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Le blog de Bernard Collot
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9 novembre 2013

Rythmes : Libérer les esprits avant de libérer les moyens

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Moi aussi je ne serai pas en grève le 14 !

Moi aussi je ne serai pas en grève.

A Drom, village de 220 habitants, on s’est engagé cette année.

Alors oui, c'est sûr on n'a pas de gymnase, pas d'association de sport... mais, comme dit Laurent, c'est l'occasion d'OUVRIR l'école sur le Village.

Chez nous, on sollicite toutes les bonnes volontés pour "animer" les temps périscolaires : associations culturelles, pompiers, fleurissement, fromagerie, club des aînés, maire, habitants du village... et petit à petit les mentalités changent.

Au départ j'ai un peu tout géré pour lancer les idées mais maintenant les parents sont au moins aussi impliqués que moi et gèrent en grande partie le fonctionnement.

Enfin même si cette réforme a pris un mauvais chemin par endroit et que je ne suis pas sûr que notre organisation soit tenable dans le temps, je pense que les gamins de ma classe unique ne sont pas plus malheureux à être à 7ou 8 à faire du jus de raisin avec la grand-mère d'un gosse plutôt qu'à faire une activité à 40 avec une grosse asso de sport ou autre dans une ville.

 Sylvain

 Certes, la réforme proposée n’est pas très limpide et facile à mettre en application. Mais il en a été de même pour toutes les réformes précédentes, pondues avec plein de bonnes intentions (souvenez-vous par exemple du tiers-temps pédagogique, de celle des cycles…) dont aucune n’a été réellement mise en application (en dehors de celles qui emmenaient dans un retour simpliste en arrière).

Mais peut-être celle-ci est la plus intéressante, non pas par la forme que Vincent Peillon lui a donnée, mais par le débat qu’elle provoque dans toutes les sphères qui touchent de près ou de loin à l’école.

Le débat n’a pas encore atteint son vrai fond, la finalité et la conception de l’école. C’est celui-ci le vrai problème dont dépendent tous les autres (programmes, évaluations, rythmes, ré-envisagement du métier d’enseignant, de l’acte éducatif…). Un débat qu’on n’ose aborder.

Parce qu’à toutes ces réformes est immédiatement opposé l’absence de moyens. Il ne faut pas le nier, mais c’est un peu facile.

Ce qui est peut-être le plus embarrassant dans cette dernière des rythmes, c’est qu’elle touche nécessairement aux positions que les uns et les autres occupent dans le système éducatif, y introduit d’autres acteurs qui étaient cantonnés dans un rôle subalterne (les animateurs), d’autres qui en étaient soigneusement écartés (les parents) mais qu’on ne peut pas empêcher de donner leur avis, voire de protester ou de proposer, d’autres qui n’avaient qu’à donner ou ne pas donner les moyens (les collectivités locales).

Tout l’échiquier éducatif est nécessairement bousculé, jusqu’aux cases des temps réservées aux uns et aux autres et soigneusement séparées jusqu’à maintenant et qui vont devoir interférer, s’entrecroiser avec la même importance (temps qui n’est pas celui de l’enfant).

N’est-ce pas cela le problème ?

Admettons enfin qu’il s’agit bien d’un bouleversement et qu’il est normal qu’il se heurte à des résistances puisqu’il remet en cause beaucoup de représentations (voir le post précédent). Dans ce sens il ne peut être réglé par n’importe quelle réforme ou réformette. Le temps du changement des représentations est nécessairement long.

Mais ce pourrait être aussi un temps créatif que provoque cette dernière réforme si contestée (voir par exemple la proposition de Hubert Montagner que j’avais publiée - http://education3.canalblog.com/archives/2013/04/07/26862002.html). Nombreux sont celles et ceux qui comme Sylvain, Laurent… essaient, inventent et réussissent à en faire profiter les enfants. Avant de libérer les moyens, il faudrait libérer les esprits !

