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Le blog de Bernard Collot
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19 février 2023

1940-2021 (196) - Les événements des années 2000

La tragédie humaine

 Dans ces années 2 000, en dehors de ce qui faisait ma vie quotidienne, aucun événement en particulier politique, n’a eu de conséquences sur ma façon de vivre quelque peu hors du monde. Je n’ai été en somme qu’un spectateur de l’exécrable comédie humaine dont la scène était devenue la planète. Les années 70 n’étaient plus qu’un souvenir, tout ce qui aurait pu changer notre société avait été soigneusement détricoté par tous les gouvernements successifs, qu’ils soient de droite ou s’intitulent de gauche. Face à tous les événements il y avait comme un sentiment général d’impuissance, ce sentiment qui provoque l’apathie et la soumission. De toute façon, nous étions comme les spectateurs de films, plus ou moins d’horreur, complaisamment diffusés par tous les médias qui avaient été rachetés par quelques milliardaires, et cela ne se passait pas chez nous, tout au moins pas à côté de chez nous.

Quelques-uns de ces événements.

En 2 000 il y avait eu le passage à l’Euro. Cette fois l’État avait vraiment mis tous les moyens pour que cela se passe bien : mon épouse s’était fait un peu de « gratte » en étant volontaire rémunérée sur ses temps de loisir pour animer des réunions où elle expliquait comment s’y reconnaître et calculer la différence entre francs et euros. À cette occasion, on s’est rendu compte que le fameux calcul mental dont on ne cessait d’accuser l’école de ne plus le faire comme autrefois ne donnait aucun avantage aux plus âgés encore moins dégourdis que les autres pour ne pas se tromper. L’euro devait être bien plus pratique pour voyager dans l’Europe, même si vous n’aviez aucune chance d’y aller, et puis entre 4 F la baguette et même pas 1 € pour une baguette on pouvait même croire être gagnant.

 

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Lors des attentats de 2 001 sur les tours jumelles du World Trade Center, j’étais tranquillement en train d’écrire en gardant Martin (un an) et en écoutant vaguement la radio lorsque j’ai entendu tomber la nouvelle. Je ne dirais pas que les terroristes ont eu de la chance, mais les images des avions percutant les tours qui s’écroulaient et diffusées pendant des jours en boucle par tous les médias en ont démultiplié l’effet. J’ose dire que cet attentat a été aussi une aubaine pour tous les gouvernements, en particulier ceux se disant démocratiques et surtout celui des États-Unis, parce qu’en créant une psychose soigneusement entretenue, il a été le prétexte de toutes les réductions possibles des libertés avec l’assentiment de tout le monde. Donnez-leur des jeux, un ennemi ou entretenez une psychose et vous serez tranquille aurait pu dire Machiavel aux puissants qu’il conseillait.

 

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En 2 004, il y a eu le fameux référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe. Cette fois je m’y suis passionné. À la surprise de tous les politiques, une immense partie des citoyens a cherché à savoir ce que c’était ce « machin » qui leur était vendu comme la panacée. Les réseaux sociaux qui démarraient nous y ont beaucoup aidés. Il y avait eu un blog qui fit un énorme buzz sur le net : son auteur lisait le fameux traité et posait des questions toutes simples, voire simplettes ou innocentes ; au fur et à mesure de son décorticage,  des spécialistes qui n’avaient pas voix dans les médias lui répondaient. Et cela n’arrêtait pas de discuter. Nous cessions d’être des moutons bêlants[1]. Le « non » a triomphé, on sait ce qui en est advenu et on continue aujourd’hui à s’étonner que bon nombre de citoyens se détournent, non pas de la politique mais des hommes et femmes politiques, qu’ils aient compris que le terme de démocratie sans cesse déclamé n’était qu’un leurre.

 

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En 2 008 il y avait eu l’élection d’Obama à la présidence des États-Unis que j’avais bien suivie. On commençait à mieux se rendre compte du poids des États-Unis sur le monde entier et de ses capacités de nuisance comme par exemple l’élimination de Salvador Allende et son remplacement par Pinochet au Chili. L’élection d’un Noir, qui plus est progressiste et sympathique, pouvait paraitre comme un espoir. Désillusion ! Bien qu’ayant sacralisé leur constitution, bien qu’ayant fini par abolir l’esclavage, les États-Unis restaient le pays le plus réactionnaire du monde sous les oripeaux de démocratie dont il se pare. Je ne sais pas si ses successeurs, Donal Trump et Joe Biden qui n’est pas beaucoup mieux, ont ouvert beaucoup d’yeux sur ce que sont le capitalisme et la mondialisation.

