Structures dissipatives
Je poursuis mes compléments théoriques. Le problème des structures est particulièrement d’actualité pour ce qui concerne le mouvement des Gilets jaunes par exemple. Les ateliers constituants auront aussi à s'interroger sur ce que permettrait une structure (Constitution) qui mettrait en interaction harmonieuse une multitude d'autres "systèmes vivants" (citoyens, collectivités, etc.). On peut même aller plus loin avec la mondialisation celle-ci ne pouvant être un fait avéré que par le développelment des moyens de communication et pas par l'emprise de macrostructures hégémoniques.
Structure dissipative
Tout système vivant n’existe, ne perdure, n’évolue, que par sa structure qui met en relation et en interaction ses éléments constitutifs. La structure des systèmes vivants est une « structure dissipative[1] » qui leur permet de s’adapter, d’évoluer, de se complexifier suivant leurs perturbations internes et les perturbations externes de leur environnement. Le terme de perturbation n’ayant pas de sens péjoratif, c’est ce que le biologiste Henri ATLAN appelle « le bruit ». Un enfant est un système vivant, tous les systèmes sociaux devraient être des systèmes vivants, les écosystèmes qu’ils forment devraient être des systèmes vivants.
Comme nous considérons l’école en tant que système vivant, l’importance première est celle de sa structure dissipative devant permettre l’interaction, l’interrelation et l’interdépendance entre enfants, entre enfants et adultes (parents, éducateurs, enseignants, secrétaire, cantinière, habitants...), la communication et l’interaction avec l’environnement social et physique, l’auto-organisation, la complexification. Elle est nécessairement évolutive.
En ce qui concerne l’école, nos recherches et nos tâtonnements avaient abouti à la mise en place de ce que j’ai appelé un embryon de structure composée d’ateliers permanents, d’une réunion quotidienne, de tableaux de bord, des ouvertures et outils de communication permettant l’entrée et la sortie des informations, d’outils et de dispositifs permettant la mémorisation collective et matérielle des informations produites (voir annexes). Mais, si les squelettes de ces structures dissipatives étaient relativement semblables, elles se complexifiaient ensuite suivant la vie de chacune et de chacun de leurs éléments (enfants).
Mais, en allant plus loin, c’est l’ensemble du territoire où est incluse l’école qui doit lui aussi se constituer en système vivant avec une structure aussi dissipative. C’est ce que nous avons pu vivre dans l’expérience (en tant que vécu) dans le village qui a été en quelque sorte notre laboratoire. Et, au-delà, c’est tout le système éducatif qui doit se constituer en un système vivant fait de systèmes vivants autonomes, avec aussi une structure dissipative. Et, évidemment, toute la société.
Annexes : Les schémas suivants ont été réalisés a posteriori dans des échanges ou rencontres. Ils nous permettaient de mieux comprendre des fonctionnements différents, de situer parfois pourquoi et où le système vivant n'était pas encore vivant (trop compliqué, trop rigide, etc.) : schéma d’une structure dissipative d’une classe unique – schéma de la structure du réseau de la même classe unique - schéma de la structure parents/école - 8 autres autres exemples et encore ici, là, ou là . Le texte d'introduction à cette pratique de la shématisation
C'est dans "l'école de la simplexité" que j'ai le plus développé cette notion de systèmes vivants et de structure
[1] Nous devons cette expression au physicien Ilya Prigogine. En physique une structure devant maintenir un système en l’état originel, celle d’un système vivant devait être d’une autre nature, l’état de la vie n’étant pas figé. D’où sa notion de structure dissipative, qui, au lieu de lutter contre la dissipation de son énergie (et de la perdre), utilise cette dissipation comme source de sa réorganisation permanente. Elle s’alimente même de cette dissipation. Une structure classique maintient le système en état constant (c'est le cas de l'école et du système éducatif), une structure dissipative le fait évoluer dans un déséquilibre dynamique.