parmi elles qui lisent ce blog pourraient-elles nous dire comment elles font et si elles en arrivent à ce point.
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G
Avez-vous conservé des cassettes, des vidéos ?
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