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Le blog de Bernard Collot
Le blog de Bernard Collot
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16 août 2022

Vous pouvez y aller, dépêchez-vous : les rayons de fournitures scolaires sont remplis !

fournitures

 

Et c’est reparti comme depuis des dizaines d’années : faut pas laisser les familles et leurs mômes s’enfoncer dans l’insouciance (très relative) des derniers jours de vacances, faut les remettre dans l’ambiance morose du retour à la normale : préparez la rentrée scolaire !

Et tous les médias s’y mettent. C’est le rappel qu’il ne faut pas attendre le dernier jour pour se rendre dans les grandes surfaces avec la liste des fournitures scolaires obligatoires, chacuneétablie par chaque enseignant dans l’école républicaine… gratuite depuis son instauration.  Et va falloir faire avec le pouvoir d’achat qui diminue et les coûts de la vie qui augmente, que ce soit pour un paquet de pâtes ou pour des cahiers à spirales ou surtout pas à spirales.

Les associations de consommateurs lançant comme d’habitude leurs alertes, leurs alarmes, leurs calculs ou leurs bons plans, mais ne s’interrogeant à aucun moment sur cette obligation… à l’encontre de la loi qui, il y a plus d’un siècle, à instauré l’école dite publique : chaque commune doit donner les moyens de l’instruction à chaque enfant, l’État a, lui, la charge de la formation et de la rétribution de chaque « maître » (fonctionnaire) devant y dispenser cette instruction dont le même État a défini ce qu’elle devait être. Faut dire que de nos jours tout est obligatoire, même l’achat d’un Smartphone et un abonnement à internet pour déclarer tes impôts, sans qu’il y ait besoin d’une loi, tu as juste le choix de la marque !

L’école c’est comme une entreprise qui demanderait à ses ouvriers ou à ses employés d’acheter les outils, le matériel dont ils ont besoin pour l’accomplissement du boulot pour lequel ils sont embauchés. Les écoliers, collégiens, lycéens, eux, n’étant même pas embauchés ! 

Savez-vous que dans nos classes uniques de 3ème type les familles n’avaient strictement rien à acheter à chaque rentrée ? Même pas le sacro-saint cartable, l’attribut qui transforme le jour fatidique chaque enfant en élève. D’accord, nous n’avions aucun besoin de cahiers, identiques ou différents suivant leur attribution pour être ramassés, corrigés, notés, bien empilés sur le bureau d’un maître ou d’un prof, prêts à être vaguement regardés lors de la visite de l’inspecteur.

Mais bien sûr dans une école il y a besoin d’un tas de petits outils, ne serait-ce que pour écrire. Lorsque nous ne consacrions plus le budget communal à acheter ou renouveler des manuels scolaires pour chaque enfant (je n’ai jamais compris pourquoi des bouquins s’appelaient « manuels » comme si on ne tournait pas toutes les pages d’un livre à la main !), alors nous pouvions permettre aux enfants d’utiliser les vrais outils dont se servent les écrivains pour écrire, les artistes pour dessiner, peindre, composer, les scientifiques pour expérimenter, les mathématiciens ou les ingénieurs et autres architectes pour calculer, mesurer, les bricoleurs pour bricoler, les jardiniers pour cultiver, n’importe qui pour se documenter, apprendre de l’histoire, de la géographie, etc. Ce dont tous les enfants ne pouvaient malheureusement pas disposer chez eux et qui servent à s’instruire, à découvrir, à s’essayer, à faire.

Un exemple : traditionnellement dans la trousse de chaque écolier il devait y avoir une gomme, donc dans les rayons des grandes surfaces tu avais la même gomme qui à la production n’avait pas dû coûter grand-chose mais qui ne gommait pas grand-chose non plus en dehors que très, très vaguement du crayon à papier. D’abord le crayon à papier c’est un outil intéressant, mais surtout pour dessiner si tu peux utiliser toutes les nuances de leurs différentes mines, plus tellement pour écrire si ce n’est à la rigueur pour un brouillon, mais alors tu ne t’embarrasses pas à gommer, tu ratures. D’autre part il est rarissime que tous les élèves d’une classe, même traditionnelle, aient à gommer au même moment. Que dire des doubles décimètres, des compas imprécis qui n’arrêtent pas de s’ouvrir tout seuls, des taille-crayons immanquablement perdus… Ah ! Mais c’est que dans l’école ordinaire il faut exécuter, au même moment, tous la même chose, ouvrir le même manuel, faire le même exercice… et surtout quel bordel si chacun se levait de sa chaise pour aller chercher ce dont tous ont besoin en même temps !

