Attentats de Paris, nous ne savons plus que dire, plus que faire. Est-ce trop tard ?

C’est le plus terrible, nous ne savons plus quoi dire, plus quoi faire en dehors de manifester une émotion.

Nous ressentons bien que c’est l’aboutissement non terminé d’une multitude de facteurs et d’impasses dans lesquels nos sociétés se sont engluées. Ce qui est terrible, c’est que dans l’immédiat il n’y a aucune solution, ce qui est pire c’est qu’il faut fuir de plus en plus en avant et qu’on ne peut plus rationnellement enrayer cette fuite aussi bien dans l’opinion publique que dans les institutions qu’on appelle comme protecteurs. Se protéger des terroristes bien sûr, qui ne le demanderait pas, mais nous ne pouvons plus nous protéger de ce qui produit les terroristes puisqu’ils ne naissent pas de façon spontanée. Le terreau, c’est bien notre société en particulier depuis qu’on la veut mondialisée. Une société irrationnelle qui produit logiquement de l’irrationnel. Une société contrôlée qui produit de l’incontrôlable pour lequel elle devient de plus en plus contrôlée et produit de plus en plus de l’incontrôlable

Guerre, c’est la seule réponse qui peut être trouvée (guerre aux terroristes, guerres de toutes sortes y compris économiques), c’est la seule réponse qu’on peut trouver, c’est même devenue la seule réponse qui puisse être admise, qui ne peut être contestée, la seule qui paraît permettre de se rassurer. On ne peut plus faire autrement que la Guerre, on ne peut plus contester ou refuser la guerre puisque dans l’immédiat il faut bien se protéger.

Depuis tout temps on sait que de toute guerre même si sa fin arrête momentanément la destruction des hommes, surgira une autre guerre, d’autres guerres encore plus ravageuses.

A trop avoir attendu pour reconsidérer nos organisations sociales et surtout ne l’avoir jamais fait, à ne pas avoir voulu reconsidérer comment les enfants se construisaient dans nos systèmes et ces systèmes eux-mêmes, nous avons produit en notre propre sein ce devant quoi nous sommes impuissants, des jeunes gens qui ont été des enfants. Accuser l’extérieur pire que nous ne change rien, accuser des croyances quand nous sommes nous-mêmes pétris de croyances ne change rien. C’est une mécanique qui continue sa marche qui paraît d’autant plus inexorable qu’elle s’étend à toute la planète.

C’est le « est-ce trop tard ? » qui devrait être notre question lancinante. D’où pouvons-nous faire aller nos sociétés vers autre chose que cette absurdité et l’autodestruction qu’elle entraîne, si ce n’est des enfants qui la feront, qui devront la faire meilleure ? Dans l’immédiat nous ne pouvons plus qu’essayer de tenter de limiter les dégâts quand ceux-ci nous apparaissent enfin odieux parce qu’ils nous touchent, mais si nous nous contentons de cela nous irons inexorablement vers notre fin. Nous devons comprendre que ce n’est plus la morale, notre morale contre d’autres morales, dont nos enfants ont besoin pour ne pas se retrouver encore et encore dans une société de violence destructrice. Ils ont besoin de pouvoir vivre et se construire autrement dans les systèmes éducatifs que nous leur imposons et dans lesquels nous les capturons. Ils auraient aussi besoin de voir au quotidien d’autres rapports humains que ceux que nous leur montrons.

Je l’avais déjà dit au lendemain des attentats contre Charlie (sortir du piège « éduquer à »), d’autres l’ont dit aussi, d’autres l’ont dit aussi bien avant nous.

Mais dire cela le 14 novembre apparait tout aussi dérisoire que cela l’était le 7 janvier. Alors, maintenant, on fait quoi, au moins pour plus tard ?

Comments

[bernard_collot]

Reçu sur FB de Fredy ce commentaire que j'approuve totalement. Les mot ont leur importance et j'ai écrit ce texte trop rapidement. Merci Fredy



Fredy Fadel Sacraliser le rationnel n'aide pas la situation non plus. Notre société est très - trop - rationnelle. Dans ce cas j'aurais plutôt dit que la situation est logiquement le produit de la rationalité qui sous-tend les idées de pays, de république, de laïcité.



La rationalité qui pousse le premier ministre à ne parler que de guerre, guerre qui est celle de sa fonction mais pas la tienne, ni la mienne.



La rationalité qui produit du pouvoir, des armes, de l'économie croissante, à travers une rationalité de vote et d'école. La seule chose qu'on peut faire c'est disparaitre. disparaître de la vie nationale et de sa rationalité pour pouvoir apparaître dans notre propre rôle.

J’aime · Répondre · 11 h

[Chancerel]

Je suis un de ces nombreux français qui vivent hors du territoire national et je voudrais vous dire que je suis parmi vous tous dans ce territoire attaqué. Il faut se rendre compte que nous sommes dans une guerre civile mondiale. Les territorialités nationales ne sont plus des remparts (l'ont-ils été, par ailleurs?). Des nébuleuses de toute nature (trafics en tout genre, Al Quaida, Pseudo Etat islamique, etc.) tentent d'imposer leurs fonctionnement et leurs idéologies et, comme le disent les "managers", leur agenda. Nous devons répondre à tous les niveaux local (et l'école doit jouer un rôle essentiel à ce niveau), national (ce n'est pas à mes yeux le plus important) et international. Pour avoir travailler dans le cadre du Conseil de l'Europe pendant de nombreuses années, je regrette le silence de cette organisation qui en éducation fut à l'origine de la notion d'Education Permanente et de bien d'autres choses. Il faut se remettre au travail pour que tous soient inscrits dans des espaces de vie dont l'école est un des aspects essentiels. La réalité, c'est l'affrontement car ces individus ne sont plus nulle part et n'existe que par une seule idée qui leur donne la force d'agir. Cet échange par Internet participe de la résistance aux idées simplistes et radicales, car il y a le débat. Le moment est à la solidarité; mais rapidement l'échange doit devenir le moteur de nos engagements. Cela doit être notre réponse à la terreur. Il faut continuer là où l'on est la réflexion et l'action.

[Coline Kifouine]

Irrationnelle et incontrôlable c'est tout àa fait ça. Tout ça est irréel, invraisemblabe... mais pourquoi tout ça?... Le monde tourne à l'envers.