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Le blog de Bernard Collot
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10 avril 2015

Toutes les solutions sont simples, mais c’est arriver à faire simple qui est compliqué !

simplicite

Vous qui me suivez avez compris que rien n’est plus simple que l’apprentissage. Si les processus enclenchés sont complexes, il suffit simplement de permettre cette complexité qui, de toute façon, nous échappe.

Dans tous les domaines, les solutions sont simples et, de plus, semblables. Prenons l’exemple de nos crises. Les causes, tout le monde les connait : entre autres, concurrence, compétitivité, profits, surexploitation (des ressources comme des humains), dictature de la finance (et des financiers), spéculation… macrostructures.

Prenons cette dernière cause, d’actualité sur ce blog avec les classes uniques. Mégapoles, fermes de mille vaches et exploitations agricoles latifundistes, multinationales et systèmes bancaires mondiaux, centrales nucléaires, monopoles sur l’énergie, hyper surfaces commerciales, etc. Leurs conséquences ne peuvent faire l’ombre d’un doute pour personne. La solution est simple : casser, scinder, empêcher, supprimer toutes ces macrostructures ! Oui, mais comme on n’arrive pas à l’envisager du jour au lendemain, personne ne bouge, le mal empire et les petites structures qui devraient faire envie et font la vie, permettent la vie, disparaissent.

Prenons un exemple plus directement dans l’éducation : les programmes. Tous les systèmes éducatifs sont construits à partir d’eux, tous les systèmes éducatifs en souffrent (et surtout les enfants) et n’arrivent pas à trouver LE programme satisfaisant et surtout utile, même chapeauté par un socle commun. La solution est très simple : supprimer les programmes puisque ce sont eux qui embarrassent. Inenvisageable ! Avez-vous entendu le moindre chantre pédagogique, le moindre mouvement, le moindre révolutionnaire, le proposer, et même en parler ? Mais qu’est-ce que les enseignants, les enfants pourraient bien faire s’ils n’avaient pas de programmes ! Irresponsable, dira-t-on. Alors, continuons comme pour tout le reste à nous enfoncer dans l’exponentielle complication qui ne résout rien.

En continuant sur cet exemple, évidemment s’il n’y avait plus de programmes à la rentrée prochaine, on imagine facilement la désorientation générale. Pourtant, si on arrivait à admettre ce qui a été largement prouvé par l’école du 3ème type, le unschooling, il suffirait de déjà dire : les programmes ne sont que des propositions à titre indicatif !

La marche vers la simplicité, c’est la libération progressive des carcans. On se pense protégé, sécurisé par eux, on ne peut s’imaginer sans eux et sans leur respect. Le « qu’est-ce qui va se passer ? » arrête tout. Pour rester dans l’actualité, qu’est-ce qui se passerait si la Grèce envoyait sa dette au diable puisqu’elle ne peut pas la payer ? C’est certain, il se passerait quelque chose, mais comme on ne peut pas le prévoir et qu’on se doute que cela va entraîner quelques bouleversements sans vraiment savoir lesquels, il vaut mieux la maintenir en sachant que cela maintient un peuple dans la misère. Lorsque la Révolution a confisqué les biens du clergé et de la noblesse, aboli les privilèges, cela aurait dû être la catastrophe, et non, cela a été… autre chose, et ce malgré la brutalité du changement. On pourrait s’éviter les brutalités des changements si on détricotait ce dans quoi nous sommes englués.

Pour en rester à l’école, tous les enseignants allant vers une école du 3ème type se libèrent peu à peu eux-mêmes de contraintes qu’ils pensaient sécuritaires avant d’en libérer les enfants. La plupart des familles pratiquant l’IEF commencent par le homescooling (l’école identique à la maison) pour arriver au unschooling. Et tout devient simple, simple à faire, simple à vivre. On peut partir de n’importe quel point, ce n’est pas en alourdissant les systèmes, en cherchant la sophistication de méthodes miracles, que l’on peut passer d’une situation insatisfaisante et difficile à une situation qui est simplement naturelle dans le sens de conforme aux lois du vivant.

Finalement, le problème n’est pas tellement « Quelle école ? Quelle société ? » même si des perspectives, des exemples (et non des modèles) y aident. Il est de se défaire peu à peu, dans la pratique, dans l’immédiat, bribe par bribe, de ce que l’on croit indispensable[1]. La tendance générale est, elle, plutôt à rajouter sans cesse (des lois, des dispositifs savants, des évaluations sophistiquées, des aides qui n’aident pas ceux qui en ont besoin, des activités … jusqu’au moment d’ailleurs où l’on ne sait plus quoi rajouter parce que de toute façon il n’y a plus de place, de temps ni de moyens pour rajouter quoi que ce soit.)

Autrement dit, c’est par éliminations successives des carcans que l’on se donne et qu’on fait subir aux autres ou que l’on subit des autres et d’un Etat qui dit nous représenter et nous servir, qu’un autre horizon s’ouvre. Dans les nombreux éléments de ces carcans, vous avez le choix pour commencer… par ce qui vous parait le plus facile[2] ! À l’école (je conseille même la triche comme nécessité de survie !), dans la vie. Et tout devient simplexe.


 [1] Voir le billet « Monsieur le Ministre, si vous libériez un peu l’école ? »

[2] Exemple… simple : pourquoi s’escrimer à faire mettre les enfants en rang avant de rentrer ? Supprimez ce qui n’est même pas un rituel. Mais alors il va falloir faire un véritable accueil. Vous croyez que cela va vous compliquer la vie ? Certes, quelques jours pour que s’instaure un habitus, que se crée une autre ambiance. Mais ensuite vous avez changé quelque peu la donne, gagné en tranquillité… Peut-être allez-vous pouvoir vous dire « Tiens, mais si au lieu de commencer par une leçon de vocabulaire, j’en profitais pour laisser tout le monde raconter ce que chacun a envie de raconter… et tant pis pour ma leçon, je la supprime ! » Et, d’élimination en élimination au fur et à mesure que les inutilités apparaissent, vous arriverez peut-être… à une école du 3ème type !

Début des années 60, dans les centres de vacances CEMEA, nous avons supprimé l’heure de se lever, de faire son lit, sa toilette et du déjeuner. Plus d’horaire pour rythmer tout cela. C’était tout simple, mais quel bien-être et quelle tranquillité cela a provoqués !

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