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Le blog de Bernard Collot
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7 décembre 2023

PISA, le thermomètre continue de baisser !

pisa

Je ne suis pas statisticien ni expert, mais comme l’a fait Pierre Chaillot pour le COVID il eut été intéressant que les vrais spécialistes se penchent sur ces tableaux qui chaque année occupent un temps les médias.  

« En mathématiques, La France est à son niveau le plus haut de l’enquête PISA, 517 points en 2000.  Ce score baisse en 2003, en 2006 où il est de 496 points. IL atteint 497 en 2019 et redescend jusqu'à 493 où il est à son plus bas avant de remonter un peu jusqu'à 495, en 2018. »

2000, c’était la première enquête PISA pour la France !

Les modalités des enquêtes PISA sont certes critiquables comme la valeur du thermomètre qu’il représente pour chaque système éducatif, mais elles existent et elles ont l’intérêt d’être faites avec des élèves de 15 ans, ceux-ci censés pouvoir utiliser les connaissances acquises après approximativement la fin de l’obligation scolaire dans la plupart des pays.

D’autre part il faut remarquer que dans les pays qui caracolent en tête depuis le début, en dehors de la Finlande[1] sont les pays où l’emprise scolaire est énorme autant sur les enfants que sur les familles qui, pauvres ou riches, y consacrent tous leurs moyens. On peut quand même se demander ce qui reste de temps aux jeunes pour une vie personnelle et il est à remarquer que par exemple en Corée (depuis le début un des champions PISA) le taux de suicide chez ces jeunes est parmi les plus importants. Rapport de cause à effet ? Il est vrai que les suicides n’influent pas sur le PIB !

Bien que ces études ne débutent qu’en 2000, on peut quand même essayer de faire un rapport entre ses résultats et l’histoire du système éducatif depuis 1968.

S’il y a eu un début de révolution du système éducatif, c’est dès 1969 avec l’instauration du tiers-temps pédagogique, puis des maths modernes (1970). Certes ces deux révolutions n’ont pas provoqué l’enthousiasme de la majorité des enseignants et seuls les militants des mouvements pédagogiques les ont vraiment appliquées à fond. Elles n’ont survécu dans les textes que quelques années. Évidemment, le ministère pourtant atteint d’évaluationite s’est bien gardé de faire une évaluation après coup des effets de cette période et, à ce que je sache, elle n’a pas provoqué la cohorte annoncée d’illettristes de l’écrit et des mathématiques.

C’est le ministre socialiste JP Chevènement qui y a mis fin en1984-1986 : revenir aux apprentissages fondamentaux, à l’ordre et à l’uniformisation scolaire ! Il y a bien eu le ministre Jospin de 1988 à 1992 avec sa réforme des cycles, bien qu’en même temps il lançait l’éradication des classes uniques (là où règne l’hétérogénéité !) alors que les travaux de son propre ministère démontraient que les fameux résultats de ces classes étaient supérieurs à la moyenne nationale. Quant aux cycles, il n’y a même pas eu besoin de les abroger : les ministres successifs, leur administration, les enseignants en dehors des quelques-uns des mouvements pédagogiques ont continué imperturbablement à parler de SE, CP, CE1, CM1, CM2 !  

Disons que grosso modo c’est à partir de 2000 que les dernières traces de ces réformes ont été effacées et que les études PISA de cette année (la meilleure concernant la France !) concernaient des enfants nés en 1985, donc dont une partie avait encore bénéficié des quelques restes de ces réformes.

Et depuis, cela a été la succession continue de retours en arrière[2], de l’accentuation de l’emprise scolaire (dès trois ans aujourd’hui !) … retours en arrière chaque fois sanctionnés par une régression dans le classement PISA !  

On sait très bien, ou on devrait savoir, qu’un système éducatif étatique n’a jamais été fait pour l’épanouissement sur tous les plans des enfants. Même si des Einstein ont dit ou d’autres disent encore que l’école est une castratrice des cerveaux et de la pensée, même si ceux qui dirigent qui se veulent être l’intelligentzia (produite par l’école !) on fait la preuve de leur incompétence (voir par exemple l’épisode du COVID !), inexorablement on continue à rendre plus pesante la machinerie scolaire et à réduire le temps de vie des enfants hors de la compétition, des évaluations à jets continu, des injonctions et des ordres à effectuer, des obligations qui imposent ce que tous et chacun doivent faire à telle heure, y compris se lever le matin. Ces fichus enfants qui ne se laissent pas suffisamment façonner par la chaine tayloriste industrielle scolaire et ces fichus parents qui n’en rajoutent pas suffisamment de couches !

Si pendant les années 60, 70, 80 et même 90 nous étions un certain nombre à pouvoir discuter de ce que nous faisions de différent dans nos classes, à en faire constater les effets, parfois à intéresser, c’est complètement peine perdue aujourd’hui. Vous pouvez faire le tour de tous les médias, même de ceux qui ne sont pas mainstream, rien d’autre que des pleurs ou des renchérissements sur les moyens. Avez-vous vu le moindre militant des mouvements pédagogiques qui subsistent encore y être invité ?  Il vaut mieux être paysan bio, ils sont un peu mieux lotis, tout au moins en ce qui concerne l’écoute, c’est vrai que les enfants, ça ne se mange pas !

Les lumières se sont éteintes depuis belle lurette et la machinerie politique et sociétale étouffe la moindre bougie.


[1] La Finlande a été dans le peloton de tête depuis le début de PISA. Par contre cette année il y a eu une régression spectaculaire. Or depuis 2000 le système éducatif finlandais était le plus respectueux des enfants, le moins contraignant, à l’inverse du système coréen certains disaient qu’il était quasiment libertaire. Est-ce qu’avec l’arrivée d’un gouvernement de droite le système éducatif s’est-il notoirement durci ? Je l’ignore. Il serait intéressant d’avoir l’analyse de Finlandais !

[2] Le sempiternel « c’était mieux autrefois ! ». On peut toujours faire semblant de le croire, mais admettons alors que ce soit vrai : il faudrait que ce autrefois remonte loin et alors il faudrait constater que l’école ne commençait qu’à 6 ans, se terminait à 14 ans, que tous n’étaient pas présentés au certif, que beaucoup d’enfants pouvaient s’absenter pendant les travaux agricoles ou, pour les filles, devait garder les plus jeunes à la maison (ma mère n’avait été régulièrement à l’école qu’à partir de 10 ans !), que les vacances d’été étaient beaucoup plus longues...

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