 

 

Partout, il y avait toujours des conflits, des guerres et leurs horreurs. Mais c’était loin et, au nom de notre soi-disant morale démocratique et républicaine, on nous désignait les responsables en oubliant que la cause profonde c’étaient nous, les colonisateurs (en fait, nos gouvernants depuis bien longtemps !), qui avions découpé, façonné et pillé le monde à notre profit et celui des possédants, inventé la mondialisation. Et puis, tant que ce n’est pas chez nous !

 

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En 2 007 et 2 012 j’avais un peu dressé l’oreille et suivi les deux élections présidentielles parce qu’il était annoncé que peut-être la gauche… Ségolène Royal d’abord. Nous, les instits ruraux, n’avions pas tellement confiance en cette fille et petite-fille de militaires de l’aristocratie, elle avait mis fin au moratoire sur la suppression des petites écoles, mais c’était une femme ! En même temps que l’on prônait l’égalité hommes/femmes, je ne sais pas pourquoi je pensais encore qu’une femme au pouvoir serait moins nuisible qu’un homme ! Bon, ce fut Sarkozy ! En 2 012, nouvel espoir avec le concubin de la dame ! Un couple d’énarques. Comme autrefois, les accouplements continuent à s’effectuer en majorité dans les mêmes sphères, les sphères du pouvoir même si celui-ci s’appelle républicain. Le roi qui épouse une bergère et abdique, cela fait toujours un conte de fées. Le berceau du pouvoir c’est l’ENA, seul Sarkozy provenait d’un autre monde, celui des affaires. On sait ce qu’a été la présidence de François Hollande. Comme pour les autres, nous avons pu voir ce qu’était la comédie du pouvoir, bien loin du niveau de la comedia del arte. Finalement, le seul but des énarques c’est le pouvoir puisqu’ils ont été formatés pour cela. Leur seul problème est de choisir dans quel créneau ils vont opérer, celui de gauche ou celui de droite, tout dépend des opportunités que le créneau leur offre à tel moment. Ségolène ou François auraient bien pu être de droite, du centre, mais il faut reconnaître que ces créneaux étaient déjà pas mal embouteillés !

 

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2 017 - J'avais également assez bien suivi l’élection présidentielle, surtout les débats pour suivre Philippe Poutou, ouvrier dans l’usine Ford de Blanquefort, qui avait pris la succession à la candidature du plus intellectuel postier, Olivier Besancenot. Je pense que c’est lui qui avait fait grimper l’audience de ces débats télévisés parce qu’enfin quelqu’un parlait sans langue de bois, démontait les turpitudes des pouvoirs et les exactions du système capitaliste avec des mots simples, n’hésitait pas à dire ce que tout le monde savait sans que cela soit dit par les autres candidats soucieux de s’autoprotéger. Les « grands » candidats en ont pris « plein la gueule » sans qu’ils puissent l’accuser d’être un menteur ou un diffamateur. Il me rappelait Georges Marchais lorsqu’avec lui les journalistes n’arrivaient plus à le manipuler, mais en plus fin, en plus intelligent. J’avais été voter pour lui, pour la dernière fois ou je me suis rendu devant une urne ! Je n’avais pas compris pourquoi la masse des prolétaires ne l’avait pas fait aussi. L’évidence était bien qu’il fallait tout balayer, mais, en balayant tout, serait resté le vide qui fiche la trouille.

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Pendant ces débats où tout devait être abordé, lorsqu’était abordé le problème de l’éducation, comme chaque fois il y avait les sempiternelles et grandiloquentes déclaration que cela allait être la priorité des priorités, les traditionnelles promesses sur l’augmentation des moyens ou la revalorisation des salaires et pas grand-chose d’autre qui aurait différencié vraiment la droite de la gauche en dehors que les uns promettaient d’en faire plus que les autres. Manifestement Poutou était aussi embarrassé que les autres et ne savait pas trop ce qu’il aurait fait si lui et le NPA étaient arrivés au pouvoir. Je m’étais dit que c’était normal et que ce n’étaient pas les différents syndicats de l’Éducation nationale qui pouvaient, à lui comme à toute la gauche, indiquer les mesures immédiates à prendre pour que l’école change et devienne l’école du peuple et plus celle d’un État. J’écrivis donc un petit bouquin « Élections – Problématiques du système éducatif », je le lui envoyai ainsi qu’à tous les partis de gauche. Il n’a probablement été lu par personne, en tout cas je n’ai reçu aucun accusé réception. L’école c’est peut-être la priorité des priorités, mais ne nous emmerdez pas avec ça, les mômes et les ados ça ne vote pas ! 