Chez nous, c’était suivant ce que chacun entreprenait à chaque moment qu’il pouvait trouver l’outil adéquat,  une gomme d’architecte, un fusain, un crayon gras, une calculette, un mètre de menuisier ou un décamètre de géomètre, un stock de différents feutres, etc., etc. Rien besoin  d’avoir à soi. Heureusement, ce n’est pas avec un cartable bien bourré qu’ils auraient dû venir à l’école mais avec une charrette !

Comme la mode et la pub en ont rajouté encore une couche tout en rajoutant quelques euros à chaque pièce de la liste en faisant croire qu’elles vont rendre ainsi l’école plus acceptable, au règlement de la note finale les parents vont devoir de surcroît affronter la déception de leurs mômes qui ne pourront pas frimer autant que d’autres.

Bernard ! Ce n’est qu’un détail, « ça a toujours été comme ça, on n’en est pas mort ! C’est pour leur bien ! Faut faire tout ce que l’on peut pour l’avenir de nos enfants ! etc. » Ben voyons, continuez braves gens, ce ne doit sûrement pas être cela qui fait brûler les forêts, baisser le pouvoir de vivre, exploser des bombes partout… Encore que… En êtes-vous certains ?

Commentaires
M
Hé bien je suis prof des écoles dans le public depuis 7 ans, et dans la très grande majorité des écoles où j'ai travaillé (je suis en Bretagne, Finistère puis Ille et Vilaine), il n'y a rien à acheter (sauf le cartable et la trousse, et dans certaines écoles comme celle où je suis en REP+ on recommande de ne pas l'acheter neuf si possible, car les familles ont tendance à vouloir faire plaisir aux enfants et à en acheter des supers à la mode). Maintenant je ne sais pas comment c'est ailleurs, et je déplore le fait que ce soit variable selon les écoles (et selon les régions sans doute). En tout cas pour moi, les fournitures scolaires, tout comme la soit disant "compétition" présente à l'école, sont des faux problèmes. A la rigueur, de ma petite expérience, je trouve que l'école est l'endroit où les enfants sont le plus protégés de la surconsommation, et de la compétition (tellement présentes partout ailleurs !). Je n'en dirais pas autant des contraintes, du manque de plein air, de l'ennui, du fait que l'enfant n'aie pas le choix de ses activités... qui sont pour moi de VRAIES raisons de devoir repenser (ou supprimer) l'école aujourd'hui.
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S
Mais,l'école telle que nous la connaissons,je parle de celle d'aujourd'hui,celle dans laquelle j'ai été,ont été mes parents,et mes grands-parents (puisque nous n'avons pas connu celle des Grecs),a-t-elle été pensée pour être vivante????<br /> <br /> <br /> <br /> Sinon, je n'ai jamais dû m'acheter du matériel au travail...les instits eux oui, y sont amenés parfois.
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C
Certains pédagogues ont parlé du métier de l'élève et de son lieu de travail, l'école, deux qui s'agrandit et débouche souvent sur les devoirs et les leçons à domicile. Il y a une organisation et des outils obligatoires, incontournables qui ne sont pas fournis par l'employeur, l'établissement. Il n'y a pas de syndicat pour mettre en question ces conditions de travail. Il faut passer par là, c'est obligatoire..À tout le moins, on devrait obliger la concertation dans des conseils de classe et des conseils d'établissement.<br /> <br /> <br /> <br /> Il ne faut oublier que le mot école vient de scholè qui en grec était le temps du loisir. Progressivement l'école à côté de sa finalité de transmettre les savoirs est devenu un espace-temps où l'on occupe les enfants; cette dimension de gardiennage est de plus en plus importante.Il faut empêcher l'enfant de vivre dans des espaces en dehors de la maison et de l'école. On considère qu'il y est en danger! <br /> <br /> <br /> <br /> Il faut reprendre l'analyse de l'école dans sa totale dimension plutôt que critiquer tel ou tel aspect. Il y a urgence si l'on ne veut pas que l'école s'éloigne de la vie
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