Fin des services publics, retour à l’esclavage !

La poste est encore un dernier service public. Il est à ma disposition, mais rien ne m’oblige à l’utiliser !

L’école publique, elle, n’est pas vraiment un service public, c’est une obligation ! On n’aurait jamais eu l’idée d’appeler service public le service militaire obligatoire d’autrefois pas plus que l’on pourra appeler service publique le futur service civique !

Mais, ce qui a de pire, c’est que la disparition des services publics au profit du privé lucratif nous oblige à faire appel à eux, en payant ! Avant, avec les PTT (poste, télégraphe et téléphone), ils t’installaient ta ligne téléphonique gratuitement, où que tu sois, des minitels avaient même été distribués gratuitement ! Aujourd’hui, non seulement il faut t’abonner à un opérateur privé mais en plus tu es quasi obligé d’acheter un smartphone ou un ordinateur connecté, même pour payer tes impôts !

Jules Ferry n’avait pas rendu l’école obligatoire, mais l’instruction des enfants, ce qui en soi était louable. Si les plus aisés ou les plus cultivés pouvaient soit instruire eux-mêmes leurs enfants, soit employer un précepteur, par contre, pour accomplir l’obligation d’instruction, il devait y avoir une école publique à la disposition de tous les autres. L’école publique était même communale : l’État devait former et payer les instituteurs, chaque commune devait, elle, fournir les locaux et les moyens. L’école était bien un service public, à disposition des familles et des enfants, et finalement le peuple envoyait bien ses enfants à l’école sans rechigner.

On sait très bien que derrière l’intention louable il y en avait d’autres plus discutables. Si au début c’était d’abord lutter contre l’influence de l’église, d’où la seconde appellation, l’école de la République, ensuite ce fut pour préparer les enfants à répondre aux besoins de l’industrie, les préparer aux conflits dont ils allaient être la chair à canon et les victimes (patriotisme, sens du devoir, obéissance à la hiérarchie, marche au pas… pour la guerre de 14-18), puis aux besoins de l’économie de marché et à la « flexibilité du travail ». Aujourd’hui, l’État ne s’en cache même plus.

Autrefois, mon père qui était postier, le voisin cheminot, l’oncle cantonnier aux Ponts et chaussées… étaient fiers d’être au service du public. La notion de service public a pratiquement disparu. L’impôt qui devrait être la contribution de chacun à ce que tous ont besoin, c’est-à-dire mettre en commun suivant les possibilités de chacun ce qui est nécessaire à une communauté et à chacun de ses membres pour bien vivre, cela a-t-il encore un sens ? Par exemple lorsque l’État double le budget de l’armée au détriment de la santé, des transports, du logement… est-ce pour le bien de tous, même s’il est brandi une hypothétique guerre qui nous menacerait ? Chaque citoyen est-il pour quelque chose dans la lutte perpétuelle entre les puissants qui ne cessent de vouloir être plus puissants que les autres et pour les intérêts d’une minuscule minorité ? En plus, dans cet exemple, on sait très bien que l’argent qu’on nous impose de donner va surtout servir à fabriquer des armements pour alimenter des guerres ailleurs, augmenter les fortunes de quelques-uns. Dans toutes les guerres, qu’ils soient dans un camp ou l’autre, les grands capitalistes ont tous accentué leurs fortunes et le capitalisme est devenu démentiel. C’est surtout à cela que les guerres servent.

Cette fin des services publics c’est le retour à l’esclavage, mais cette fois généralisé. Les esclaves que nous devenons paient même pour être esclaves ! Si dans toutes les grèves, toutes les manifestations, c’était cela qui était expliqué, mis en avant, peut-être qu’alors nous nous réveillerons et qu’au lieu de grogner parce que la grève des cheminots en empêche quelques-uns d’aller au ski nous serions tous derrière eux ! (Surtout quand il n’y a plus de neige dans les stations de ski et qu’on pourrait aussi bien faire du patin à roulette ou du skate devant chez soi !!!)