Et si l’affaire N. se résolvait par la raison ?
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Ce qui a déclenché cette affaire, ce n’est finalement qu’une bourde de l’administration. Le motif invoqué pour demander puis interdire à N. de revenir dans sa classe, c’était « pour son bien » puis « pour le bien de l’école ». La façon la plus simple pour se débarrasser d’un problème (4 parents) sans penser aux conséquences pour celui qui sert à se débarrasser du problème, sans penser qu’il y avait d’autres parents. Faisons l’hypothèse que c’était avec toutes les bonnes intentions du monde, mais on sait que l’enfer est pavé de bonnes intentions. Le motif invoqué par le Directeur académique lorsqu’il a été interviewé par la radio régionale le vendredi a été « la sécurité des enfants » alors qu’il n’en avait jamais été question auparavant. Il fallait bien qu’il trouve une raison officielle et il devait penser que dès que l’on prononce « sécurité », plus personne n’ose contester ladite insécurité, même si on ne sait pas ce qu’elle est. Bien embarrassant quand il n’y a aucun fait, aucun incident à se mettre sous la dent. Autrement dit, il n’est rien reproché à N. qui pourrait justifier les décisions prises, les menaces de sanctions… ce qui pourrait même être gênant devant un tribunal administratif.
Tout le monde fait des erreurs. Le problème c’est qu’une administration ne reconnaît jamais ses erreurs et préfère s’enferrer, tant pis pour les dégâts, peu importe l’absurdité. Ce n’est pas d’aujourd’hui et ce n’est pas propre à l’Education nationale. Kafka ou Courteline auraient pu s’en délecter. C’est presque le domaine de la psychosociologie ou de la psychanalyse sociale !
Contre cela il faut réagir, à toutes occasions, à cette occasion. Sans réactions, sans réactions massives, la machine administrative continuera à rouler en écrasant tout. Nous sommes l’opinion publique. Faisons-là nous même plutôt que les médias la fassent pour nous.
Tous vos commentaires des précédents billets démontrent qu’au-delà du cas de N. c’est bien tout le problème de l’école qui apparaît dans une « petite affaire locale ». Et ils démontrent que la raison existe ailleurs que dans les sphères de pouvoirs. Paradoxalement, c’est réjouissant, sauf que N. ne peut s’en réjouir… au moins pour l’instant.
Son « affaire » qui est devenue « l’affaire de ses parents d’élèves » est révélatrice. D’abord que ces derniers (nous, vous !), quand ils en ont l’occasion ou quand un événement le provoque, sont capables de raison, sont capables de penser, de s’interroger et d’interroger, de s’exprimer… de s’élever comme citoyens. Ils donnent une leçon démocratique.
Ensuite elle a permis, au moins au niveau local (journal de Gien), de révéler qu’il existe plusieurs approches de l’école, de l’acte éducatif, que ce que l’on peut résumer en pédagogies actives existe, par ci, par là, et que des parents et des enfants en sont satisfaits. Aussi surprenant que cela soit-il, tout le monde l’ignore ! On connaît tout sur les énergies, les médecines, la high-tech… rien sur l’école. Lorsque l’on devient parent d’un enfant allant à l’école (l’élève est lui celui de son prof !), on ne sait rien sur l’école. Nous (nous parce que je suis parent d’élève !) n’avons dans les oreilles ou sous les yeux que les polémiques qui fustigent les soi disant pédagogies modernes en se gardant bien de dire ce qu’elles sont, où elles existent, ce qu’en disent ceux qui peuvent en profiter. Il y aura au moins le secteur de diffusion du journal de Gien (à paraître) qui sera informé… grâce à N. !
Evidemment, qui devrait informer qu’il n’y a pas qu’une approche possible de l’école et des apprentissages, même sans trancher sur ce qui est la bonne ? l’Education nationale, bien sûr ! Mais elle se garde bien de le faire. Pourquoi ? Parce qu’alors il faudrait qu’elle propose un choix à tous les parents ! Parce qu’alors elle ne pourrait pas évaluer uniformément ! Parce que cela remettrait en cause la chaîne industrielle scolaire ! Parce qu’elle ne pourrait plus gérer mathématiquement les cartes scolaires ! Parce qu’il faudrait… qu’elle se refonde elle-même !
Alors N. offre une occasion unique à son inspection académique d’innover (en même temps qu’une porte de sortie !). Elle sait que dans ce RPI il y a une classe où des pratiques différentes ont lieu. Elle sait maintenant ( !) que des parents apprécient et d’autres non. Le contraire d’ailleurs serait anormal.. Quoi de plus facile que, dans ce RPI, il y ait officiellement une classe ou une école en pédagogie différente, d’autres classes en pédagogie traditionnelle. Les parents ont alors le choix, les enfants ne font que descendre à un autre endroit des cars de ramassage ! Tout le monde est satisfait, les 4 parents ne sont même plus stigmatisés, N. retrouve sa place et peut poursuivre son travail, l’administration fait preuve d’intelligence et d’écoute et, cerise sur le gâteau, peut même se prévaloir d’être innovante en une période où son ministère lance cet appel. Et la paix est retrouvée, on peut même penser que les dynamiques locales et citoyennes auront été enrichies.
C’est trop simple ?
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