 

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En 2 009, il y a eu une épidémie de grippe un peu plus importante que les précédentes et cette fois on donna un nom au virus, H1N1, on nous apprit que ce n’était pas un bon vieux virus de chez nous mais qu’il venait du Mexique. Comme pour toutes les grippes, il y a eu surtout des vieux pour qui cela a été la fin de vie, mais de tout temps on meurt bien de quelque chose. Pas plus que pour les épidémies précédentes, je n’avais été particulièrement touché. La grippe avait surtout l’inconvénient de ralentir plus ou moins l’économie pendant deux ou trois semaines, tous les malades restant chez eux bien au chaud en attendant que cela passe, la médecine ne recommandant rien d’autre avec un peu d’aspirine, même pas et heureusement ce que préconisaient des paysans d’autrefois : « Tu te mets au lit avec une bouteille de gnôle, lorsque tu vois deux bouteilles t’es guéri ! » . Cette fois l’économie avait bien été mise à l’arrêt plus longtemps que d’habitude. Le virus était, parait-il, différent. D’où le lancement d’une première campagne de vaccination. Il fallait absolument, qu’au moins nous les vieux, nous nous vaccinions, les autres aussi soi disant pour nous protéger, et c’était gratuit. Cela n’a pas très bien marché, il n’y a pas eu la psychose espérée par les firmes pharmaceutiques, une bonne partie des vieux comme moi faisaient la sourde oreille malgré les courriers annuels de la Sécurité sociale qui nous rappelaient que vraiment c’était notre intérêt. Et puis deux années auparavant le fameux BCG, gloire nationale, avait été abandonné comme ne s’étant vraiment pas avéré comme à l’origine de l’éradication de la tuberculose qui avait tout aussi bien décliné dans les pays ne pratiquant pas cette vaccination. 

 

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Heureusement, pour les firmes multinationales et nos gouvernants, en 2 020 est arrivé le virus cette fois appelé COVID et venant, parait-il, de Chine. Plus le danger vient d’un pays où l’on ne vit pas comme chez nous, plus il fait peur. Il est indéniable que les premiers effets de ce qui s’apparentait à une grippe ont été assez dévastateurs. Mais la psychose qui a été enclenchée et qui a été constamment et soigneusement entretenue par les médias, courroies de transmission du gouvernement, a probablement fait autant de dégâts. Jamais je n’avais entendu citer quotidiennement autant de chiffres de morts, de statistiques, vu autant de graphiques, de courbes sur les écrans télé. Au moindre symptôme un peu accentué, c’était direction des urgences. Je vais me faire traiter de complotiste lorsque je dis que le COVID a été aussi une aubaine pour tous les gouvernants : absolument tout ce qu’ils demandaient, ordonnaient, peu importe si cela contredisait ce qu’ils annonçaient quelques jours avant, tout était pris comme parole d’évangile et exécuté. Il suffisait qu’ils puissent dire que c’était « scientifique », que cela avait été préconisé par des comités scientifiques qu’ils avaient eux-mêmes nommés. Si d’autres scientifiques, sur des bases et des travaux tout aussi sérieux, prétendaient le contraire, ce ne pouvait être que des charlatans et leurs propos ne pouvaient dépasser les cercles très réduits de certains réseaux sociaux. La parole officielle était arrivée à être acceptée par l’immense majorité, tout le reste ne pouvait être que des fake news ou le fait d’illuminés qui ne voyaient que des complots partout.

 

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Avec une psychose on peut faire faire n’importe quoi aux gens, jusqu’à ce qui est le plus débile : pendant le confinement, pour sortir de chez soi il fallait se faire soi-même un papier où l’on s’autorisait à sortir pour une des raisons indiquées dans un formulaire ! Je ne parle pas des masques que certains portaient chez eux ou seuls dans leur voiture, des petits magasins obligés de fermer pendant que les grandes surfaces ramassaient la mise, les médecins ne pouvant plus prescrire ce qu’ils voulaient… La liste de tout ce qu’un troupeau de moutons même plus bêlants a pu faire pendant deux ans demanderait des dizaines de feuilles, et moins il y avait d’effets et plus ils en faisaient. J’imagine un Martien observant l’espèce animale se prétendant la plus intelligente.