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Commentaires
P
Belle proposition de Laurent, et autres... Mais, si je ne passe pas par une structure, qu'en est-il de la couverture des enfants comme des intervenants ? Cette question est aussi l'une des premières des parents et, dans une société "judiciariste" (il n'y a qu'à voir déjà pour le co-voiturage des élèves !), la prévention des risques devient le cadre, non ?
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B
D'autres avis pêchés dans les messageries<br /> <br /> <br /> <br /> M.<br /> <br /> <br /> <br /> Et bien vous avez tous la chance que l'organisation de cette réforme se passe assez bien chez vous et que vous puissiez en tirer avantage !<br /> <br /> Dans ma commune, on ne veut pas que les différents acteurs se parlent ou se concertent...et la mairie tente de faire passer la réforme en force contre l'avis de tous. <br /> <br /> Résultats (en vrac comme ils me viennent en tête...) :<br /> <br /> -amplitude de journée augmentée de 30 minutes pour les élèves et nous et ajout de 3 h le mercredi !<br /> <br /> - pause méridienne (comprenant les TAP) de 2h45 !<br /> <br /> -TAP seront des activités en plus, à quasi 30 par classe (super le temps post-repas !)<br /> <br /> - les enseignants sont sortis de leur classe pendant ce temps (d'où pas d'accès à nos ressources pédagogiques pour travailler quand nous en aurions le temps)<br /> <br /> - peu de budget à mettre dans l'achat de matériel pour ces TAP d'où utilisation de celui des classes, usure, casse... et bordel après le TAP pour reprendre nos classes l'après-midi (genre pas possible d'organiser à l'avance l'espace classe pour un travail spécifique l'après-midi)<br /> <br /> - problèmes énormes de recrutement : 80 intervenants sont nécessaires sur la commune avec des contrats de 8h chacun - génial la qualité de leur emploi !<br /> <br /> - pas de structures proches de l'école (contrairement aux autres écoles de la commune situées plus dans le centre) pour accueillir d'éventuels TAP culturels ou sportifs - discrimination entre écoles.<br /> <br /> - multiplication des personnes ressources pour les enfants de maternelle<br /> <br /> -... et y a encore pleins d'autres trucs merdiques...<br /> <br /> J'ai du mal à voir comment tout cela va dans le sens d'un plus grand respect des rythmes de l'enfant. Je n'y vois pour l'instant qu'une augmentation du temps passé à l'école par les enfants, la multiplication des personnes référentes, des temps d'activités et une dégradation évidente de mes conditions de travail.<br /> <br /> Je ne suis pas contre la totalité de la réforme car la réflexion et les échanges qui en naissent sont extrêmement riches. Et de cela sortira un mouvement dans les consciences. Mais cette réforme ne peut se faire sans une réflexion sur un allègement des programmes et sans une aide financière et organisationnelle aux mairies. Oui on est dans le pays de Gex mais oui ma mairie est tout de même dans la mouise pour mettre en place une organisation acceptable par tous.<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai sans doute oublié plein de choses pour vous donner une idée de l'ambiance dans ma commune...<br /> <br /> Je serai gréviste jeudi.<br /> <br /> --------<br /> <br /> <br /> <br /> Kévin<br /> <br /> <br /> <br /> J’approuve tout ce qui est dit, autant ceux qui sont en grève que ceux qui ne le sont pas. On a besoin des deux je pense. <br /> <br /> De la manière dont c'est fait à certains endroits, ça ne peut qu'être la catastrophe et en même temps s'il y a ouverture sur l'extérieur, dialogue entre tous les partenaires, petites écoles, c'est possible.<br /> <br /> <br /> <br /> Et si la réforme n'était possible que dans les petites écoles... alors il faudrait adapter les écoles à la réforme = uniquement des petites structures avec des multiniveaux !<br /> <br /> <br /> <br /> Et je me demandai, si les enseignants étaient embauchés pour faire le TAP ?<br /> <br /> APC = 36 heures, soit une heure par semaine,<br /> <br /> TAP = 108 heures je crois, les enseignants sont aussi des personnes ressources, il reste à faire la différence horaire.<br /> <br /> Et pendant le TAP, APC, on fait un temps calme, relaxation, lecture libre, petit bricolage, art plastique, écoute d'histoires. (Qui ne demande pas de présence active de l'enseignant, qui peut se reposer aussi...une fois que les enfants ont intégré le fonctionnement) ; plutôt en début d'après-midi.