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Le blog de Bernard Collot
Le blog de Bernard Collot
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12 octobre 2013

Comment pouvoir discuter tranquillement d’école avec tous les parents ?

Le billet « L’éducation c’est quoi ? » a rebondi dans les commentaires : « comment en discuter avec les parents ? ». Il s’agit évidemment de TOUS les parents.

Plutôt que de laisser cette conversation dans les commentaires, j’ai pensé qu’elle méritait d’être un nouveau billet… pour provoquer d’autres commentaires. BC


J'ai lu ton billet sur l'éducation c'est quoi ?

Cela fait un an que j'ai très envie d'aborder ce genre de sujet avec les parents mais je ne sais pas comment m'y prendre. J'ai peur que ça « tourne mal » :

- Pourquoi cette question. Vous pensez qu'on ne sait pas comment éduquer nos enfants?

 ou à la question : "à quoi sert l'école ?"

- C'est votre travail, on ne va pas vous l'apprendre.

De même que la liberté s'apprend (sinon le canari se fait bouffer par le premier lion qui passe. J'ai retenu la leçon ;-)) de même ce genre de discussion avec les parents ne s'improvise pas. Comment les faire réfléchir sur un sujet sans qu'ils ne se sentent acculés ou réagissent bizarrement. Ils ne sont pas habitués à avoir une certaine liberté de parole. Risque aussi qu'il y ait un gros blanc et que personne ne prenne la parole.

Comment les faire se questionner sur ces questions fondamentales. Nous ne sommes pas au forum du bio. Ce n'est pas le même public. Ils ne connaissent pas les cercles de paroles.

Florian

 

 J'ai posé ces deux questions fondamentales "A quoi sert l'école ?" et "Quel est le rôle de l'enseignant ?" lors de mes deux premières rentrées à Saint Sorlin en Bugey (ma 2ème et 3ème année donc après l'IUFM).

Je n’ai ni plus ni moins que noté ce que les parents disaient au tableau, sans aucune censure.

Le tout est qu'un parent se lance. Ensuite, les parents ajoutent quelque chose pour que le tout leur convienne.

Ce n'est pas une confrontation mais la réalisation d'un consensus puisque tu écris tout au tableau. Si les parents sont timides, tu peux leur glisser des questions du genre "Pensez-vous qu'enseigner soit son rôle ? son seul rôle ? n'avez-vous jamais eu un sentiment affaiblissant lorsqu'un prof vous ré-expliquait la même chose et que vous ne compreniez toujours rien ?"...

En principe, tu devrais avoir au cours de cette réunion au moins un petit débat ou un lancement de débat entre des parents dont leurs idées ou leurs pratiques sont opposées. A toi de les accompagner pour que les deux parties se sentent à l'aise et surtout légitimes de penser ça.

Si tu veux libérer la parole, et paraître un bon professionnel pour TOUS les parents, tu dois (condition nécessaire mais pas suffisante !) être prêt à tout entendre, voire même défendre et argumenter les positions de tous les parents, aussi différentes qu'elles puissent être, et donc ne montrer aucun rejet.

Tu peux faire part de tes observations sur telle ou telle pratique notamment si celle-ci a des répercussions négatives (allant de la punition à la simple appréciation d'un travail en passant par la note/classement). D'un autre côté, tu comprends et tu indiques les points positifs de la pratique en question (il y en a toujours !), et petit à petit, tu permets aux parents ou du moins tu facilites leur prise de conscience que ce n'est pas simple !

Et, ensuite, si tu peux glisser que c'est tout à fait NORMAL que ce ne soit pas simple puisqu'on travaille sur du vivant !

Tu peux alors ajouter :

"Tout système vivant est complexe !"

Là, tu as glissé 3 mots fondamentaux : système/vivant/complexe

Ce que tu peux considérer comme ton 2ème objectif principal de la rencontre. 

Essaie de le prendre le comme un exercice. Rien de négatif ne peut t'arriver !

La tenue d'une telle réunion révèle de la générosité et de la confiance en ouvrant ainsi, et ça, c'est énorme ! Les parents ne seront pas surpris non plus, car ils te connaissent déjà (il ne faut pas bien longtemps pour s'apercevoir que tu es généreux, confiant et ouvert).

Aucun risque pour toi ! Tu peux y aller en toute sérénité.

Philippe Ruelen

 

Tu as tout à fait raison, Philippe, j'ai un peu la trouille en effet.

Il faut que je me jette à l'eau. Mais j'appréhende. Je n'ai pas totalement cicatrisé de mes mésaventures de l'an passé.

Suis-je capable de tout entendre, surtout de tout défendre !