J’étais presque ce Martien ! Je me suis régalé pendant les confinements. Dans les vignes, il y avait toujours autant de monde donc de vie, les routes étaient désertes et les contrôles n’étant que sur les axes principaux les petites routes me permettaient d’aller n’importe où, les bords de Loire n’étaient qu’à moi, il n’y avait que le bout de tissu à avoir et à me mettre sous le nez pour rentrer dans le bar-tabac chercher mes clopes. Le rêve pour les retraités dont tout le monde s’inquiétait ! Évidemment ce n’était pas la même chose pour les urbains.

 

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Ce qui a été le plus étonnant, c’est que pratiquement à aucun moment n’a été fait le rapprochement entre la condition animale dans les batteries d’élevage elles aussi ravagées de la même façon par des virus semblables (grippe aviaire), malgré toutes les aseptisations possibles, et la condition humaine quasiment identiques : la majorité de la population vit constamment dans les entassements d’habitats, de transport, de travail, voire de vacances, de ce que l’on peut aussi appeler batteries, et si elle n’est pas nourrie par des granulés, ce qui lui est proposé dans ses grandes surfaces n’est pas très éloigné de ce qui est proposé dans les mangeoires automatiques. Il n’est pas pire aveugle que celui qui ne veut pas voir.

 

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Je ne sais pas si beaucoup ont compris à cette occasion que nous n’étions plus gouvernés par des élus mais par les multinationales, pharmaceutiques dans ce cas, mais aussi dans tous les autres domaines, agricoles, industriels, énergétiques… À part quelques irréductibles comme moi, pratiquement tout le monde a fini par se faire injecter une fois, deux fois, trois fois…de toute façon les chiffres de ce qui était provoqué de grave par la vaccination n’étaient pas communiqués et considérés comme rares, en somme du pas de chance pour qui cela arrivait.

 

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Et puis cela a commencé à paraitre bizarre. Peu à peu le nombre de morts pouvant être attribués à un virus qui changeait tous les mois ne valait plus le coup d’être asséné, surtout que dans les pays qui eux n’avaient pas vacciné à tour de seringue c’était pareil, voire mieux. On a même fait ressurgir la vieille grippe d’autrefois qui curieusement avait disparu pendant cette période. Cela n’a pas empêché nos gouvernants de déclarer que c’était grâce à toutes les mesures qu’ils avaient prises que cela n’avait pas été pire, allez donc prétendre le contraire, même si dans d’autres pays leurs gouvernants pouvaient dire que c’était grâce aux mesures qu’ils n’avaient pas prises. Dans ces derniers, au moins la vie quotidienne et l’économie y avaient moins été mises à mal.

 

La psychose diminua donc nettement. Il fallait bien autre chose pour occuper les esprits, cela a été la guerre de l’Ukraine, cause de tous nos maux. On entendit beaucoup moins sur les ondes parler de virus et même des terroristes, il y avait les méchants Russes et les pauvres Ukrainiens. Ce n’est pas par hasard qu’il fallait que nous ayons beaucoup plus de compassion pour les Ukrainiens que pour les Somaliens : on s’apercevait qu’une bonne partie des ressources énergétiques et alimentaires mondiales provenaient d’Ukraine. C’est cela la mondialisation. Saint-Simon et Auguste Conte qui pensaient que la réorganisation du monde allait apporter le bonheur à tous n’avaient pas prévu que cela allait être fait au bénéfice des profits qu’en tirerait une poignée.  

Bon, j’ai fait partie de celles et ceux qu’on qualifiait d’irresponsables ; j’accepte le terme. Je ne suis responsable que de mes conneries, pas de celles des autres !

 

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Cette période et les confinements ont peut-être eu des effets inattendus. Tous les soignants et toutes celles et tous ceux qui avaient tenu le pays à peu près debout et avaient été célébrés comme des héros, surtout par les gouvernants, se sont retrouvés à la sortie avec les mêmes bas salaires et sans que s’améliorent les moyens qu’on leur avait réduits depuis des années. Par force personne ne pouvait plus aller au travail ou pour quelques-uns le faire de chez soi par le télétravail. Le sens de l’utilité du travail qui prenait quasiment la totalité du temps de vie devenait de moins en moins évident en dehors du fait de s’acheter de quoi manger. C’est sur lui que l’on commença à réfléchir un peu et même à échanger, les réseaux sociaux devenant de plus en plus utilisés… et dangereux pour l’État. Il semblerait même que l’opposition à la réforme de la retraite en a découlé ! Mais cela ce n’est plus dans la rétrospective, c’est de l’actualité et j’espère bien voir ce qui va arriver dans les mois qui suivent le moment où j’écris ces lignes.

