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Le blog de Bernard Collot
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13 mai 2023

1940-2021 (218) - Épilogue - XX Macrostructures, système fermé et système ouvert.

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Le vécu, puis la théorie.

I – Le vécu

Ce sont bien la classe unique et ses enfants qui m’ont permis de me construire une pensée philosophique et politique. Ce sont les enfants qui m’ont convaincu que nous étions bien par essence une espèce sociale, mais que malheureusement nous en étions encore qu’au stade grégaire ; et encore, dans les espèces grégaires ce sont les dominants ou les dominantes qui ont la tâche la plus ingrate qui est celle de se sacrifier pour la sécurité des troupeaux.

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Cela a été d’abord la taille des structures devant être nécessairement hétérogènes qui a été très vite mon cheval de bataille ainsi que celui des amis d’autres classes uniques. Nous avions appelé l’organisation que nous nous étions donnée « Centres de recherches des petites structures et de la communication », incluant d’emblée que cela ne concernait pas seulement les structures scolaires.

Pour qu’une entité sociale existe et puisse s’organiser en tant que telle, il est indispensable que chacun de ses membres puisse percevoir le territoire qu’elle occupe (ses frontières), percevoir chacun en même temps que l'ensemble des éléments qui la composent et avec lesquels chacun est en interaction et en interdépendance, se percevoir dans cet ensemble. La taille de la structure dépend alors de la capacité de perception des membres qui la composent.  Nos classes uniques représentaient la taille idéale pour des enfants de 5 à 11 ans. La taille d’un collège pouvait être plus importante, quant à celle d’un lycée elle ne pouvait certainement pas avoir la taille d’une petite ville entassée dans des sortes de HLM qu’elle avait généralement. Ce qui s’appelle une taille humaine. 

L’hétérogénéité des membres qui la composent est absolument indispensable, pas seulement sur le plan éducatif (sur ce plan nous avons au moins convaincu l’ensemble du mouvement des écoles alternatives !) : c’est cette hétérogénéité qui empêche la domination et la concurrence ou la compétition pour exister, celles-ci étant remplacées par la complémentarité, la solidarité, l’entraide.

 Ces structures n’ont alors aucunement besoin de leaders. C’est lorsque le nombre de leurs membres augmente ainsi que le territoire qu’elles occupent qu’il faut alors soit qu’elles soient dirigées autoritairement, soit que soient désignés ou élus des représentants, mais faut-il encore que ces représentants ne représentent et ne défendent que ce qui a émané du collectif. Or pour se faire élire, c’est généralement l’inverse qui se passe : ce sont les candidats qui convainquent une majorité de suivre leurs idées, tant pis pour les minorités.

Une petite structure hétérogène peut alors s’organiser et s’autogérer pour satisfaire les intérêts de chacun dans l’intérêt de tous. C’était ce que nous vivions dans nos classes uniques du 3ème type. Elles rendaient possible l’élaboration de consensus et pas de compromis qui ne satisfont jamais tout le monde.

Structures hétérogènes et autonomes, mais pas isolées.

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Une entité sociale isolée se sclérose, elle ne s’alimente plus que d’elle-même, ne peut faire qu’avec ses moyens. Nos classes uniques étaient d’abord ouvertes sur le village, profitant de ce qu’étaient les habitants, des moyens du village, mais les habitants eux aussi profitant de l’apport des enfants comme des moyens de l’école. Celle-ci était bien une structure sociale autonome, mais intégrée et en interaction avec les autres structures sociales de l’entité plus vaste qu’était un petit village. Et puis elles étaient en relation avec d’autres classes uniques ou écoles, profitant des richesses différentes des unes et des autres allant jusqu’à mutualiser des moyens, faire des choses ensemble dans ce qui s’appelait un réseau. Les technologies nouvelles de communication (utilisation du progrès !) ayant ensuite facilité et intensifié ces coopérations en même temps qu’elles permettaient une auto-organisation de ce qui devenait une autre entité plus large.

J’ai raconté comment cela avait été enrayé par l’éradication des petites écoles (tome 8).

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Lorsque j’étais enfant, chaque petit village constituait aussi une petite structure sociale ayant sa propre identité. Tous les habitants se connaissaient, s’entraidaient dans certains travaux agricoles ou l'utilisation de moyens communs (le lavoir, le four à pain…), se débrouillaient pour que les conflits n’enveniment pas trop la vie commune. Ce qu’on ne trouvait pas dans un village pouvait aller se chercher dans le village voisin.

Les fermes étaient de petites structures agricoles en polyculture. Une mauvaise récolte sur une culture ne mettait pas en péril la ferme tout entière.