Florian

 

Si tu pars dans l'idée que tu as quelque chose à défendre, alors attends un peu avant de te lancer ... ;-)

Philippe

 

Je suis absolument d'accord avec Philippe sur le fait que si on part dans l'idée qu'on a quelque chose à défendre, ce n'est pas forcément la meilleure attitude. J'ajouterai qu'on peut y aller avec nos convictions, nos attentes, nos valeurs qui sont certainement plus faciles à expliquer et sereinement plutôt qu'être sur la défensive.

A un moment ou un autre, arrivent des questions qui peuvent nous embarrasser. On peut prendre le temps d'y répondre calmement. Tout ce qui a été écrit récemment dans les échanges, dans le vademecum, apporte pas mal d'éléments de réponse objectifs. Sachons nous en servir à bon escient.

Lors d'un échange avec Bernard sur les sciences, nous en étions revenus au milieu dans lequel on exerce, et nous avions fini par convenir que nous travaillons quasiment toujours en milieu hostile et qu'il nous revenait de fertiliser le terrain sans relâche. Pour ma part, j'écoute tout ce que les parents ont à me dire, en bien comme en critiques. Après, seulement, on peut expliquer, débattre, rebondir sur d'autres questions.

Pour finir avec "l'épisode des olives" (voir billet précédent) si bien narré, ça peut faire évidemment mieux comprendre ses orientations.

Marc

 

 Je me suis mal fait comprendre. Lorsque je disais "Suis je prêt à tout défendre", je ne parlais pas de mes points de vue. Ça je l'ai fait l'an passé. J'ai bien compris que c'était une erreur. Non, en fait, je faisais référence à Philippe :

Si tu veux libérer la parole, et paraître un bon professionnel pour TOUS les parents,  tu dois (condition nécessaire mais pas suffisante!) être prêt à tout entendre, voire même défendre et argumenter les positions de tous les parents, aussi différentes qu'elles puissent être, et donc ne montrer aucun rejet.

Si un parent me dit qu'il a été élevé avec des punitions, des lignes et des privations à l'école et qu'il est heureux de ce qu'il est devenu. En somme, que cette éducation lui a été bénéfique, j'aurais du mal à le défendre...

J'espère être plus clair.

Florian

 

 Ce parent, tu peux le questionner (et du coup questionner l'auditoire) :

Avez-vous été heureux à l'école ?, ou/et

Sentiez-vous que vous vous épanouissiez ?, ou/et

Pensez-vous qu'il n'y a que cette méthode qui permet d'arriver à ce que vous êtes devenus ?, ou/et

Pensez-vous qu'il faille forcément endurer pour que ce soit bénéfique ?, ou/et

Voulez-vous que votre enfant "endure" comme vous ? (*)

Moi, pour ma part, j'OSE penser qu'il y a peut-être d'autres moyens. En tout cas, j'y réfléchis, et j'aimerais y réfléchir avec vous. "

 (*) Si tu peux placer ça, tu as gagné, car certains parents ne sont pas du tout au clair là-dessus (surtout ceux qui ont mal vécu l'école), car ils n'osent pas s'interroger sur ça. C'est inconscient. En posant ouvertement la question, tu "forces" l'acceptation de cette interrogation. Et quelque soit la réponse qu'il donnera à ce moment là, ce sera bénéfique pour sa relation avec son môme (**), relation qui pourrait partir en vrille dans un fonctionnement tel que le nôtre, où le môme se sent bien, et apprend sans effort, sans souffrance.

 (**) et donc pour le môme, et ta relation avec les parents (et donc au final pour le développement du môme!!)

Cette question, je n'ai pas pu la poser à la famille qui m'embête actuellement ;-((

Philippe

 

Merci Philippe, Voilà des formules qu'il faut se garder sous le coude !

Je réfléchis aussi beaucoup à cet aspect de l'éducation. Il faut dire que j'ai des zozo qui me permettent d'approfondir le sujet ! L'ensemble de l'équipe de l'école se pose actuellement des questions sur ses enfants qui nous "échappent" !

Des familles nous font des remarques telle que : Ah ! Oui mais à la maison il ne fait pas ça ! Ce genre de réflexion qui laisse à penser qu'avec un peu plus « d'autorité » le tour est joué. Punition, humiliation et le problème serait réglé. C’est, grosso-modo, le sentiment général auquel je me heurte. La question de l'épanouissement ne vient jamais dans les échanges avec ces familles. J'ai souvent le sentiment qu'avec ce besoin d'autorité on s'achète finalement de la tranquillité mais que l'on ne règle rien en profondeur. Ces enfants souffrent déjà beaucoup du haut de leur 6, 7 ans ! Est il nécessaire de rajouter de la violence ? Ou bien est-ce nécessaire pour qu'ils aient "des cadres" ?