 

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Et les grèves ? Les médias répétaient tellement que les grèves étaient une tradition française, appuyaient tellement sur la gêne qu’elles occasionnaient à tout le monde, nos gouvernants étaient tellement habitués à laisser passer l’orage jusqu’à ce que la lassitude s’empare de tout le monde, que les grèves ou les manifestations devenaient une arme des travailleurs de moins en moins efficace. Pourtant en 2 003 la grève de la fonction publique contre la réforme des retraites avait bien réussi à faire capoter le projet gouvernemental. La même en 2 010, toutes les autres pour d’autres motifs, n’ont abouti qu’à de pseudo-négociations qui n’enrayaient en rien le détricotage progressif de tous les acquis sociaux ou la restriction progressive des libertés. La grève générale de 1 968 paraissait impossible à reproduire.

 

 

 

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Et les événements climatiques ? Il a fallu très longtemps pour qu’ils commencent à inquiéter et ce n’est vraiment qu’aujourd’hui qu’apparait une conscience qu’il y a une relation avec le système politique, économique, capitaliste, d’une façon plus générale le système mondialisé basé sur les profits…. de quelques-uns. Pourtant, dès 1974, René Dumont avait bien annoncé ce qui arrive aujourd’hui. Bien d’autres avaient aussi martelé que l’écologie n’était pas seulement la sauvegarde des petits oiseaux et la conservation de morceaux de nature pour se promener le dimanche. Bref, ceux qui pouvaient manger bio le faisaient… parce que c’était mieux !

Il y avait bien eu la canicule de 1976 (dans mon souvenir cela avait plutôt été une sècheresse), celle de 2 003, mais bon, depuis bien longtemps de temps en temps il y avait des excès climatiques comme le froid du mois de février de 1954 (j’avais 14 ans). Une fois passé, tout redevenait normal et puis les vagues de chaleur arrivaient presque toujours pendant les vacances ! En 2 003 il y avait bien eu l’augmentation des décès dont on avait parlé, mais cela avait surtout alerté sur le manque de moyens des services d’urgence sans que cela incite les pouvoirs à cesser d’amenuiser les moyens de l’hôpital public sous prétexte d’économie et de rentabilité. Le monde agricole avait bien remarqué des modifications du cycle de la végétation comme par exemple les vendanges qui commençaient de plus en plus tôt, mais les récoltes restaient sensiblement les mêmes.

 

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Ce n’est qu’à partir de 2 015, ces épisodes devenant de plus en plus fréquents, que le « changement climatique » devint plus concret pour tout le monde. Ce n’est même qu’aujourd’hui (2 023 !), lorsque cela touche les ressources alimentaires, qu’il est vraiment pris au sérieux. Il y a bien eu les grandes messes des COP pendant lesquelles les gouvernants de tous les pays proclamaient qu’ils allaient prendre des mesures pour… réduire les émissions de CO2 ! Le CO2 remplaçait les virus pour ne pas toucher aux vraies raisons qui avaient amené l’humanité à ce gâchis.

2 014 - La ZAD de Notre-Dame des Landes. Pendant toutes ces années, il y avait la France visible et la France invisible de l’alternatif que j’ai largement évoquée à propos de l’éducation. Cependant des luttes commençaient à la faire apparaître. En 1999 les « faucheurs volontaires » de José Bové et de la Confédération paysanne avaient déjà fait parler d’eux dans leur lutte contre Monsanto et ses OGM.

 

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En 2 014 la ZAD (zone à défendre) de Notre Dame des Landes commença à faire quelques « unes ». Il s’agissait d’empêcher la réalisation d’un vaste projet d’aéroport sur des zones naturelles d'intérêt écologique, faunistique et floristique. Les opposants à ce projet, certes en partie ce qu’on appelle des gauchistes ou des libertaires mais pas que, occupèrent les bois et les champs qui avaient été rachetés par l’État, donc qui n’étaient plus la propriété des agriculteurs qui s’en étaient débarrassés. Mais ils ne se contentèrent pas de les occuper, ils s’y installèrent et y réalisèrent une étonnante expérimentation à la fois sociale et libertaire en même temps qu’agricole, d’autoconstruction, d’autosuffisance… Une autre façon de vie communautaire et économique qui aurait fait plaisir aux Proudhon et autres Elisée Reclus... D’autres alternatifs d’un peu partout les rejoignaient. On ne pouvait savoir ce qui s’y passait que par les réseaux sociaux ou quelques médias alternatifs comme « Reporterre ».