Si les productions industrielles (mines, aciéries, fonderies, filatures, tissage, constructions de machines…) étaient nécessairement des structures importantes, par contre les transformations nécessaires à la vie courante (menuisiers, forgerons, maçons, couturières…) ou le commerce ordinaire étaient réalisés par de petites structures artisanales ou commerciales.

On sait comment tout cela a disparu, que la proximité n’a plus de sens et qu’elle est plutôt devenue la promiscuité.

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Comment percevoir et se percevoir dans les mégapoles qui ne cessent de s’étendre ? Comment penser être dans une démocratie censée donner le pouvoir aux peuples de s’auto-organiser lorsque les frontières de leurs vies sont des continents, voire la planète, lorsque ces frontières ont été dessinées et décidées suivant les intérêts d’une poignée d’individus dont il est impossible de savoir par la suite ce qui motive leurs décisions que nous devons subir, y compris quand ils nous envoient nous entretuer ? Même les petits villages restants sont inclus dans des communautés où la loi de la majorité les réduit à ne plus avoir de pouvoirs pour eux-mêmes. Élire des représentants n’a plus de sens lorsque ceux-ci ne risquent pas de représenter les intérêts d’une communauté qui n’est plus qu’un amas hétéroclite de personnes n’arrivant même pas à avoir une vie commune pour pouvoir faire surgir et exprimer ce dont une communauté qui n’existe plus pourrait avoir besoin.

Absolument tout est maintenant produit par des macrostructures dont nous dépendons. Produisent-elles ce dont nous avons besoin ? Pas du tout, elles créent elles-mêmes nos besoins. La société de consommation, ce n’est pas nous qui l’avons demandée, elle nous a été imposée. Elle nous a fait croire à une fausse facilité. Certes, nous n’y avons pas trop résisté, mais allez donc vous passer d’un smartphone aujourd’hui ! Qui peut résister à l’attrait du soi-disant « plus facile » dans ce qui a été rendu de plus en plus compliqué ? Plus rien n’est simple à réaliser jusqu’à ce qui est banal ou obligatoire.

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Ces macrostructures ont évidemment besoin d’exploiter ce qu’on appelle des travailleurs, pour ne pas les appeler esclaves comme autrefois dans les immenses champs de coton. Autrefois, un artisan avec son savoir-faire pouvait vous forger une hache, vous fabriquer le meuble dont vous aviez besoin et qui durait le temps de votre vie et celle de vos enfants, vous construire votre maison… maintenant il faut commander à une des deux ou trois multinationales l’objet qui ne correspondra que vaguement à vos besoins, mais qui sera à la mode éphémère, faussement moins cher parce qu’il ne durera pas et qu’il faudra le renouveler, préfabriqué s’il s’agit d’une construction vendue « clefs en main », dont vous ne saurez même pas où et par qui cela aura été fabriqué et à qui vous adresser si vous n’êtes pas satisfait. On parle très récemment du sens perdu du travail, mais est-ce que par exemple les ouvriers qui vont découper toujours et de la même façon la même planche dans une usine IKEA savent à quoi ressemble le meuble dans lequel elle va se retrouver ?

Les petites entreprises pour perdurer deviennent des « sous-traitant » ignorant souvent ce qu’une toute petite partie de leur savoir-faire qui leur est demandé d’utiliser va être imbriqué dans des macromachines ou machineries. Conséquence : la plus énorme est l’histoire sans fin du réacteur EPR de Flamanville !

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Le problème de toute macrostructure est d’une part la complexité de chacune des opérations incluses dans la même unité qui nécessite autant, si ce n’est plus, d’énergie et de moyens dans sa surveillance et sa sécurité que dans sa réalisation. Plus n’importe quelle infrastructure devient géante, plus elle est fragile. Cette fragilité est d’autant plus grande que toutes les petites structures ayant été éliminées, tout va dépendre d’elles seules et du réseau centralisé de distribution. Un employé de la centrale nucléaire de Civaux m’expliquait qu’il suffirait qu’un ou deux poteaux bien placés des lignes de haute tension s’écroulent ou soient l’objet d’un attentat pour que toutes les lumières d’un pays voire plus s’éteignent et que la vie s’arrête. Ce n’est pas parce que l’on remplace le nucléaire par d’immenses champs d’éoliennes ou de panneaux solaires que le réseau électrique devient plus fiable.

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Pourtant, avec justement le progrès des technologies, on serait tout à fait capable de réaliser pour le même coût et partout de micro-unités produisant par exemple de l’énergie. Avec les enfants de ma classe unique, nous avions rencontré au bord de la Vienne deux ingénieurs qui avaient été missionnés pour répertorier tous les endroits où s’étaient installés autrefois des moulins pour étudier si leurs biefs pouvaient faire tourner des micro turbines perfectionnées. Les enfants et moi étions enthousiasmés. Ils nous avaient vite déçus : « Bien sûr que c’est possible, mais nous savons que cela ne se fera pas, à quoi servirait le monopole de l’EDF alors ? » Tout était dit !

