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Le blog de Bernard Collot
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6 mai 2009

unschooling

Mes temps disponibles étant consacrés à l'écriture d'un ouvrage depuis bien longtemps sur ma table, ce blog est quelque peu (!) en sommeil. Mais Laura m'ayant envoyé un message très intéressant, je trouve dommage de le conserver et je vous le transmets ci-dessous avec ma réaction : un blog, c'est de l'interrelation, de l'interaction, vous (lecteurs) pourriez donc le réveiller et vous y exprimer !

Une petite question

Bonjour,
alors je me présente, Laura, passionnée (et pratiquante) des alternatifs à notre société minable et plus particulièrement à celle en matière d'éducation.

Voici les plus grands livres que j'ai lus sur le sujet sur les 12 derniers mois , en ordre chronologique : "Une société sans école" , "10 mensonges sur l'école à la maison", "Libres enfants de Summerhill", "The teenage liberation handbook" "Instead of education" ,"Escape from childhood" et "Insoumission à l'école obligatoire". Par ces lectures et de mon expérience j'en suis arrivé à la conclusion que pour ce qui est de l'école primaire, la meilleure alternative que ce soit à l'échelle individuelle ou collective (si on aime rêver) serait en effet une école comme celle que vous aviez créée, une école qui est un espace éducatif ouvert à la communauté (pour éviter la ségrégation), qui ne monopolise pas le temps de l'enfant (pour éviter l'enfermement) et évidemment qui ne décide pas ce qu'il doit apprendre et comment, ne le note pas, etc...

Maintenant pour ce qui est de ce qu'on appelle communément " les ados" c'est-à-dire ces personnes qui sont dans le même état de dépendance aux adultes que les enfants tout en étant considéré assez grands pour prendre le train et l'avion en non accompagné, je crois que ce qui outre- atlantique est nommée "unschooling" est plus approprié à la fois individuellement et collectivement.

Que je m'explique: comme mentionné ci-dessus, vers les 12 ans de notre progéniture on ne ressent plus vraiment le besoin de la faire "garder" ce qui est, veut, veut pas, une des fonctions de l'école, ensuite une fois franchi les bases (lire,écrire compter, etc), dire qu'il FAUT savoir ceci ou cela me semble un peu beaucoup arbitraire et surtout parce que je crois que si il doit y avoir une "majorité" la situer après 12 ans me semble plus nocif qu'autre chose ( mais je suis autant sinon plus d'accord avec John Holt sur la 'majorité optionnelle' dès qu'on le demande avec preuve de compétence si nécessaire ; je me rappelle d'ailleurs que je l'avais souhaité et imaginé moi-même vers mes 10 ans). Ah oui, l'unschooling constitue comme le mot l'indique la non-scolarisation ( et non pas la scolarisation à domicile: homeschooling), et ces pratiquants (en Amérique principalement) essayent au possible de participer au monde comme on dit: ils deviennent apprentis , font du volontariat et bien sûr des études indépendantes (à l'aide des bibliothèques, réseau d'échange de savoir, cours communautaires, université populaire). Certaines de leurs occupations deviennent leur gagne-pain, et d'autres finissent par passer le SAT(avec de très bons scores généralement) pour rentrer à l'"university".

Je suis totalement en accord avec toi. C'est la seule vraie perspective humaniste. Pour l'avoir en quelque sorte approchée dans ma propre expérience, elle n'est pas utopique et dans l'ordre du possible quant à son efficience sur tout ce qui rend ceux qui se pensent rationnels et dubitatifs.

En ce qui concerne la santé, une association portugaise, "In loco" et son médecin instigateur, Alberto Melo, travaille (ou travaillait parce que je l'ai perdue de vue) dans ce sens. Elle fait (ou faisait) partie d'une autre organisation, l'Institut des Communautés éducatives (ICE, Setubal) qui a les mêmes perspectives éducatives, philosophiques, sociales que nous.

Pour le unschooling (comme pour le homeschooling), nous butons dans notre société sur l'absence d'espace où enfants et ados puissent constituer des communautés où se construisent leurs propres interrelations. Après et/ou à côté de l'espace familial, la vraie socialisation (celle qui consiste à construire son autonomie -être et être avec les autres, au milieu des autres, et par les autres - au sein de groupes et dans l'interrelation) se poursuit d'abord avec d'autres enfants, d'autres adolescents. Dans le voisinage, le village, la cité. Voir la "guerre des boutons" qui n'est d'ailleurs pas forcément le meilleur exemple, malgré l'attachement sentimental que ce bouquin provoque, puisque l'organisation qui en découle c'est justement... la bande, cette dernière étant, à mon sens, la conséquence d'une non-socialisation préalable, dans la famille, dans l'école ; la bande, c'est pour moi, une réaction de survie sociale, la seule solution, faute de mieux. Plus l'école est rigide et castratrice de l'interrelation, plus les bandes structurent les cours de récré, puis la rue, le village, la cité (ce qui ne s'observait pas dans mon école et pas ou peu dans les écoles pratiquant des pédagogies modernes fondées sur l'interrelation). D'ailleurs la forme d'organisation dans laquelle sont ceux qui dirigent nos sociétés est bien la bande. Cela devient criant et aveuglant en cette période de "crise" (politiciens, financiers, multinationales...). Cela pourrait faire rire, si ce n'était pas dramatique, quand on voit les mêmes pondre des lois "antibandes" ! La bande, c'est la première forme d'organisation primitive quand la survie est fondée sur la prédation collective et le partage fondé sur un rapport de forces (bandes de loups par exemple). C'est la collectivisation des moyens de survie (sociétés agricoles) qui a donné naissance à d'autres formes d'organisations, de rapports sociaux, permettant à la fois survie collective et survie individuelle.