 

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Il fallait bien que le gouvernement arrive à faire évacuer ceux qui étaient devenus les habitants du lieu. Il y a eu plusieurs opérations de police successives pour « démanteler » la ZAD, la principale, quasi militaire, fortement médiatisée, fut celle appelée « César », sous le gouvernement de François Hollande. Elle fut très violente. Elle se solda par un échec, à peine détruits par les bulldozers et engins militaires tout était immédiatement reconstruit. La ZAD devint comme une sorte de verrue dont les pouvoirs n’arrivaient pas à se débarrasser, quels que soient les moyens utilisés, juridiques, soi-disant démocratiques (référendum orienté), ou par la violence.

 

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Finalement en 2 018 le projet fut abandonné sous Macron. On aurait pu croire que c’était une victoire comme pour les paysans du Larzac. Rien n’empêchait l’expérience de continuer puisqu’il suffisait que les terres qui étaient devenues celles de l’État soient louées ou transférées à la structure juridique que les zadistes avaient créée. Pas du tout, c’est à ce moment que la ZAD devenait la plus dangereuse pour l’État, il suffisait d’imaginer que ce qui se passait là-bas donne des envies de vivre autrement à beaucoup puisque c’était la démonstration que c’était possible. Alors qu’il n’y avait plus aucun trouble à l’ordre public, le 17 mai 2018, 1 800 hommes, des dizaines de fourgons et quatre véhicules blindés pénètrent dans la ZAD, plus de 10 000 grenades sont lancées… des dizaines de blessés dont une main arrachée, tout fut rasé, place nette avait été faite.

 

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L’opinion publique pas plus que les partis politiques ne se sont vraiment offusqués.

2 015 – 2 016 – Les attentats de Charlie-Hebdo et du Bataclan. Charlie,  Cabu, Charb, Honoré, Tignous, Wolinski, Bernard Maris,… étaient presque de ma famille tellement ils m’accompagnaient depuis longtemps chaque semaine. L’attentat provoqua une émotion générale, tout au moins une émotion affichée.

 

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Je pense qu’une partie était surtout une émotion de principe, on entendait beaucoup de « Oui c’est horrible. Mais ils l’ont peut-être bien cherché… ». Le même « mais » que dans « Elle s’est fait violer, c’est un crime. Mais elle… ». La liberté d’expression ne pouvait être que proclamée en même temps qu’elle déclenchait les sempiternelles polémiques sur la nécessité… de la restreindre. La preuve, disait-on : Charlie ! L’émotion provoquée par le massacre du Bataclan fut peut-être moins factice. Il n’empêche que les deux événements permettaient à l’État d’avoir toujours un ennemi à désigner et de continuer d’augmenter ses moyens de contrôle de la population, « à titre provisoire », mais on sait bien que le provisoire a tendance à devenir définitif puisqu’il a été accepté.

Pendant cette vingtaine d’années où je n’étais plus qu’un spectateur, l’étrange impression que quoiqu’il arrive rien ne pouvait bouger, qu’au contraire tout se figeait un peu plus. Comme si toute une société n’attendait que sa fin qui manifestement devenait chaque jour plus inéluctable, le changement climatique enfin constaté n’y étant finalement pour pas grand-chose en dehors du fait que de toute façon il était déjà trop tard, mais le système et ceux qui le maintenaient pouvaient nous faire croire… qu’il fallait continuer avec lui et avec eux. Inch’Allah !

 Pourtant il y a bien eu en 2 018 un événement qui aurait pu tout comme Mai 68 changer la face du monde. Cela a été « Les Gilets jaunes ».

Prochain épisode : Les Gilets jaunes - épisodes précédents

[1] C’est probablement à partir de cet événement que tous les politiques se sont méfiés des réseaux sociaux et continuent d’essayer de les contrôler, qu’ils ont inventé la notion de fake news (en anglais ça parait presque scientifique !) et que nous ne sommes pas près de nous voir proposer un autre référendum où nous risquerions de réfléchir.

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