II – Les systèmes et la théorie des systèmes

Il a fallu attendre les Gilets jaunes puis les manifestations contre la réforme des retraites pour qu’une partie du peuple prenne conscience qu’elle était avant tout victime du système autant que de ceux qui en tirent les ficelles.

Qu’est-ce qu’un système ?

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« Un ensemble d'éléments interagissant entre eux selon certaines modalités, mécanismes ou règles. Par exemple une molécule, le système solaire, une ruche, une société humaine, un parti, une armée, etc. ». Un système peut s’être créé naturellement (par exemple les écosystèmes) ou au contraire avoir été préconçu pour une finalité précise (par exemple une voiture ou un robot… ou le système éducatif ou celui des retraites !).

La systémique est une science relativement récente. L’approche systémique consiste à aborder tous les phénomènes comme un ensemble complexe d’interactions. Elle s’oppose à l’approche analytique ou cartésienne qui consiste à découper un système sans considérer le fonctionnement et l'activité de l'ensemble.

Elle est née d’abord avec la cybernétique qui a d’abord été la science des machines automatiques : concevoir un système où sont prévues toutes les interactions entre ses éléments, entre ses éléments et l’environnement, pour qu’il aboutisse à la finalité précise pour laquelle il est conçu. Il a été alors introduit la notion de feedback (boucle de rétroaction) : un radiateur électrique se met en marche si la température atteint tel degré, s’arrête lorsqu’elle est atteinte. La structure du système c’est-à-dire l’organisation de ses parties et la façon dont elles sont mises en interaction, lui donne sa cohérence, en est la caractéristique permanente et doit le faire perdurer en l’état tout en le protégeant des perturbations extérieures. C’est ce que l’on appelle un système fermé isolé.

 

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Le problème c’est que cela ne convenait pas tout à fait à expliquer le fonctionnement des systèmes vivants (chacun de nous, une plante, un moustique…). La systémique a alors mis au jour les notions de systèmes ouverts et le physicien Ilia Prigogine celle de structure dissipative. Grâce à elle, le système ouvert a la propriété de se modifier et d’évoluer suivant les perturbations qu’il subit de son intérieur ou de son environnement, de s’alimenter de l’énergie et des informations qu’il perçoit de son extérieur en les transformant. Ce qu’étaient nos classes uniques.

La thermodynamique a mis elle au jour une autre notion, celle de l’entropie. Un résumé tout à fait personnel qui n’a évidemment rien de scientifique ( !) de cette notion : selon le premier principe de Carnot rien ne se perd tout se transforme : la chaleur du charbon en brulant fait bouillir l’eau de la chaudière de la locomotive qui se transforme en énergie pour faire tourner les roues, qui chauffent les rails en roulant et si on pouvait récupérer cette chaleur elle ferait à nouveau bouillir l’eau de la chaudière…

1Mais, selon le second principe de la thermodynamique, l’énergie transformée se dilue inéluctablement et est inutilisable ! D’où le phénomène de l’entropie : tous les systèmes, en particulier les systèmes fermés, sont soumis à la perte de leur énergie initiale, à l’accentuation des désordres de leur intérieur, à l’amoindrissement de leur protection contre les perturbations extérieures. Ceci malgré le phénomène inverse de la néguentropie qui accentue de façon croissante l’ordre intérieur et la protection de l’extérieur. Les deux phénomènes aboutissant de façon irréversible à l’autodestruction du système. Malgré toute la protection de sa peinture et les réparations des garagistes, la voiture finira inexorablement en un tas de rouille.

Grâce à leur structure dissipative, les systèmes vivants qui sont des systèmes ouverts, s’ils sont eux aussi condamnés à disparaître à leur tour, par contre ils restent opérationnels le temps de leur existence et ressurgissent sous une autre forme une fois qu'ils ont disparu. La finalité de la vie est la vie, disait Edgar Morin.

Je rajoute à ce tableau l’équation du nénuphar d’Albert Jacquard. Alors que les nénuphars ont mis de longs jours en se multipliant à remplir la moitié de l’étang, arrivé là en un jour l’étang sera rempli… et asphyxié ! Cela s’appelle en mathématique une progression géométrique. Nous en sommes à ce stade !