<br /> <br /> Nous avons 3 classes, chaque enseignant reste dans un espace, les enfants choisissent le lieu. Et si on trouve des personnes ressources supplémentaires, que du Bonus, on ouvre d'autres espaces, le potager, la salle de motricité, la bibliothèque, la salle des maitres, le grenier...<br /> <br /> Et on boycotte les réunions supplémentaires.<br /> <br /> Kevin<br /> <br /> ---------------<br /> <br /> C.<br /> <br /> Je suis moi aussi complétement d'accord avec Laurent.<br /> <br /> Le passage à la semaine de 4 jours a été fait en même temps qu'un alourdissement considérable des programmes.<br /> <br /> Si on compte le nombre d'heures supprimées avec le passage des 26 heures d'école hebdomadaires aux 24 heures hebdomadaires pour tous les élèves sur l'ensemble du primaire, on enlève presque l'équivalent heures d'une année scolaire, tout cela en alourdissant les programmes.<br /> <br /> L'ensemble des collègues a l'impression de toujours courir, de n'avoir jamais le temps avec les élèves. Les enfants sont fatigués, stressés. Les parents ont peur que les programmes ne soient pas terminés...<br /> <br /> La réforme vise à diminuer le temps scolaire quotidien, je pense que c'est une bonne réforme même si elle pose beaucoup de difficultés dans l'application mais il est pour moi indispensable qu'elle se fasse en même temps qu'une réflexion sur les programmes ; ils doivent être allégés afin de laisser du temps à la manipulation, à la réflexion, à l'ouverture sur l'extérieur...<br /> <br /> Je pense qu'il faut revenir aux 26h hebdomadaires sur 4 jours et demi pour tous les élèves, supprimer les APC ( qui complexifient aussi la mise en place du TAP...)<br /> <br /> <br /> <br /> Un abandon de la reforme signifierait un grand recul et on ne sera pas prêt de réfléchir sur les rythmes de l'enfant.
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G
Nous avons depuis longtemps impliqué d'autres intervenants que les enseignants autour de notre école : en plus. Cette réforme, c'est à la place. Deux heures de classe perdues en 2008 qu'on case au péri scolaire. Dynamiser le péri scolaire oui, perdre des heures ET par conséquent le temps pour les activités culturelles, sportives, projets divers, non. C'est pourtant ce qui se passe. Matières dites fondamentales uniquement, et selon des directives pédagogiques rigides. Des sanctions tombent sur les enseignants qui usent de leur liberté, toujours dans les textes. <br /> <br /> Il y a, de plus, vraiment une question de place, c'est voulu. La confusion des espaces, des temps, engendre la confusion des rôles. Notre hiérarchie y préside, elle mène des réunions séparées avec les différentes parties. Elle incite les collectivités, qui n’y avaient pas pensé, à réclamer nos salles de classe. Elle nous rencontre pour ensuite faire le "médiateur » de cette demande : en réalité nous force à accepter. Nous sommes dépossédés de notre lieu de responsabilité. Tout simplement je ne peux plus rester dans ma classe pour y travailler. Elle a été habitée en mon absence. Quelle belle affaire, n'est-ce pas le cas des professeurs au collège ? Bel exemple que le collège où rien n'est investi par personne. Quel manque d'ouverture, de capacité à coopérer !!! Quelle dérision.<br /> <br /> Les objections des enseignants, des parents, des élèves même, mécontents, inquiets, ne sont pas entendues. Nos horaires de classe se soumettent aux disponibilités des animateurs recrutés. Trop passifs, et naïfs, nous ne tentons que de limiter les dégâts. En parallèle, le discours lobbyiste porté par chaque maillon de la hiérarchie, se déroule, un discours menteur. Aux parents inquiets des compétences des intervenants : « Nous avons réuni les directeurs : avec leurs collègues ils sont tout à fait disposés à partager leur savoir faire ».<br /> <br /> Nous ne pouvons pas agir en responsabilité, nous n’avons pas autorité, nous en perdons les lieux et les temps, on nous y impose des gens qui enchaînent leurs prestations. Je ne peux que constater que cette dépossession nous a découragés. Mes collègues et moi nous détournons de notre petite école, devenue une passoire.
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A
J'aime beaucoup le pragmatisme de vos amis enseignants. Ils apportent aussi (ainsi que vous l'avez fait dans votre parcours que j'ai lu dans vos ouvrages) la preuve que parents et même des municipalités peuvent se comporter eux aussi de façon tout à fait différente de ce qu'on imagine toujours. Ne prenez pas cela pour de la flatterie, mais votre blog est exemplaire parce que je crois qu'il peut vraiment faire avancer. Pas seulement dans la réflexion mais aussi dans l'immédiate réalité.<br /> <br /> Merci à tous.
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