Il n'empêche qu'enfants et ados ont ce besoin naturel d'interrelations libres et ne dépendant que d'eux, d'appartenance (il n'y a pas de socialisation possible sans le sentiment d'appartenance), qui se réalise d'abord avec leurs pairs. Je suis bien d'accord, l'école ne le permet pas, mais pour la plupart, c'est le seul endroit où ils peuvent rencontrer leurs pairs. Les villages sont vides la journée ! Je sais bien que beaucoup de parents qui ont fait le choix du homschooling en sont conscients et essaient d'apporter cette possibilité fondamentale (par exemple, dans la Haute-Loire je crois, des parents déscolarisant leurs enfants ont créé un réseau, des rencontres...). Mais il faut reconnaître que cette possibilité concerne peu de monde.

Tu proposes en somme la fin de la scolarité obligatoire au plus tôt. Je serais d'accord si simultanément on instaurait la possibilité de scolarité permanente ! Disons plutôt d'éducation permanente (retourner ou aller au lycée, à l'université, quand on veut, quand on en a besoin, envie..) Et en même temps si on créait des espaces où les ados pourraient se retrouver ayant à faire, inventer, créer, rêver, parler (PARLER !)

Dans l'immédiat, en attendant la société sans école de Illich, il faut continuer à lutter pour que l'école change, la dénoncer, tâcher de compenser ses méfaits, ses carences par la création d'espaces parallèles de vie pour enfants et ados. À ce propos je signale à nouveau la remarquable expérience de l'association Intermède de Longjumeau

 (http://assoc.intermedes.free.fr/Chron_Rob_08_09/Chroniques.htm).

Je me permets de publier ton message et ma réaction sur le blog. Concentrant mes rares temps disponibles à l'écriture d'un ouvrage depuis longtemps sur ma table, mon blog est en sommeil. Mais il pourrait se réveiller de par ses lecteurs eux-mêmes !

Bien cordialement.

À nouveau, Laura :

Donc voilà j'étais curieuse de votre avis sur la question : ne serait-ce pas mieux plutôt que de faire des collèges et lycées Freinet(ou Montessori..), de donner la possibilité aux ados (et aux adultes, s'il ya vraiment une différence) de faire des apprentissages, du bénévolat, des études indépendantes ?

Je ne sais pas vous, mais moi ça me fait rêver, rêver de milliers de bâtiments scolaires transformés en lieu communautaire, ou les plus petit pourront toujours trouvés des éducateurs pour leur apprendre les "bases", et tous les autres s'y retrouver pour apprendre que ce soit en autodidacte, ou en échange entre égaux ou en cours magistraux , on peut même rêver de plus, rêver non pas seulement de centre "d'éducation" mais aussi de centre " de santé" (parce que la Santé comme l'Éducation est bien pervertie dans ses institutions actuelles) où l'on pourrait pratiquer diverses activités sportives et consulter un médecin (qui sait faire plus que rédiger une ordonnance pour des antibiotiques), recevoir des massages de volontaires, etc., rendre à la Communauté, sa Santé, son Éducation et aussi son Économie, son Industrie, son Agriculture et peut-être même son POUVOIR.

Bien à vous,

Laura
PS: désolé de vous écrire si longuement pour une première fois mais les personnes qui tiennent des discours comme les autres si rares et leurs opinions si précieuses...

Commentaires
B
Toutes mes escuses PMB ! je n'avais pas vu les "" ! les yeux ne sont pas toujours en face des trous suivant les jours et les heures !
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P
Mais vous ne me faites rien observer du tout... puisque nous sommes d'accord ! C'est à Charlotte qu'il faut dire ça, à quoi je crois de toutes mes forces, et qui me fait préférer l'école, publique ou privée, avec tous ses défauts !
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B
Je ferais juste observer à PMB que le terme "fréquentable" est très relatif et très subjectif ! je côtoie plein de gens, parlent avec eux, fait des choses avec eux, mais pourrait tout aussi bien les qualifier de infréquentables ! si nous ne côtoyons que ceux que l'on estime "fréquentables", il faudrait se réfugier avec eux dans une île déserte, et elle serait très petite ! d'autre part, ce qui est "infréquentable" pour vous, ne l'est pas forcément pour un autre, ni même pour vos propres enfants. D'ailleurs, les infréquentables apportent souvent beaucoup plus, enrichissent tout autant que les "fréquentables", sur de nopmbreux plans, y compris dans ce blog pour affirmer ses oponions, les approfondir (parfois pour les faire évoluer).<br /> Conclusion : la vie est remplie de gens infréquentables !
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P
"Mes enfants sont bien plus à l'aise avec les gens qu'ils ne connaissent pas, quel que soit leur âge, que lorsqu'ils étaient entre les quatre murs d'une école et tenus de passer leurs journées avec des enfants pas forcéments très "fréquentables"...<br /> <br /> Quel mépris des gens différents...
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C
j'arrive après le débat mais viens apporter mon témoignage de famille ayant descolarisé ses enfants. Oui, ils voient du monde, et pas forcément des "non-scos". Certes des associations existent dans toute la France (nous sommes en Bretagne) pour permettre de se rencontrer et de faire des sorties ensemble, mais nos enfants ont exactement les mêmes activités que les enfants de leur âge scolarisés : tennis, judo, école du cirque le mercredi, musique. Ce grand mot de "desocialisation" qu'on nous brandit sous le nez dés qu'on parle de descolarisation n'est qu'un épouvantail, rien de plus. Mes enfants sont bien plus à l'aise avec les gens qu'ils ne connaissent pas, quel que soit leur âge, que lorsqu'ils étaient entre les quatre murs d'une école et tenus de passer leurs journées avec des enfants pas forcéments trés "fréquentables"...
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