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Appliquons cette théorie à nos systèmes qui commencent par être contestés et par celui qui l’est malheureusement le moins, le système éducatif. Il est un parfait exemple de système fermé. Sa structure n’a pas pratiquement pas changé depuis sa création. On la connait tous, mais d’en voir un des nombreux schémas peut mieux éclairer :

 

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Il est impossible de ne pas voir une parfaite chaine industrielle dans ces schémas. Ce qui doit être greffé (notions à acquérir) sur chacun des objets (élèves) qui passent dans les maillons successifs, effectué par les OS (enseignants !) y opérant est précisé dans des programmes ; pour qu’ils passent dans le maillon suivant il est contrôlé qu’ils sont bien conformes pour y poursuivre les greffes du programme. La hiérarchie de la chaine y est parfaite : à la base les OS (enseignants) puis les contremaîtres (inspecteurs de l’EN), puis les chefs d’atelier qui transmettent les instructions à exécuter (inspecteurs d’académie et recteurs) que leur transmet le chef d’industrie (le ministre et son staff).

Comme tout système fermé, le système éducatif doit se protéger soigneusement de toute perturbation pouvant provenir de l’extérieur. L’école est soigneusement isolée de la vie de son environnement et de ce qui peut s’y passer, certains ont pu la comparer à un temple ou à un monastère scolaire. On comprend que c’est parce que nos petites classes uniques avec tous les âges dans la même classe étaient quelque peu en marge de ce système et  c’est pourquoi nous avions pu en faire des systèmes vivants avec l’école du 3ème type ; on comprend aussi qu’elles aient été insupportables et dangereuses pour le système lui-même.

Et bien sûr le système éducatif subit l’entropie des systèmes fermés. Le problème c’est lorsqu’un système fermé inclus des systèmes vivants (des enfants) difficiles à maintenir constamment à l’état d’objet (des élèves), immanquablement ils vont être la source de perturbations intérieures au système. Le désordre ! C’est alors sa néguentropie (mesures pour rétablir et accentuer l’ordre, renforcer sa protection, augmenter la charge de ses opérateurs…) qui ne cesse de croître simultanément à l’accroissement de son entropie. Comme le système fermé d’une voiture, on a beau nettoyer une bougie, changer le carburateur, elle est de moins en moins performante et un jour il faut la changer… ou l’abandonner et s’en passer.

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Tous les systèmes qui régissent nos vies sont des systèmes fermés semblables, on ne peut plus y échapper, plus vivre en dehors, de moins en moins ne pas nous y conformer ou ne pas les subir. Tous ont été conçus et nous ont été imposés par des minorités, même si au début nous avons été plus ou moins consentants. Ils ne répondent pas à des besoins, s’il le faut ils les créent, leur seule finalité est de perdurer en l’état, quoi qu’il en coûte (exemples de l’agriculture intensive, du système politique, des circuits de distribution…). Ils subissent le phénomène de l’entropie et nous en sommes au dernier stade qui serait arrivé avec ou sans changement climatique. Des chercheurs ont démontré, avec les outils informatiques de la NASA, que toutes les grandes civilisations de l’histoire ont subi ce phénomène et ont toutes disparues lorsque leurs systèmes a fait que les plus puissants se sont accaparés les richesses et les ressources. La nôtre recouvre maintenant la planète !

Tout système composé d’autres systèmes vivants (nous) est nécessairement un système vivant autonome, devant limiter sa taille (les colonies d’abeilles vivant depuis des millions d’années l’ont fait), pouvant se modifier et évoluer, est inclus dans d’autres systèmes vivants, en relation et en interdépendance avec d’autres systèmes vivants. Dans la nature ce sont les écosystèmes. Et quoi que l’on fasse, quoi qu’on lui fasse à cette nature, nous ne sommes qu’une espèce parmi toutes les espèces animales et végétales. Il ne s’agit plus d’idéologies, il s’agit de l’incontournable réalité. Tant que nous restons dans nos systèmes fermés et isolés de plus en plus vastes et planétaires, notre espèce se condamne à disparaître.

 Ce qui donne un peu d’espoir, c’est que depuis peu et de plus en plus c’est LE système autant que ses dirigeants qui est pointé dans les manifestations. On commence à comprendre que tous les systèmes qu’ils soient politiques, économiques, agricoles, financiers… sont en cohérence avec celui qui les englobe tous et que l’écroulement d’un seul d’entre eux entrainera l’ensemble, qu’il s’appelle système capitaliste, système totalitaire, système communiste, …

 Cette conscience émerge aussi dans d’autres pays parce que LE système recouvre aujourd’hui uniformément toute la planète. Il ne faudrait peut-être pas attendre que l’entropie finisse toute seule son processus et lui donner un coup de pouce pour y participer et ne pas disparaître avec lui.  

 Prochain chapitre : un peu d'optimisme ? - chapitres précédents 

 

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