 Cyriaque

Tous les billets à propos des parents : http://education3.canalblog.com/tag/parents

L'appel pour le choix d'une "autre école" : http://appelecolesdifferentes.blogspot.fr/

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Commentaires
M
Par expérience , j'ai constaté que les enseignants craignaient bcp les rencontres avec les parents des enfants , leurs élèves.<br /> <br /> J'estime que c'est un manque cruel dans leur formation (heu, leur lambeau restant de formation.... ):Apprendre à dialoguer, échanger, communiquer avec des adultes aussi, et au sujet de leur choix pédagogiques .<br /> <br /> <br /> <br /> Les parents aussi ont souvent peur , pas tjs consciemment , leur en faire prendre conscience en douceur aide bien , mais pour cela l'enseignant doit se sentir bien dans ses choix. <br /> <br /> <br /> <br /> Rassurer , écouter , échanger , et renvoyer à l'enfance passée est utile .<br /> <br /> <br /> <br /> Il y a plein de possibles....La peur est le principal ennemi .
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A
En lien avec cette discussion... du moins je pense...<br /> <br /> Cette année, lors de la 1er rencontre avec les parents, je leur avais posé les deux questions suivantes : - qu'attendez vous de cette année? et que voulez pour votre enfant?<br /> <br /> Le premier tour de parole m'a montré qu'ils désiraient que leur enfant apprennent et qu'ils soient heureux de venir à l'école. De là, j'ai pu leur dire que je souhaitais la même chose (qu'ils apprennent) et que la condition indispensable à cette "réussite" était "le plaisir et la sérénité. Après j'ai pu leur présenter les différents moyens envisagés pour atteindre mon but.<br /> <br /> Je suis ressorti confiant de cette réunion et j'ai eu l'impression d'avoir était honnête sur le fonctionnement de la classe.
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C
C'est vrai que nous qui ne sommes pas enseignants ne nous rendons pas toujours et pas bien compte de la difficulté que l'ensemble des parents avec toute leur diversité pose à l'enseignant lorsque celui-ci v eut travailler avec cet ensemble. <br /> <br /> Le petit livre "parents d'élèves, éveillez-vous" (que j'ai lu et que je conseille vivement) essaie de nous asticoter. A notre décharge, comme le dit Florian, nous ne sommes pas habitués à nous poser des questions et surtout à discuter de questions ensemble. Nous aussi nous avons peur de ne jamais pouvoir tomber d'accord et que ça finisse en bagarre inutile. Entre nous, avec les profs.<br /> <br /> La définition de l'éducation comme elle a été posée semble pourtant une bonne base, pratiquement neutre. Si je comprends comment a fait Philippe Ruelen, il faudrait que le débat soit posé par le prof. Mais ça va quand il y a un seul prof dans l'école. Quand ils sont plusieurs, qu'ils n'ont pas tous envie d'en discuter avec les parents, quand la question les dérange eux-mêmes, alors que faire ?<br /> <br /> J'ai essayé comme parent. Oulala ! Mais de quoi je me mêle ! J'avais surement mal posé le problème, mais il n'y avait pas de problème ma bonne dame ! Rentre chez toi et laisse-nous faire. Les autres parents : laisse-les faire et si tu n'es pas contente mets-les dans le privé !
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B
Ce blog est public, comme tous les billets qui sont en même temps transférés sur facebook. Vous pouvez en faire tout ce que bon vous semble, les diffuser où vous voudrez, vous les approprier, en faire votre propre pensée, etc.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour ce qui concerne des réactions des collègues ou des parents, tout dépend de leur degré d'ouverture. Nous ne proférons pas des "vérités", nous ne sommes pas des gourous. Nous sommes dans une recherche, tout ce que nous affirmons peut être discutable, contestable si c'est argumenté. Rechercher dans les vécus de chacun ce qui pourrait faire avancer tout le monde.<br /> <br /> <br /> <br /> Mais faut-il avoir peur des réactions si elles sont négatives ? je sais très bien qu'on peut me dire "oui, parce qu'elles se répercuteront sur les enfants". Je l'admets et j'y suis moi-même confronté comme parent. Mais il faut aussi le relativiser ceci. les réactions sont d'abord épidermiques. Si on a affaire à une personne raisonnable et si cela se passe dans la courtoisie, les réactions engagent dans du progrès. Si ce n'est pas le cas, on n'a rien à regretter !<br /> <br /> Tenez-nous au courant.
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L
quel plaisir a chaque fois de lire le mot "épanouissement" dans vos propos (d'instit), çà me permet de continuer à croire que l'école pourrait être différente...pensez vous qu'un tel article est "transférable" sur la boite mail de l'école de mes enfants? en étant confrontez vous même à des "collègues hostiles" face à votre engagement, quelle pourrait-être leur réaction à la lecture de vos échanges?
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